Jamais dans l'histoire de l'Algérie indépendante, le service public en général et celui du transport public des voyageurs en particulier ne s'est autant détérioré dans la wilaya de Béjaïa. A voir le nombre de bus et minibus qui desservent tous les endroits de la wilaya et la concurrence, même si elle est déloyale, on ne peut qu'avoir un sentiment de satisfaction. Hélas, l'anarchie et la désorganisation qui règnent ont eu raison de l'objectif tracé par les pouvoirs publics. En effet, depuis l'ouverture du secteur aux privés, qui ne cherchent que le profit et loin du respect de la déontologie du métier, le service public, un facteur important dans le développement des nations, laisse à désirer, comme l'ont remarqué les citoyens de Bougie, à leur tête, Da Boualem, un chauffeur de bus à la retraite, qui nous déclare: «A l'époque de la Régie communale, le service public était au-dessus de toute considération, on assurait le service pendant la rupture du jeûne, pendant de Ramadan. Cette habitude, hélas, fait partie du passé. Ces transporteurs privés, parfois lorsqu'ils «gagnent» la journée, ils rentrent chez eux une heure ou deux heures avant el adhan, laissant les citoyens à leur propre sort». Toute honte bue comme si tous les avantages dont jouissent ces transporteurs, allant de l'acquisition de bus à d'autres facilités dans le paiement, ne suffisent pas pour qu'ils imposent leur diktat, ils décident de passer à de nouveaux tarifs (cinq dinars de plus) sur toutes les lignes de l'interurbain et deux augmentations consécutives (5 DA - 7 DA - 10 DA) dans le transport urbain propre au chef-lieu de wilaya. Ainsi, quelle que soit la distance qui sépare deux arrêts, le prix du ticket est de 10 DA et tout ça s'est fait sans aucune réaction des autorités concernées, malgré les protestations et contestations des citoyens. Durant la saison estivale, après s'être permis de nouveaux tarifs, profitant d'un flux massif des touristes, ils se permettent désormais de faire l'impasse sur certains arrêts et le choix des destinations. Ainsi, si vous avez la malchance de prendre le bus de Béjaïa à destination de Souk El-Tenine, il ne vous sera pas possible de descendre dans les arrêts intermédiaires, le receveur, un enfant qui ne dépasse pas 12 ans, qui peut être le fils du chauffeur, vous lance: «Béjaïa-Souk El-Tenine direct, sans arrêt». Idem pour les autres destinations même à l'intérieur de la vallée de la Soummam (El-Kseur-Akbou-Tazmalt). Par ailleurs, avec la rentrée sociale, notamment scolaire, les citoyens appellent à plus de rigueur dans l'application de la loi pour réglementer le secteur pris en otage par des gens sans scrupules qui jouissent d'une impunité évidente et qui sont à l'origine du diktat qu'ils imposent à une clientèle qui subit la dégringolade du pouvoir d'achat.