Dans une résolution, les parlementaire pakistanais soulignent que le Pakistan devrait jouer un rôle de médiation dans ce conflit et ne pas s'impliquer dans les combats. Le parlement du Pakistan a rejeté hier la demande d'aide de l'Arabie Saoudite pour son intervention au Yémen et appelé le gouvernement pakistanais à rester neutre et à favoriser une solution pacifique dans ce conflit, en dépit de ses liens avec Riyadh. Dans une résolution adoptée à l'unanimité, les parlementaires ont approuvé l'engagement pris par leur gouvernement d'aider l'Arabie Saoudite à protéger son territoire, jusqu'ici non menacé par cette crise yéménite. Mais les élus soulignent dans leur résolution que le Pakistan devrait jouer un rôle de médiation dans ce conflit et ne pas s'impliquer dans les combats, rejetant de facto la demande de Riyadh d'envoi de troupes, navires et avions de guerre. Le Premier ministre Nawaz Sharif n'est pas obligé de se conformer à cette résolution, mais il avait indiqué la semaine dernière qu'il n'engagerait pas son pays dans une telle intervention militaire sans l'aval du parlement. La résolution a été adoptée au terme de cinq jours de session extraordinaire sur la crise au Yémen au cours desquels la majorité des parlementaires a appelé M. Sharif à ne pas envoyer de troupes pour participer au conflit. La coalition de pays musulmans menée par l'Arabie saoudite bombarde les rebelles chiites houthis au Yémen dans le but de ramener au pouvoir le gouvernement du président Abed Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie Saoudite. Riyadh qui souhaite éviter de voir le Yémen voisin tomber aux mains de rebelles, affirme que ces rebelles chiites houthis sont soutenus par l'Iran, son rival et principale puissance musulmane chiite. Cette crise place le Pakistan dans une position difficile entre Riyadh, son proche allié et bailleurs de fonds avec qui Islamabad coopère régulièrement en matière militaire, et son puissant voisin iranien, farouchement hostile à l'opération saoudienne. Islamabad s'est jusqu'ici gardé de se lancer dans un conflit aux dangereuses implications interconfessionnelles, lui même étant régulièrement secoué par des violences sectaires visant des sunnites ou les minorités (dont les 20% de chiites). L'intervention saoudienne intervient par ailleurs au moment où l'armée pakistanaise reste très sollicitée, à la fois toujours fortement déployée à l'est le long de la frontière indienne mais aussi mobilisée dans des offensives continues contre les rebelles taliban au nord-ouest. Islamabad a plaidé ces dernières semaines pour une solution pacifique à la crise yéménite, notamment à l'issue d'entretiens avec des responsables turcs et iraniens. Dans sa résolution, le Parlement du Pakistan «souligne la nécessité que le gouvernement poursuive ses efforts pour trouver une solution pacifique à ce conflit». Il «souhaite que le Pakistan maintienne sa neutralité dans le conflit au Yémen pour être en position de jouer un rôle diplomatique proactif en vue de mettre fin à cette crise». Mais pour l'analyste pakistanais spécialiste des questions militaires Hasan Askari, le Pakistan peut difficilement se poser en médiateur objectif de ce conflit au vu de sa proximité historique avec l'Arabie Saoudite, à commencer par M. Sharif qui s'y s'était réfugiés après avoir été victime d'un coup d'Etat militaire en 1999. Même sans engagement militaire actif, «le Pakistan continue de soutenir l'Arabie Saoudite», a souligné M. Askari. Réunis cette semaine à Islamabad, les chefs de la diplomatie iranienne et pakistanaise avaient affirmé vouloir «faciliter» le dialogue intra-yéménite pour trouver une solution politique au conflit qui a déjà fait des centaines de morts depuis le début de l'offensive saoudienne le mois dernier.