Mme Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a proposé hier «de faire participer le peuple» au processus de réformes, notamment en ce qui concerne la révision constitutionnelle, en lui donnant l'occasion d'«exprimer ses inspirations et ses idées» sur le projet. Louisa Hanoune a posé devant la commission de concertation sur les réformes politiques cette condition : «pour éviter l'organisation d'un référendum sur la révision constitutionnelle». Pour elle, cette concertation ne doit pas être restreinte aux partis politiques uniquement «pour qu'ils ne prétendent pas détenir la légitimité populaire». «Il faut faire participer le peuple à travers l'ouverture d'un débat national à travers tous les médias afin que les gens expriment leurs points de vue et enrichissent le débat», a-t-elle indiqué à la presse à sa sortie de l'audience avec la commission dirigée par Abdelkader Bensalah au siège de la Présidence. Mme Hanoune affirme qu'elle partage le même avis que le président de la République qui a ajourné la révision constitutionnelle après les prochaines élections législatives. Une mesure qui ne règle pas le problème des prochaines échéances politiques de façon définitive vu les nombreuses contradictions pouvant surgir. «L'institution législative actuelle n'a pas les compétences et la légitimité nécessaires pour amender la Constitution. Je garde la même réserve pour les autres textes de lois concernés par les réformes. Le même parlement ne peut pas élaborer les autres lois au risque d'avoir des contradictions avec la loi suprême du pays», a-t-elle ajouté en appelant à geler toutes les lois qui présentent une contradiction avec la Constitution dont le code de la famille et la loi sur la Sécurité sociale, récemment adoptée par le Parlement. Louisa Hanoune propose d'organiser des élections législatives anticipées avant la fin 2011 et d'installer un nouveau parlement basé sur «une démocratisation du système politique». Elle souligne que la réforme et le changement du système politique doivent se faire à travers la réactivation des lois et l'instauration des droits et des libertés dans les textes. «C'est pour cela que la priorité doit être accordée à l'instauration de la démocratie avant d'aborder les autres problèmes», a-t-elle indiqué. Elle est favorable au régime parlementaire et a proposé de mettre en place des mécanismes de contrôle législatif sur l'instance exécutive et un arbitrage. La réforme constitutionnelle doit, selon Mme Hanoune, élargir la possibilité de saisir le conseil constitutionnel, le parlement, les partis et les syndicats pour faire des recours sur la non constitutionnalité d'une loi ou d'une décision, la suppression de la peine de mort et l'institution d'un secrétariat d'Etat chargé de la langue amazighe, de la promotion de l'égalité des droits et de la citoyenneté, la protection des droits de l'homme et des catégories atteintes, ainsi qu'un ministère de la planification. «Ce sont les opinions que nous avons exprimées en toute liberté et sérénité à la commission qui va les transmettre au chef de l'Etat et au gouvernement afin de faciliter le travail», a-t-elle ajouté. A propos des autres propositions émises par le Parti des travailleurs, conformes à la lettre transmise par ce parti au chef de l'Etat en 2006, Mme Hanoune a affirmé qu'elle a transmis un document comportant des contributions dans les sept chapitres. Outre la révision de la Constitution, le Parti des travailleurs plaide pour l'indépendance de la justice. Nécessité de réformer la loi éléctorale L'introduction et l'intensification du contrôle des partis politiques depuis le début jusqu'à la fin de l'opération électorale en remplacement de l'intervention de l'administration est l'autre suggestion formulée par le PT pour réformer la loi électorale. Mme Hanoune a évoqué le respect de la législature et la protection du parlement du pouvoir de l'argent. Dans la loi sur les partis, elle a appelé à la délivrance des agréments aux partis politiques et à autoriser les marches et autres manifestations pacifiques dans la mesure où les raisons de la répression exercée sur les formations politiques sont levées. Le PT est favorable au principe de l'attribution des quotas aux femmes qu'«il faut protéger davantage à travers l'amendement du code de la famille, l'amélioration des conditions de travail et la dénonciation du harcèlement sexuel», a-t-elle souligné. Concernant le code de wilaya, la chef du PT est intransigeante. «Ça doit se faire dans le cadre de l'amendement constitutionnel, ce n'est ni le gouvernement ni une autre institution qui peut faire ce travail».