Tous les chemins menaient à Ighil Imoula, d'où tout était parti, un certain 31 octobre 1954. En effet, ils sont venus de partout rendre un dernier hommage à Ali Zaâmoum, le héros qui, la vingtaine à peine entamée, avait, en compagnie de quelques amis, tiré puis diffusé la proclamation du 1er Novembre 1954 dans son domicile, perché sur les hauteurs des Ouadhias. Depuis, l'appellation de l'homme à la ronéo, ne le quitta plus. ainsi, Ali Zaâmoum est parti comme il a toujours vécu, dans la discrétion et au milieu des siens. Les feux de la rampe et les honneurs n'ont jamais tenté le compagnon de Krim ; il consacrait une bonne partie de sa vie à aider le petit peuple, au sein de son association Tagmats. Cela étant, Ali Zaâmoum, décédé samedi dernier à Paris, à l'âge de 71 ans, a eu droit à des obsèques dignes de son rang. Beaucoup de personnalités étaient présentes, jeudi dernier, à Ighil Imoula. Ainsi, le ministre des Moudjahidine, M.Chérif Abbès, le ministre de la Solidarité nationale, M.Djamel Ould Abbès, le général Mohamed Touati, Rédha Malek, Mouloud Hamrouche, Mustapha Bouhadef (FFS), Ferhat Mehenni (MAK), le wali de Tizi Ouzou, d'anciens moudjahidine de la wilaya III et de la fédération de France, des représentants des partis politiques et de la société civile, des délégués des archs, Nna Aldjia, la mère de Matoub, des artistes à l'image d'Aït Menguellat ainsi que beaucoup de citoyens anonymes ont arpenté le chemin qui monte de Tizi N'tlata à Ighil Imoula pour honorer la mémoire de l'un des plus célèbres fils de la Toussaint. Paré de noir, Ighil Imoula accueillait mercredi, la dépouille mortelle du moudjahid enveloppée de l'emblème national. Sur la placette du village, une exposition était dédiée à Mohamed Zaâmoum, alias le colonel Si Salah, frère aîné du défunt, un autre héros en somme méconnu ou très peu connu et dont la rencontre avec De Gaulle en 1960 reste l'un des pans les plus mystérieux de la révolution nationale. A 13 heures et sous un soleil de plomb, l'ambulance de l'association Tagmats (don du CHU de Grenoble à Ali Zaâmoum), précéda le cortège funèbre. Une foule impressionnante suivait derrière. La procession humaine dans un silence religieux parvint au bout d'une heure de marche au carré des martyrs de Tizi N'tlata qui fait curieusement face à la sinistre SAS, aujourd'hui en ruine. La prière des morts fut observée sur place. Avant d'ensevelir le corps du moudjahid Ali Zaâmoum, son neveu, le fils du colonel Si Salah, lira l'oraison funèbre où il rappellera l'itinéraire et le combat de son oncle. L'enterrement fut un moment douloureux et émouvant. Les troupes de l'ANP exécutèrent la salve d'honneur entrecoupées de youyous. Le devoir de mémoire accompli, la foule se dispersa dans le calme tout en ayant une pensée à l'homme à la ronéo. A signaler que le cortège ministériel fut chahuté par des délégués des archs, avant que ces derniers ne soient rappelés à l'ordre par les villageois qui leur ont signifié que ni le moment ni l'endroit n'étaient choisis pour ce genre d'incartade.