Avec l'élection de Netanyahu l'idée d'un Etat palestinien est enterrée «Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil.» Ecclésiaste 1 Ce qui était prévisible est arrivé pour la quatrième fois: Benyamin Netanyahu va présider aux destinées d'Israël en s'alliant aux parties extrémistes, notamment celui d'Israël Beitanou ((Israël notre maison) d'Avigdor Lieberman Lithuanien de naissance et qui a déclaré récemment qu'il faut éliminer les Arabes israéliens reprenant la rhétorique de Daesh. Les Palestiniens plus atomisés que jamais avec un leader totalement dépassé et qui s'accroche encore aux velléités de traduire Israël devant la Cour pénale internationale sont au désespoir. De l'autre côté à Ghaza, plus que jamais asphyxiée, le Hamas prend en otage les Ghazaouis qui attendent toujours l'argent promis pour la reconstruction. Même les salaires ont été bloqués par Israël qui les distille au compte-gouttes. Deux Israël face à face La veille du scrutin, Netanyahu abat sa dernière carte, s'il est réélu il promet qu'il n'y aura pas d'Etat palestinien. Le message politique de Netanyahu se résume en deux phrases, c'est moi ou le néant. Les différents acteurs sont toujours les mêmes, une droite et une gauche réunies dans le même mépris des Palestiniens. On dit que la coalition:-l'Union sioniste- Tsipi Livni et Ytzhak Herzog, récemment mis, en oeuvre aurait le vent en poupe. Qu'en est il exactement? «Ce sont, écrit Aude Marcovitch, deux Israël qui sont face à face.(...)Dimanche soir, ce sont lesdits religieux qui ont rempli à leur tour la place, à l'appel de la droite. Une majorité de familles, beaucoup de jeunes adolescents, kippa au vent, venus par cars entiers depuis les colonies soutenir le leader du Likoud. (...) Au micro, le Premier ministre a agité une fois encore le chiffon de la peur si d'aventure la gauche arrivait au pouvoir (...) Le ministre de l'Industrie, Naftali Bennett (Foyer juif, ultranationaliste religieux), a déployé son charisme pour faire vibrer la foule, évoqué son credo, «le peuple d'Israël, la terre d'Israël, la Torah d'Israël» pour marteler qu'aucune terre ne serait rendue aux Arabes - «on ne peut pas coloniser sa propre terre». (1) «Pour la première fois depuis longtemps, ces législatives s'accompagnent d'une grande inconnue sur le score final. Mené aux voix dans les sondages par l'Union sioniste (centre gauche), le Likoud et son leader Benyamin Nétanyahou sentent souffler le vent du boulet. A l'inverse, l'Union sioniste a fait du remplacement de Bibi, le centre de sa campagne. Récemment, plusieurs personnalités israéliennes ont annoncé leur volonté de voter pour le changement incarné par l'Union sioniste: l'ex-président Shimon Pérès, l'ancien chef du Shin Beth (le renseignement intérieur) Yuval Diskin et celui du Mossad Meïr Dagan.» (1) «Une défaite de la droite, veulent croire les partisans de la paix avec les Palestiniens, offrirait enfin un filet d'espoir pour relancer les négociations. Au total, 5 881 696 électeurs sont invités à désigner leurs futurs 120 députés à la Knesset. Tout est parti de la dissolution de la 19e Knesset le 8 décembre 2014. Nethanyahu voulant une majorité plus confortable a convoqué des élections législatives anticipées. «L'absence de cohésion idéologique serait devenue ingérable. Elle est apparue au grand jour en novembre 2014 lors des débats sur un projet de loi controversé, définissant Israël comme un Etat juif. (...)» «Benyamin Nétanyahou poursuit Aude Marcovitch, n'a formulé aucune proposition, aucune idée nouvelle pendant la campagne, se contentant de prétendre au titre de garant unique de la sécurité nationale. (...) Comme à son habitude, le chef du gouvernement a utilisé l'instrument de la peur pour dissuader les électeurs de voter pour l'opposition. Cet extrait d'un post publié le 13 mars sur sa page Facebook donne une idée de la tonalité de ses discours. «Ces organisations étrangères comprennent que la seule chose empêchant un retrait aux