Les forces spéciales tunisiennes en action Le choix du lieu est doublement significatif, attenant au Parlement, le musée connaît une affluence importante de touristes étrangers. C'est l'horreur. La Tunisie renoue avec les actes terroristes. 22 personnes dont 20 touristes étrangers, polonais, italiens, allemands et espagnols, ont été tués hier, dans l'attaque contre le musée du Bardo par des hommes armés, a annoncé le Premier ministre tunisien Habib Essid. Les deux victimes tunisiennes sont un policier et un civil. Jamais la Tunisie n'a enregistré un aussi lourd bilan. Le Premier ministre a indiqué que les assaillants, vêtus d'uniformes militaires, avaient ouvert le feu sur les touristes, alors que ces derniers descendaient de leurs bus puis les avaient pourchassés à l'intérieur du mussée. En réalité, il semble que ce soit le siège du Parlement tunisien mitoyen du musée qui était la cible principale des terroristes. Le dispositif sécuritaire déployé autour de l'édifice a amené les assaillants à retourner leurs armes sur les touristes, garantissant par la même, un effet médiatique aussi important. Le ministre de la Santé Saïd Aïdi a avancé de son côté que 42 personnes avaient été blessées, notamment des ressortissants de France, d'Afrique du Sud, de Pologne, d'Italie et du Japon. Cette attaque est la première du genre en Tunisie qui est donc touchée au coeur de son expérience démocratique donnée comme un modèle pour les pays de la région. Après une longue accalmie, cette attaque terroriste plonge le pays de Caid Essebsi dans un climat d'inquiétude et de psychose qui vise à porter atteinte à l'image du pays. Le choix du lieu est doublement significatif, attenant au Parlement et à la veille du 20 Mars, fête nationale tunisienne, le musée connaît une affluence importante de touristes étrangers. Ce n'est pas tout. Au moment de l'attaque, beaucoup de députés étaient en commission, dont les travaux ont été suspendus. Les députés, première cible potentielle des terroristes, ont été rassemblés dans le hall de l'Assemblée, révèle Monia Brahim, élue du parti islamiste Ennahda à un média local. On devine en ce moment le grand désarroi des touristes qui étaient plus de 200 dans les lieux et leur panique au moment des tirs nourris des kalachnikovs. Dans la confusion générale qui a duré plus d'une heure où aucune espèce de communication ne s'est établie entre les terroristes et les autorités sécuritaires tunisiennes, des informations circulaient sur la présence de touristes vivants et sous la menace des terroristes. Les premiers témoignages évoquaient deux ou trois terroristes. En fin de matinée, le porte-parole du ministère de lIntérieur a fait savoir qu'une centaine de touristes se trouvaient dans le musée lorsque l'attaque s'est produite et «la majorité des touristes ont été évacués». «Mais il y a des informations selon lesquelles il y a encore des touristes à l'intérieur», a-t-il ajouté. Mais bien avant de laisser le temps aux terroristes de s'organiser, «les unités antiterroristes sont entrées dans le musée», a souligné le porte-parole du ministère de l'Intérieur. D'importants renforts policiers étaient sur place. Le quartier a été bouclé et aucune information sur de probables négociations n'a filtré. En réalité, cette option n'était même pas envisagée par les forces antiterroristes qui ont lancé un assaut rapide et très efficace, puisqu'en un temps record les deux hommes armés ont été éliminés. Mais pour rapide qu'elle ait été, l'attaque des forces de sécurité a coûté la vie à l'un d'entre eux. «Un policier et deux terroristes ont été tués», a annoncé la chaîne de télévision tunisienne Wataniya 1. Le cauchemar a pris fin vers 15 heures 30 minutes. L'opération de libération des otages a été un succès et tous les touristes ont été libérés sains et saufs. Cela au plan opérationnel. Au niveau de la réaction des instances politiques tunisiennes, on retiendra la réunion d'urgence présidée par le Premier ministre Habib Essid avec les ministres de l'Intérieur et de la Défense. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, s'est adressé aux Tunisiens vers la fin de journée. Mais avant il a affirmé que «les autorités ont pris toutes les mesures pour que de telles choses n'arrivent plus».Le président était au chevet des blessés à l'hôpital Charles-Nicolle de Tunis. «J'espère qu'avec les moyens dont nous disposerons nous deviendrons plus performants (...). Toutes les autorités sont averties et j'espère qu'un tel désastre n'arrivera plus», a déclaré M.Caïd Essebsi après ce «crime horrible». La Tunisie fait face depuis la révolution de Jasmin en 2011 à l'essor d'une mouvance terroriste armée. Une soixantaine de policiers et militaires ont été tués dans des heurts armés, notamment près de la frontière algéro-tunisienne où un groupe armé lié à Al Qaîda est actif. «Cet attentat n'était pas totalement inattendu. Nous sommes en guerre contre le terrorisme. Mais une attaque contre le Bardo, contre notre Assemblée, c'est impensable», a affirmé Samia Abbou, députée du Congrès pour la République (CPR) à l'hebdo français «L'Obs».