Importer oui, mais l'essentiel! Les principales coupes budgétaires seront connues dans quelques semaines lorsque la LFC 2015 sera ficelée. Au lendemain de la grand-messe qui a réuni la «crème» de l'économie nationale et qui a planché sur le commerce extérieur, le gouvernement doit passer à l'acte et enclencher le processus de mise en oeuvre de ce que son ministre des Finances a qualifié, de «rationalisation des dépenses». Mohamed Djellab a évoqué, hier, en marge de la séance des questions orales des députés, la loi de finances complémentaire en ces termes et révélé que les cadres de son ministère se réuniront avec leurs homologues des autres départements pour justement donner forme à cette «rationalisation des dépenses». En d'autres termes, les principales coupes budgétaires seront connues dans quelques semaines lorsque la LFC 2015 sera ficelée. Il ne sera vraisemblablement pas question de taxes supplémentaires, mais il est attendu une tendance au resserrement des dépenses. La bataille de l'import Même si aucun ministre du gouvernement ne le dit ouvertement et si chacun défend mordicus son programme, il reste que pas mal de projets passeront à la trappe. Cela, le Premier ministre l'a avoué à demi-mot, sans s'avancer dans les détails. Il reste qu'indépendamment des aspects liés aux investissements publics qu'il faut «rationaliser» pour rester dans le jargon du gouvernement, il y a l'impérative compression de la facture des importations. C'est d'ailleurs le plus grand challenge qui attend le gouvernement Sellal pour les six prochains mois. Ce sera surtout le principal point où sera attendu le gouvernement dans l'application de la LFC 2015. Si dans la partie recettes du budget de l'Etat, tout le monde peut imaginer ce qu'il en sera à la fin de l'année en cours, dans la partie dépenses, par contre, l'Exécutif doit trouver les moyens de réduire ce chapitre au mieux, pour tendre vers l'équilibre de la balance commerciale. L'exercice n'est certes pas de tout repos, mais les pistes pour réaliser un bon résultat, sont nombreuses. Dans ce sens, la première chose à faire serait d'agir sur les importations. En effet, de nombreux observateurs soutiennent qu'avant de penser à faire progresser les exportations, il faut d'abord s'atteler à faire baisser la facture des importations. Le gouvernement préconise, pour ce faire, de réintroduire la licence d'importation. Une manière de contrôler le flux de marchandises qui pénètrent le marché national et partant, accentuer la lutte contre la fuite de capitaux sous couvert d'acte d'importation. Dans cette «bataille» de l'import, les services des douanes sont en première ligne. Il y a lieu de souligner, au passage, que le processus de baisse des importations a été enclenché, il y a quelques mois, les deux derniers chiffres du Cnis donnent une chute de ces dernières. Même modeste, cette baisse confirme la possibilité de réduire du «gaspillage» de devises fortes que connaît le pays depuis des années. Agir sur le commerce extérieur en compressant les importations, bien qu'elle soit prioritaire et peut être enclenchée rapidement, ce n'est pas la seule option entre les mains du gouvernement. Il reste à savoir jusqu'où peut aller la courbe baissière des importations, sans toucher à l'équilibre social fragile du pays. Un laxisme inexpliqué Les observateurs notent que le gouvernement peut frapper dans nombre de «niches», comme les produits de luxe, les véhicules très haut de gamme, les articles non nécessaires et quelques équipements pas forcément indispensables. Cela représente certainement une proportion non négligeable de l'architecture du commerce extérieur, mais il y a aussi les céréales, les médicaments et autres produits alimentaires de larges consommations que l'Algérie a le devoir d'importer. Actuellement, les niveaux des prix du pétrole et les réserves accumulées par le Trésor laissent quelques marges au gouvernement. Mais si les cours de l'or noir poursuivent leur plongée, la situation deviendra intenable. Aussi, les autres pistes qu'ouvrira la LFC 2015 sont-elles plus que nécessaires, à l'image de la promotion du produit national. Une progression significative de la consommation de ce que produit l'économie nationale est un facteur très important et peut être obtenu à moyen terme, pour peu que le gouvernement passe à l'acte concernant la mise ne place du crédit à la consommation destiné à la production nationale. Mais le «laxisme» dont semble faire l'Exécutif par rapport à cette question précisément, risque de réduire ses efforts à leur plus simple expression. Le Premier ministre a annoncé à plusieurs reprises l'entrée en vigueur de ce crédit, sans que l'on en voit la couleur. Pourtant, l'ensemble des observateurs estiment que chaque jour de retard dans la mise en place du crédit à la consommation des produits algériens, rapproche le pays de l'inéluctable cessation de paiement, déjà vécue à la fin des années 1980 du siècle dernier. En fait, le gouvernement Sellal qui a eu sa période faste, se doit, à partir de la LFC 2015, de faire montre d'une grande prudence dans la dépense publique. Sur les trois ou quatre années qui viennent, l'Exécutif n'a pas droit à l'erreur et devra trouver les leviers nécessaires pour réduire les importations, donner du souffle à la production nationale et enclencher une dynamique tournée vers l'exportation hors hydrocarbures, à travers la diversification de l'économie nationale. Tout cela pourra et devra se faire pour maintenir le pays plus ou moins à flots et donner aux générations futures les moyens de poursuivre le travail d'édification du pays. Mais avant, on voit mal l'Algérie décoller du jour au lendemain, comme par miracle. Il va falloir inévitablement se serrer la ceinture.