Malgré toutes les appréhensions suscitées, notamment par les retards des préparatifs, ce pays a su relever le défi. Au revoir Athènes, bonjour Pékin. Les jeux Olympiques de 2004 ont fermé leurs portes, celles de 2008 se profilent à l´horizon. La fête a été grande dimanche dernier au stade olympique de la capitale grecque pour clôturer les jeux de la 28e olympiade. Des jeux réussis en dépit de toutes les appréhensions formulées à leur encontre bien avant qu´ils ne prennent leur départ. La Grèce d´une manière générale, Athènes en particulier, avaient été les cibles de critiques et de mises en garde, certains pays n´hésitant pas, par presse interposée, à douter de la capacité des Hellènes à organiser un événement sportif d´une telle envergure. On y est allé d´abord en lançant des flèches sur les sites des compétitions dont on disait qu´ils ne seraient jamais prêts le jour J. La Grèce, c´est vrai, a connu de multiples difficultés mais elle a toujours maintenu le discours de la confiance. "Tout sera prêt au moment voulu", disaient-ils. Tout l´était effectivement le 13 août, lorsque a eu lieu la cérémonie d´ouverture de ces jeux. On a axé ses discours et écrits, ensuite, sur le problème sécuritaire. Le souvenir du 11 septembre 2001 était encore vivace. Le spectre du terrorisme international était une menace plus que réelle. De multiples sites de compétitions, des milliers de spectateurs au nombre desquels les étrangers, près de 12 000 athlètes de 202 nations (l´ONU n´en rassemble pas autant), près de 6 000 journalistes, des chefs d´Etat et des têtes couronnées par dizaines. L´aspect sécuritaire jouait un rôle primordial lors de cette 28e olympiade. Et les Grecs ont vu les choses en grand, consacrant un budget faramineux sur ce plan. Force est de reconnaître qu´ils ont pleinement réussi dans leur entreprise puisque ces jeux se sont déroulés sans anicroche sur le plan sécuritaire. Bien sûr, il s´en trouvera ceux qui estiment qu´ils en ont fait un peu trop, mais est-ce exagéré d´être soumis au contrôle par scanner à l´entrée de chaque site lorsqu´on connaît la puissance et la nuisance du terrorisme international? Dans le contexte actuel, mieux vaut s´entourer d´un maximum de précautions. Maintenant, il est vrai qu´il y a eu quelques grincements ici et là, notamment dans la ponctualité du transport de la presse mais dans une telle entreprise d´organisation, il fallait s´attendre à quelques dérapages. En tous les cas, les Grecs ont reçu leur part de félicitations en particulier du président du CIO, M.Jacques Rogge, qui les a remerciés pour avoir organisé un si grand événement. Dès la grandiose cérémonie d´ouverture, la Grèce avait donné le ton. A la clôture, elle a confirmé que le CIO a eu bien raison de lui confier l´organisation de ces jeux qui, en fait, retrouvaient dans le pays qui les avaient vus naître 490 ans avant-Jésus-Christ. Le meilleur hommage est venu de la France, candidate pour l´organisation des jeux de 2012. La France qui fait partie des six pays les plus riches de la planète, l´un des plus avancés sur le plan de la technologie. Le maire de Paris (la ville candidate pour 2012) et le président du comité de candidature ne tarissaient pas d´éloges sur les Grecs. "Ce qu´ils ont fait est extraordinaire, ont-ils dit. Il n´est pas interdit de prendre exemple sur autrui pour s´imposer. C´est ce que nous allons faire en nous imprégnant de l´exemple des Grecs". La Grèce, mise sous surveillance par l´Union européenne pour avoir investi un budget colossal dans l´organisation de cet événement planétaire, sort ses premières estimations post-jeux. Alpha-Bank, la première banque privée du pays, indique, dans un bulletin économique, que le bénéfice économique des jeux, en terme d´augmentation du PIB, pendant la période 2000-2004, est de l´ordre de 9 milliards d´euros. Ce chiffre, selon le bulletin, peut être évalué au niveau des 25 milliards d´euros pendant toute la période 2000-2008. Le texte ajoute: "Les retombées favorables des jeux Olympiques ne vont pas s´arrêter à 2008 ou 2010, mais vont se poursuivre les années suivantes à condition que les entreprises grecques exploitent les avantages immenses offerts par la promotion unique du pays et de ses produits sur le marché mondial". Pays à vocation touristique, la Grèce va, certainement, connaître un essor sur ce plan, les jeux ayant été un vecteur de promotion inégalable. Et puis, il y a les réalisations dont bénéficiera avant tout sa population, toutes ces infrastructures sportives, routières, autoroutières, ferroviaires et aéroportuaires dont la Grèce peut s´enorgueillir de posséder aujourd´hui. Sur le plan sportif, ces jeux n´ont, il est vrai, pas été marqués par des exploits grandioses. Il y a cependant un élément de taille qui est intervenu, à savoir, la lutte contre le dopage qui ne s´est jamais accentuée comme ces derniers temps. Ce n´est pas pour rien, que plus d´une dizaine d´athlètes convaincus de dopage ont été exclus des jeux. Plus les années passent et plus l´étau se resserre. Au final, comme prévu, ce sont les Etats-Unis d´Amérique qui ont décroché la première place au tableau des médailles devant la Chine et la Russie. Les Chinois ont mis la barre très haut et indiquent, qu´en 2008, tous les podiums seront rouges. Un pronostic difficilement réalisable, car il existe encore de nombreuses spécialités où les Chinois accusent un retard important. S´il y avait des héros de ces jeux, on citerait le nageur américain Michael Phelps venu à Athènes pour battre le record de 7 médailles d´or détenu par son compatriote Mark Spitz (Munich 1972) mais qui retourna chez lui avec 5 médailles d´or et 2 de bronze, ce qui n´est pas rien. La natation s´est, par ailleurs, distinguée par la chute de 8 records du monde et de 19 records olympiques. L´autre discipline, reine des jeux d´athlétisme, n´aura été marquée que par le record du monde de la perche féminine réalisé par la Russe Isinbayeva. Mais elle a eu ses héros à commencer par le Marocain El-Guerrouj, médaillé d´or du 1500 m, et du 5000 m, une prouesse jamais égalée depuis le Finlandais Nurmi aux jeux de Paris en 1924. On citera également la Britannique Kelly Holmes, tombeuse de la grande Marie Mutola sur le 800 m et qui a récidivé sur le 1500 m. Autre multi-médaillée, la gymnaste roumaine, Catalyna Ponor qui a remporté 3 médailles d´or, une par équipe et 2 en individuel. Et puis, il y a les déceptions à l´image de l´Américaine Marion Jones, ex-star de l´athlétisme, alignée sur la longueur et sur 4x100 m et qui n´a rien remporté. Mais les jeux sont fait de joie et de tristesse, "l´essentiel étant d´y participer", comme l´affirmait celui qui les a rénovés, le baron Pierre de Coubertin. Dans 4 ans, à Pékin, l´élite du sport universel saura, une nouvelle fois, répondre à ce voeu.