frontières de 1967, la division de Jérusalem, l'établissement d'un ́ ́Hamastan B ́ ́ sur les collines au-dessus de Tel-Aviv, de l'aéroport Ben-Gourion et de l'ensemble d'Israël, et l'acception d'un Iran nucléaire, c'est un gouvernement Likoud.» Mais ce chantage à la sécurité nationale ne semble plus fonctionner auprès d'une majorité d'électeurs(1). «Quant à Meretz, il est victime à la fois de la quasi-disparition du «camp de la paix», provoquée par la lassitude de négociations stériles avec les Palestiniens, et du réalisme de nombreux électeurs. Mus par le rejet de Nétanyahou, ils cherchent l'efficacité en votant, sans enthousiasme, pour le duo Herzog-Livni, à la tête de l'Union sioniste. (...) Les petites formations ultra-orthodoxes et le Foyer juif de Naftali Bennett espèrent attirer son aile radicale. Au contraire, les déçus plus modérés du Likoud pourraient être séduits par une nouvelle formation, Koulanou, lancée par un ancien ministre de M.Nétanyahou, Moshe Kahlon. (...)» (2) Il faudra réunir 61 sièges sur 120. L'affaire est extrêmement complexe, en raison de l'affaiblissement continu depuis trente ans des deux piliers historiques de la politique israélienne, les travaillistes et le Likoud. (;..) Le président Reuven Rivlin a d'ailleurs fait appel à la mise en place d'un gouvernement de coalition ce dont ne veut pas Benyamin Netanyahou qui a annoncé sur sa page Facebook sa victoire et qui a commencé ses consutlations avec les parties d'extrême droite Moshe Kahlon, le président de Koulanou, apparaît comme «le faiseur de rois «de ces élections (avec 9 ou 10 sièges). Zehava Gal-On, la chef du parti Meretz, à la gauche des travaillistes, appelle Moshe Kahlon à se rallier au centre gauche pour la formation d'une coalition. Il refuse si le parti arabe en fait partie. Que pèsent les Arabes israéliens? L'autre force qui devrait peser est la Liste unie des partis arabes. Pour la première fois, les quatre petits partis arabes ont pu se féderer et présenter une liste unique «Pour la première fois de l'histoire, ces formations ont surmonté leurs ambitions et leurs divergences idéologiques. C'est la peur de ne pas franchir la nouvelle barre de 3,25%, indispensable pour entrer à la Knesset, qui les a motivés. En cas de forte mobilisation chez les Arabes israéliens (20% de la population), ils pourraient atteindre jusqu'à 14 sièges, selon les sondages. (...) Justement, les dernières estimations leur donnent 13 sièges. en troisème position. Quelles sont leurs revendications? Il faut bien en convenir, le sort des Palestiniens de Cis-jordanie et de Ghaza ne les intéresse pas outre mesure, c'est surtout leur situation sociale et la réalité de leur place dans une société israélienne d'apartheid où le taux de chomage, les emplois bas de gamme, sont leur lot. Les disciminations sont importantes aussi pour les falashas pourtant juifs... On le voit, le drame des autres Palestiniens n'est pas une préoccupation majeure pour ces Arabes israéliens qui rentrent dans le moule d'une société qui ne leur fait pas de classe. Une sorte de colonisation in situ. Benyamin Netanyahu, enfermé dans ses certitudes Tout le message politique de Netanyahu conforté par son voyage aux Etats-Unis où invité par le Sénat sans l'accord de la Maison-Blanche; pour la première fois dans l'histoire des Etats-Unis, un chef d'Etat étranger vient aux Etats-Unis et ne rencontre pas le président, il s'est permis de faire la leçon au président en tentant par tous les moyens de torpiller l'éventuel accord sur le nucléaire iranien. «En fait, son acharnement écrit Piotr Smolar résume bien l'offre limitée qu'il propose aux électeurs pour obtenir un quatrième mandat: c'est moi ou le néant, comprendre la gauche. La gauche qui abandonnera vos enfants, vendra vos meubles et détruira les fondations de la maison Israël. La gauche, meilleur ennemi de «Bibi» depuis vingt-deux ans et sa prise de contrôle du Likoud. En décidant de saborder son gouvernement en décembre 