Le titre, emprunté, est adapté d'un grand auteur, qui ne l'est pas moins que ceux qu'Alger accueille depuis hier. Evènement exceptionnel s'il en est, la neuvième édition de la Foire internationale d'Alger dépasse de loin toutes celles qui l'ont précédées par la qualité des participants, les thèmes des conférences programmées, le nombre des participants et, sans doute, l'engouement citoyen qui ne manquera pas d'en résulter. Des personnages comme Alexandre Hadler, Yasmina Khadra, Benjamin Stora et bien d'autres, animeront des conférences traitant des thèmes les plus divers et les plus ouverts aussi bien sur l'histoire que sur l'avenir. Ainsi, la vie et l'oeuvre de Sénac, boudées pendant longtemps, seront-elles au centre d'un débat qu'animeront, outre Guy Ducas et Jacques Miel, ses anciens proches amis, auteurs d'ouvrages à son sujet, Hamid Nacer Khodja. Preuve que l'Algérie, qui panse résolument ses blessures, a bien l'intention d'exorciser les vieux démons et de renouer avec son passé commun avec la France, comme tentera sans doute de le démontrer le grand historien Benjamin Stora lors de sa conférence intitulée «Les représentations françaises en Algérie». Des cafés littéraires seront également au rendez-vous, avec des débats que nous ne pouvons qu'espérer à la hauteur de cet événement exceptionnel. Le niveau de représentation, en effet, dépasse tout ce qui a été fait depuis l'indépendance puisque même les Etats-Unis seront présents à Alger pour la première fois de l'histoire de cet évènement. Les Algériens, qui n'ont jamais véritablement rompu avec la lecture, même si chemin faisant, l'école fondamentale a causé pas mal de ravages, devraient se présenter en très grand nombre au Palais des Expositions. L'on s'attend à ce que les visiteurs, venus des quatre coins du pays, atteignent plusieurs centaines de milliers durant les dix jours que durera cet événement. Les Algériens, qui en ont globalement fini avec les préoccupations sécuritaires et politiques, en attendant que la situation sociale suive enfin l'embellie économique, peuvent désormais se consacrer de nouveau à la lecture, même s'il est vrai que la télévision, trop souvent abrutissante, pratique une «concurrence déloyale» en direction du meilleur compagnon de l'homme après le chien: le livre. Il est à souligner que l'importance de l'événement, aux yeux des visiteurs, répond au fait que l'ensemble des thèmes et des maisons d'édition seront représentés au niveau des Pins Maritimes. Des livres, traditionnellement introuvables dans le pays, peuvent être «dénichés» en ces occasions qui ne durent que l'espace de quelques jours, à l'égal des ondées du désert, forçant les fleurs à éclore, féconder et donner des graines en attendant les hypothétiques prochaines pluies. Ajouter à cela les prix extrêmement raisonnables de ces véritables trésors puisque, en ces occasions les pouvoirs publics font une «fleur» aux exposants en les exonérant de l'ensemble des taxes, ce qui réduit de moitié presque les prix des ouvrages. Etudiants, chercheurs, écoliers, ou simples amateurs, trouveront donc mille et une raisons de se rendre à cette foire, et sans doute d'y trouver des «compagnons» qu'aucune fortune au monde ne saurait remplacer. Le maître d'oeuvre de ce rendez-vous, Abdelkader Khemri, a mis en avant tout son espoir que ce rendez-vous soit une totale réussite et qu'il scelle la «réconciliation» entre les Algériens et la lecture.