Une cour d'Istanbul a inculpé hier 17 militaires turcs pour avoir intercepté en janvier 2014, sur ordre d'un procureur, un convoi des services secrets turcs en route pour la Syrie, dans le cadre d'une affaire controversée, a rapporté l'agence de presse Dogan. Ces militaires qui ont été écroués sont membres de la gendarmerie, corps d'armée en Turquie, et ont notamment été accusés de comploter contre le gouvernement islamo-conservateur au nom de la «structure parallèle», en l'occurrence la confrérie du prédicateur musulman exilé Fethullah Gülen que le président Recep Tayyip Erdogan accuse de vouloir le renverser. Ils avaient intercepté à Adana, dans le sud de la Turquie, frontalière avec la Syrie, un convoi de camions en partance pour la Syrie. Les agents des services secrets (MIT) qui accompagnaient le convoi les ont empêchés d'inspecter le chargement, soupçonné d'être des armes pour un groupe d'opposition syrienne. Dix-neuf autres membres des services militaires sont actuellement jugés pour «espionnage» dans le cadre de cette affaire et encourent de lourdes peines de prison. Les autorités avaient affirmé que le personnel à bord du convoi était en mission officielle. Les camions sont repartis après leur fouille et le gouvernement, très irrité, a annoncé qu'ils transportaient de l'aide à la minorité turkmène du nord de la Syrie et démenti toute livraison d'armes. Les militaires qui avaient intercepté les camions ont par la suite été relevés de leurs fonctions. Depuis cet incident, le pouvoir turc a fait voter au parlement une législation controversée qui accorde des pouvoirs accrus aux services de renseignements turcs, notamment une impunité judiciaire pour les membres du MIT dans l'exercice de leurs fonctions. Le gouvernement d'Ankara est un farouche opposant au pouvoir du président syrien Bachar al-Assad et soutient l'opposition, mais a démenti à plusieurs reprises avoir fourni des armes aux insurgés notamment au groupe de l'Etat islamique (EI) qui contrôle des pans entiers de territoire en Syrie et en Irak, à la frontière turque