2014,. (...) Malgré son expérience, son opportunisme et la domination idéologique de la droite, il n'est plus capable de surprendre. Ses atouts sont devenus ses travers. Lui qui avait dynamité les codes de la communication politique pour obtenir son premier mandat, en 1996, puis avait reconquis le pouvoir en 2009, ressemble à un homme cerné. Arrive un âge - il a 65 ans - où l'on ne peut plus se réinventer; tout juste se caricaturer. «Nétanyahou est comme un avion volant vers nulle part, un avion chic, avec lit double et excellent vin, expliquait, il y a quelques semaines, le secrétaire général du Parti travailliste, Hilik Bar. Les citoyens ne sont pas conviés à bord, mais le pilote les avertit que l'avion pourrait s'écraser, alors ils mettent de côté leurs problèmes de vie quotidienne. C'est la plus grande fraude de l'histoire.» (3) «Isaac Herzog, le travailliste à l'allure d'enfant sage, Tzipi Livni, la centriste réputée pour sa fermeté, forment une drôle d'alliance. Une alliance qui porte le nom d''union sioniste', revendique le patriotisme, un Etat juif et démocratique', et veut incarner l'alternance politique. (..;) Isaac Herzog est au coude-à-coude avec le poids lourd de la politique que représente Benjamin Netanyahu. Pourtant, Isaac Herzog n'a que peu d'expérience comparé au Premier ministre sortant et encore moins son charisme. Mais il mise sur le tout sauf Netanyahu'': (...) (...) Tsipi Livni est un peu la dame de fer israélienne. Egalement diplômée en droit, c'est comme agent secret qu'elle débute sa carrière, au sein du Mossad. Elue députée en 1999, (...) En 2006, elle entre au gouvernement Olmert sous les couleurs de Kadima. Elle est à nouveau ministre des Affaires étrangères et vice-Premier-ministre. Tantôt colombe tantôt faucon, Livni soutient l'opération Plomb Durci' à Gaza en 2008, estimant qu'il n'y a pas d'autre option que l'option militaire. Pour autant, la même année, elle propose à Mahmoud Abbas un plan de paix fondé sur la création d'un Etat palestinien. (..)Ministre de la Justice dans le gouvernement de Netanyahu, elle est limogée en décembre dernier. Le binôme Herzog/Livni, a axé son programme sur la justice sociale, proposant la baisse du coût de la vie et du prix des logements, sans pour autant négliger la question sécuritaire. Par ailleurs, ils ont fait campagne en faveur de la reprise du processus de paix israélo-palestinien.» (3) «Les tonnerres d'applaudissements recueillis au Congrès américain le 3 mars à Washington, lors de son réquisitoire contre un accord avec l'Iran sur le nucléaire, ont été un délicieux répit dans une campagne éprouvante. M.Nétanyahou connaît mieux que quiconque les arcanes du Congrès. (...) «Aux Etats-Unis, les gens disent que s'il était né en Amérique, il aurait pu facilement devenir président, assurait sa femme Sara, dans une conversation privée enregistrée à son insu durant l'été 2014 et dévoilée récemment par le quotidien Maariv. Le monde entier l'admire.» Tirade lunaire, alors qu'Israël n'a jamais paru aussi isolé sur la scène internationale.» (3) Piotr Smolar analyse la psychologie de Benyamin Netanyahu: «(...)Ce tropisme américain de M.Nétanyahou écrit-il, ne doit pas cacher l'essentiel: son empreinte idéologique forte, mélange de nationalisme vindicatif et de conservatisme. (...) Son père, l'historien Bension Nétanyahou, mort à 102 ans en 2012, fut son phare idéologique. Figure intellectuelle de la droite dure, il cultiva un profond pessimisme sur le destin des juifs et considérait les fondateurs socialistes d'Israël comme de dangereux rêveurs. Il n'admit jamais la moindre concession aux Palestiniens. A la fin des années 1950, il choisit d'émigrer en famille aux Etats-Unis. Le professeur enrageait de ne pas trouver sa place dans le milieu universitaire, à cause de la domination de la gauche israélienne. L'idée de revanche contre ces élites a souvent été soulignée par les biographes de «Bibi». Il en est persuadé.» (3) «A ses yeux, cette