La population des différentes localités de Béjaïa s'est réveillée, hier, avec de nombreuses interrogations sur ses lendemains. Où allons-nous? Quelle sera l'issue du mouvement? Et maintenant, que faire? Telles sont les questions pertinentes qui reviennent dans toutes les discussions: dans les bus, les cafés, la rue et même dans les foyers quant à la grande manifestation populaire d'Ifri-Ouzellaguen. Ces préoccupations, somme toute légitimes et très partagées, sont dues, selon les citoyens que nous avons abordés à l'entêtement des uns et des autres à maintenir le statu quo. Le pouvoir, par son mutisme face aux légitimes revendications des jeunes, et les ârchs, qui tardent à trouver une sortie honorable, sont partie prenante du combat. La recherche d'une alternative paraît être le souci principal des jeunes et moins jeunes car aujourd'hui, ils sont convaincus que cela ne peut plus durer à la veille de la rentrée sociale d'ores et déjà appréhendée. En effet, hier, à Béjaïa, l'événement de la veille était sur toutes les lèvres. Si tout le monde s'accorde à dire que c'est un véritable succès, il n'en demeure pas moins qu'il a un goût d'inachevé. La visite à laquelle les ârchs ont opposé un fin de non-recevoir aurait pu être, pour bon nombre de citoyens, une occasion de désamorcer la «bombe». La formidable mobilisation de citoyens constatée à l'occasion de ce 45e anniversaire du Congrès de la Soummam apparaît aussi comme un signe aux ârchs auxquels il est reproché essentiellement le retard pris dans la recherche des voies et moyens de sortie de l'impasse. Une inquiétude qui semble, apparemment, être prise en compte par la coordination interwilayas sur insistance de la coordination de Béjaïa à inscrire, lors du prochain conclave qui aura lieu à Bouira, le point relatif aux perspectives du mouvement. De son côté, le pouvoir, qui tente de nouer un contact avec les animateurs du mouvement, n'est pas épargné par la critique, en ce sens que les canaux utilisés, à savoir des personnes fortement décriées dans la région, sont une maladresse. La plate-forme de revendications d'El-Kseur paraît aussi, pour les plus avertis, en elle-même une impasse, car contenant des points qui ne pourraient être acceptés par un Etat digne de ce nom. Les citoyens nous citeront souvent la revendication portant sur le retrait des brigades de gendarmerie pour illustrer leurs dires, d'où la nécessité, pour une majeure partie de l'opinion, de sa révision. Les commerçants sont les plus mécontents de cette situation qui perdure. Tous se plaignent d'une saison sèche. Leur activité n'a jamais atteint un niveau aussi bas. Pour revenir à la coordination intercommunale de Béjaïa, dont la situation n'est pas aussi reluisante qu'on le croit, des tiraillements entre les animateurs ne tarderont pas à voir le jour. La méfiance qui caractérise leurs relations est, à ce titre, un signe de discordance. La tenue d'une conférence de presse par Ali Gherbi à la veille de la marche du 20 Août lui a valu une énième remise à l'ordre d'autant plus qu'un quotidien l'avait présenté, comme président de l'intercommunale de Béjaïa. Entre le silence du pouvoir et ses maladresses dans les tentatives d'enclencher un dialogue et la persistance des ârchs à ne remettre la plate-forme de revendications qu'après une manifestation grandiose, l'opinion publique reste sceptique sur un éventuel dénouement. Ce qui rend la situation encore plus inquiétante, ce sont les menaces de radicalisation du mouvement qu'avancent certains animateurs à la veille de la rentrée sociale.