img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P150312-22.jpg" alt="Louisa Hanoune: "C'est une mascarade!"" / La question de la femme fait débat. Louisa Hanoune, en bonne féministe, ne fait pas que donner un point de vue. Elle propose, mais elle attaque. L'enjeu est de taille. Louisa Hanoune s'est attaquée, au cours d'une conférence de presse qu'elle a organisée hier au siège de son parti, aussi bien au pouvoir qu'aux islamistes. Elle a en effet trouvé l'appel de Bouteflika à amender le Code de la famille et supprimer le recours au khol', incompréhensible, voire inacceptable. «Il y a très peu de cas de khol' alors que l'argument du Président était que le khol' a contribué à l'augmentation phénoménale des cas de divorce dans le pays. C'est faux. Le Président est mal informé», a-t-elle déclaré. De plus, tout en appelant à l'abrogation pure et simple du Code de la famille ou «de l'infamie» comme diraient certains, elle a rappelé que celui-ci, en consacrant la «minorité» de la femme, s'inscrit en porte-à-faux avec «la Constitution qui consacre solennellement l'égalité homme-femme». «Le Code de la famille a institutionnalisé la répression de la femme en en faisant une citoyenne de second degré,» a-t-elle martelé. En gros, il ressort de ses propos que les lois qui visent à promouvoir la femme et à permettre son émancipation n'ont aucun sens dans la mesure où le Code de la famille reste le principal obstacle à l'émancipation de celle-ci. «Les lois algériennes sont toutes inspirées de la modernité, excepté celles relatives à la femme et à la famille. Cette duplicité du pouvoir s'explique par sa nature non démocratique. Il est temps de séparer la religion de la politique», a recommandé Louisa Hanoune, d'un ton résolu.Dans le même sillage, la patronne du PT a rappelé l'abstention des députés de son parti lors du vote de la loi portant amendement du Code pénal et visant, selon ses promoteurs, à protéger contre la violence exercée à l'encontre des femmes en expliquant que la position du PT repose sur une ferme volonté de protéger la femme «concrètement» et non pas «virtuellement». «Le texte est bien intentionné peut-être mais toutes les mesures coercitives qu'il contient sont de fait rendues caduques par celle autorisant le recours, sans conditions, au pardon. On n'a même pas parlé des cas de récidive. Même quand une femme perd son foetus à la suite d'une violence, la mesure portant pardon reste applicable. C'est une mascarade. A quoi sert donc une loi qui protège la femme contre la violence si le pardon reste un recours ouvert sans conditions?», s'insurge Hanoune. «Ils se moquent de nous. Cette loi légalise la violence contre les femmes car, dans la réalité, très peu de femmes sont en mesure de résister à la pression de leur entourage. Même le ministre a reconnu que nos propositions d'amendements étaient pertinentes mais, que voulez-vous, la décision était prise et même pas une virgule n'a été changée.» Interrogée par nos soins sur les réactions des islamistes qui ont accusé ouvertement le gouvernement d'exécuter des agendas étrangers, Louisa Hanoune a tout simplement traité de «ridicules» ces derniers qui, gage-t-elle, peuvent peut-être un jour changer de «comportement», mais jamais de «mentalité». Mme Hanoune a également rappelé, dans le même sillage, que la Fête de la femme était, au départ, initiée par le monde du travail et a regretté que cette journée soit noyée dans le folklore. «Aujourd'hui, le combat des femmes est cassé», a-t-elle constaté non son tirer à boulets rouges sur ceux qui, selon elle, «programment» ses régressions mais sans les nommer. «J'ai lu dans la presse qu'un groupe de femmes a proposé l'institution d'une journée nationale de la femme et a proposé à cet effet la date du 12 janvier. Cette proposition est doublement dangereuse, d'abord parce qu'elle vise à effacer la fête du Nouvel An berbère, Yennayer, qui coïncide avec cette date et dont l'officialisation est revendiquée par de très larges pans de la société, ensuite parce qu'elle vise à isoler la femme algérienne du reste du monde.» Par ailleurs, commentant l'actualité politique, Louisa Hanoune a rappelé qu'elle n'avait aucun problème personnel avec Saâdani et que celui-ci, en s'attaquant à elle et au PT, «ne fait qu'exécuter les ordres d'une oligarchie» que ses positions politiques dérangent, allusion faite, sans doute, au patron de l'Etrhb avec lequel elle n'est visiblement pas en odeur de sainteté. A retenir aussi qu'un appel pressant a été lancé aux démocrates par Louisa Hanoune qui exhorte ces derniers à se mobiliser pour défendre la femme algérienne que la machine législative algérienne veut, selon elle, désarmer juridiquement et livrer, pieds et poings liés, aux violences les plus débridées. «Il faut que les démocrates se mobilisent», a insisté la porte-parole du Parti des travailleurs.