Le document de la Gendarmerie nationale fait la lumière sur un trafic qui concerne les drogues dures. Le trafic de drogue en Algérie, «demeure un problème très important de santé et de sécurité publiques», constatent les services de la Gendarmerie nationale dans un communiqué parvenu à notre rédaction. En matière d'intervention, le tableau brossé par la même institution fait ressortir une «évolution constante des saisies», notamment durant les dix dernières années. En termes de chiffres, l'on apprend que plus de 24 millions de kg de kif ont été saisis entre 1994 et 2003. Dans le détail, les chiffres confirment une tendance à la hausse des saisies, et par conséquent du trafic et de la consommation. En effet, en 1994, les services de lutte contre le trafic de drogue ont saisi 468,67 kg. Cinq ans après, soit en 1999, le chiffre a atteint un seuil «alarmant», soit près de 2000 kg. Les statistiques de l'année dernière mettent en évidence une progression exponentielle du phénomène. Et pour cause, près de 4000 kg ont fait l'objet de saisie de la part des services de la Gendarmerie nationale. Les conclusions d'une enquête, diligentée par la Gendarmerie nationale, font ressortir le fait que l'Algérie n'est plus une «zone de transit uniquement». Le pays se transforme «progressivement en un marché de commercialisation et de consommation de drogue» douce. Cela dit, le document de la Gendarmerie nationale fait la lumière sur un trafic, encore plus dangereux, puisqu'il concerne les drogues dures. En effet, l'enquête a révélé que de véritables réseaux de trafic de cocaïne existe en Afrique du Nord. En effet, si la menace provient essentiellement des pays voisins et africains, a-t-on précisé, des trafiquants colombiens jouissent de connexions constantes et permanentes avec leurs compatriotes et autres, installés en Espagne, mais disposant aussi de contacts avec des réseaux établis en Afrique du Nord et en Afrique de l'Ouest. Les statistiques indiquent également que le nombre d'affaires traitées et le nombre de personnes impliquées, «ne cessent de croître» et ce, depuis 1994. Pour preuve, en 1994 le recensement évoque le traitement de 432 affaires entraînant l'interpellation de 776 personnes dont 151 libérées et 625 écrouées, alors qu'en 2003, ces chiffres étaient de l'ordre de 1810, impliquant 2863 personnes dont 2095 incarcérées. Les mêmes chiffres relèvent par ailleurs que 64% des personnes arrêtées pour détention et usage de stupéfiants sont âgées de moins de 28 ans. Notons que 49% du total des personnes incarcérées sont sans profession. Cela dit, les pratiques de consommation de drogue se sont «profondément transformées, notamment chez les jeunes où l'on assiste à une banalisation du cannabis et les effets de la polyconsommation», constate le document. Pour ce qui est du premier semestre de l'année en cours, le nombre des affaires constatées s'est élevé à 13838. Quant au nombre des personnes arrêtées, celui-ci est de l'ordre de 17063 personnes du sexe masculin contre 667 du sexe féminin. 11085 du total des personnes impliquées ont été écrouées tandis que 6 645 autres sont provisoirement détenues. Le même constat démontre que les jeunes chômeurs âgés entre 19 et 28 ans sont les plus exposés au danger. Les grandes métropoles à l'instar d'Alger et Oran constituent «indiscutablement» les milieux les plus marqués par le phénomène. A titre illustratif, la wilaya d'Alger a enregistré durant le premier semestre 2004, 165 crimes et 931 délits. Quant à la capitale de l'Ouest, la Gendarmerie nationale a constaté 178 crimes et 1122 délits.