Israël se réveille mercredi matin, au lendemain des élections législatives du mardi 10 février, avec "deux premiers ministres", résume la presse israélienne. Si le parti centriste Kadima de Tzipi Livni devance le Likoud de Nétanyahou d'un petit siège à la Knesset, c'est bien le bloc de droite qui tient la majorité, et les grandes man'uvres ont commencé des deux côtés pour tenter de former une coalition. Après dépouillement de 99 % des bulletins, l'identité du prochain premier ministre demeure un mystère, explique le quotidien Yediot Aharonot sur son site Internet Ynetnews : "La course extrêmement serrée entre Tzipi Livni et Benyamin Nétanyahou va désormais être tranchée par le président Shimon Pérès, qui chargera l'un des deux candidats de former un nouveau gouvernement." Mais si seuls 36 000 votes séparent les deux rivaux, "les chances de Nétanyahou de consolider une coalition de droite cohérente sont indubitablement plus grandes", estime le quotidien. Dans un autre article, le site rapporte que "Livni a déjà appelé Bibi [le surnom de Nétanyahou] à former un gouvernement d'union" sous sa direction. Un attelage qui a peu de chances de voir le jour, si l'on en croit Haaretz. Pour le quotidien de gauche, la chef de la diplomatie israélienne n'a pas le choix si elle veut devenir première ministre : elle doit rallier les élus du parti d'extrême droite Israël Beitenou, qui a réalisé une percée spectaculaire lors de ce scrutin. "Les dizaines de milliers d'électeurs de gauche qui ont voté Kadima au lieu du Parti travailliste ou de Meretz [les deux partis de gauche] vont se réveiller ce matin pour entendre que Tzipi Livni fait énergiquement la cour au leader d'extrême droite Avigdor Lieberman", constate le journal, avant de conclure que "sans Lieberman, Livni n'a pas de gouvernement". Le parti centriste ne cache d'ailleurs pas son intention de former une coalition avec Israël Beitenou. Un responsable de Kadima cité par le Jerusalem Post explique ainsi que le parti d'Avigdor Lieberman est un "partenaire de coalition plus naturel que le Likoud" et qu'il n'appartient "pas réellement au bloc de la droite". Tout comme la gauche, bien que pour des raisons différentes, Israël Beitenou défend la solution des "deux Etats" – qu'il souhaite "ethniquement homogènes" –, et sur la question de la religion, cette formation est bien plus laïque que le Likoud, argumente ce responsable centriste. Une perspective qui est loin de réjouir Haaretz. Dans un autre point de vue intitulé "Au nom de la paix, Kadima et le Parti travailliste doivent fusionner", le journal explique qu'une fusion des deux formations leur permettrait de former un gouvernement de centre-gauche : "Même s'il doit y avoir des partis de droite dans la coalition, ce serait toujours un gouvernement de centre-gauche, et c'est ainsi qu'Israël serait perçu dans le reste du monde." Une alliance qui, du fait des ambitions politiques de chacun, semble toutefois compromise à court terme, reconnaît le journal. Mais c'est bien Israël Beitenou qui détient les clés du scrutin, analyse le Jerusalem Post. Or Lieberman a d'ores et déjà annoncé son intention de s'allier avec le Likoud malgré la "victoire surprise" de Livni. "Nous voulons un gouvernement de droite et ne le cachons pas", a-t-il prévenu. "Quelle complication politique, électorale et gouvernementale est sortie des urnes hier !", conclut le Haaretz qui estime que "seule la démocratie israélienne" pouvait accoucher d'une telle situation.