gauche ne serait pas légitime pour défendre le pays contre les menaces extérieures: Hezbollah au nord, Hamas dans la bande de Gaza, et l'Iran partout, pieuvre voulant la destruction d'Israël, dans ce Proche-Orient en éruption. (...) L'émergence de l'organisation Etat islamique a renforcé M.Nétanyahou dans ses convictions. Depuis toujours, la peur est l'encre de ses discours. Elle permet d'évacuer au second plan la justice sociale, les droits individuels ou les colonies illégales en Cisjordanie. Il aime trop Israël pour aimer les Israéliens.» (...) Bibi juge que Tzipi Livni et Isaac Herzog, les leaders de l'opposition, sont «indignes» de diriger le pays. Ils «ne tiendraient pas une journée sous la pression», a-t-il confié au grand quotidien gratuit Israel Hayom, «Nétanyahou a lavé le cerveau de la population en faisant croire que l'Etat d'Israël était dans la même situation que celle des juifs d'Europe avant l'Holocauste», a expliqué récemment Mme Livni à la télévision, elle qui fut sa ministre de la Justice jusqu'en décembre 2014. (3) «L'Iran: son obsession, sa croisade, sa «mission», selon son propre mot. (...) Les rares conseillers qui le côtoient deviennent mutiques à la moindre question relative à sa psychologie. (...) Nétanyahou est prudent avec les gens, car il a tiré les leçons d'expériences passées.» (...) Benyamin Nétanyahou apparaît aujourd'hui comme un homme sur la défensive, replié dans un bunker(...) De nombreux cadres du Likoud, susceptibles de lui faire de l'ombre, ont quitté la formation. Tel Dan Meridor, figure historique et modérée du parti, horrifié par sa pente nationaliste et le culte de la conquête territoriale, au détriment de la paix. Mais pourquoi prendre le risque de la paix? Elle serait grosse d'un autre danger: celui de se priver d'ennemis.(3) Depuis quelque temps, les dirigeants israéliens multiplient les pressions et déclarations visant à faire d'Israël la patrie du peuple juif. Ce vocable d'Etat du peuple juif- lourd de signification et de danger pour les Palestiniens- commence à faire son chemin dans l'imaginaire occidental qui n'a pas de réticence à l'admettre au nom de la dette éternelle à la fois pécuniaire et morale. Les groupes sionistes dont l'idéologie est raciste prennent comme bouclier le Judaïsme et, afin de «protéger» l'Etat d'Israël et de masquer ses violations du droit international, traitent d'antisémites tous ceux qui ne sont pas d'accord avec la politique de cet Etat dont les gouvernants pratiquent manifestement l'apartheid envers la population palestinienne. Shlomo Sand s'étonne pourtant qu'aujourd'hui, les mythes fondateurs juifs continuent à être considérés comme absolument véridiques.Nous ne pouvons qu'être sincèrement admiratifs devant la démocratie israélienne pour les Israéliens juifs mais blancs de peau. Tout y est la transparence, le respect de l'alternance. S'agissant des autres Israéliens de seconde zone, c'est une autre affaire., Que Netanyahu ou le tandem Livni-Herzog gagnent, rien de nouveau sous le soleil pour les Palestiniens. Pis encore, Netanyahu s'il passe aura les coudées franches pour faire aboutir justement son obsession d'un Etat juif aseptisé de toutes ses scories de l'histoire. On l'aura compris, les Arabes israéliens seront les futures variables d'ajustement, et à terme, ils auront vocation à quitter Israël, n'étant pas juifs. Une deuxième Nekba se profile à l'horizon. Qui s'en soucie? Ainsi va le monde! 1. Aude Marcovitch http://www.liberation.fr/monde/2015/03/16/un-pays-aux-deux-visages-et-des-elections-a-plusieurs-inconnues_1222002?xtor=EPR-450206&utmsource= news letter&utm_medium=email&utm_campaign=quot 2. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/03/16/bibi-ou-bouji-les-electeurs-israeliens-appeles-aux-urnes_4594499_3218.html#D5Oi4TCi6c4ofXih.99 3. Piotr Smolar http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/03/14/benyamin-netanyahou-enferme-dans-ses-certitudes_4593598_3218.html#DU1KaIXHDcWiXiqs.99