la réalité de l'émigration, la survie et l'espoir...à l'écran. «C'est un film libre et indépendant. On a voulu me dicter ce que je devais faire. J'ai présenté mon scénario en 4 exemplaires. On m'a écarté de l'Année de l'Algérie en France». Le ton est donné. C'est en ces termes amers que s'est prononcé Mohamed Ourdache lors de la présentation, avant-hier, de son premier film en tant que réalisateur. Un court-métrage de 17 minutes intitulé Sid Ali à Paris. C'est l'histoire d'un jeune Algérien qui débarque en France via l'Espagne, en quête d'amour et d'évasion. Son séjour est très court. Le visa expire, il est intercepté par la police qui l'emmène au commissariat... Au cours de sa courte «pérégrination» à Paris, il retrouve ses deux amis et fait la connaissance d'une Française (Stéphanie Cosserat), l'idylle tourne court car Sid Ali alias Badis Foudala, voit tout s'arrêter pour lui brusquement. La soif d'évasion, l'enchantement, «l'érotisme», les soirées chaâbies en plein banlieue parisienne, tout ça part en fumée. Des ingrédients essentiels qui font rêver tout Algérien avec en tête, l'espoir de s'en sortir. Mais l'émigration n'est pas toujours rose. C'est la réalité. Et le réalisateur le montre bien. La précarité de la vie là-bas les laisse stoïques. «Il y a des Français qui dorment dans la rue. On les appelle les SDF». Le bonheur est loin d'être acquis. Hormis la pertinence du sujet, quoique un peu rabâché, le documentaire pèche au niveau des dialogues. «Le film véhicule toute l'Algérie avec le ras-le-bol, la corruption...On peut dire que c'est un film un peu engagé», affirme le réalisateur Mohamed Ourdache. Produit par Scoop Picture, ce film a été financé par un mécène, Abdelkader Mazouni, qui a voulu apporter son aide à la promotion cinématographique en Algérie par amour pour l'art, nous dit-on. Pour la réalisation de ce film, Mohamed Ourdache a bénéficié de l'aide de Merzak Allouache, «grand cinéaste avec qui j'ai déjà joué dans Bab El Oued City en 1994, dans Salut cousin ! en 1996, Malade de la tête en 2000 et Bab El Web, son dernier film». En effet, ne se laissant pas abattre, le comédien au riche CV s'est battu pour aller jusqu'au bout de son idée et la voir enfin sur écran. Diplômé du Conservatoire d'Alger et possédant un Deug en langue et civilisation à la Sorbonne Paris III, Mohamed Ourdache jouera au théâtre en 1989 dans la pièce Nous sommes tous biennes et en 1995 à Paris dans L'Algérie va mieux, avant de se lancer dans les longs-métrages où il interprétera différents rôles, notamment avec M. Zemmouri dans Beur et margarine en 2003, Viva l'Aldjérie de Nadir Moknache la même année, Vivre me tue de J. Sennapi en 2002 en France, L'homme idéal de X. Gélin. Mohamed Ourdache jouera également pour la télévision dans de nombreux téléfilms. On peut citer: Le porteur de cartable de C. Huppert et Les avocats de P. Triboit pour France 2, La solitude du manger, L'intégrisme, Boîte à chik de Merzak Allouache, Le destin de Djamel Fezzaz et bien d'autres. Il a été assistant du réalisateur dans Salut cousin, L'intégrisme de Hollywood à Tam. Avec Sid Ali à Paris, c'est lui, cette fois, qui se retrouve derrière la caméra avec l'espoir que ce ne sera pas la dernière.