Cet objectif ne sera concrétisé que si l'encadrement humain est prêt à accompagner les réformes en cours. Le secteur de la justice est à l'orée de profondes réformes. La tenue, jeudi dernier, de deux conférences régionales, la première à Alger traitant de «l'aspect législatif» des réformes et l'autre à Oran, consacrée à la modernisation de la justice, inaugurent une nouvelle ère pour le secteur. Intervenant à la veille de la conférence nationale sur la réforme de la justice, dont la tenue, sous le patronage du président Bouteflika, est prévue au cours du prochain trimestre 2004, ces rencontres préliminaires ont permis de défricher le terrain en ouvrant des dossiers d'une extrême importance. Il s'agit entre autres, à travers ces «préliminaires» de «tracer les perspectives à venir en faisant contribuer les magistrats en exercice dans l'optique de la concrétisation d'un programme de réforme conforme aux directives du président de la République» indique le directeur des droits de l'homme au ministère de la Justice. Par ailleurs, l'adoption par le parlement des lois organiques relatives au statut de la magistrature et au Conseil supérieur de la magistrature, le prochain examen des projets de codes de procédures civile et pénale, le récent mouvement dans le corps des magistrats attestent de la volonté du chef de l'Etat de mener à bon port son premier chantier des réformes. Aussi bien sur le plan humain que juridique, M.Bouteflika compte réunir le maximum d'atouts permettant la mise en place d'une justice, au diapason de la nouvelle donne internationale, notamment les conventions et traités internationaux auxquels l'Algérie a souscrit. Que ce soit en matière de lutte contre le terrorisme, la criminalité et le blanchiment d'argent, l'Algérie s'apprête à mettre en place un cadre structurel et la création d'instances habilitées à statuer et à lutter efficacement contre ces crimes. Il s'agit donc de baliser la voie et d'«éliminer» tous les obstacles susceptibles de compromettre le projet des réformes initiées. En matière d'amélioration des prestations de la justice algérienne, il est prévu d'associer la justice comme partie prenante dans le processus d'adhésion de l'Algérie à l'OMC et son partenariat avec l'Union européenne. Un objectif qui ne sera concrétisé que si l'encadrement humain est prêt à accompagner les réformes en cours. «La réforme de la justice demeurera un vain mot si les magistrats ne se sentent pas impliqués et totalement engagés pour la réussite des différents chantiers engagés dans ce cadre», avait souligné le premier magistrat du pays, à l'occasion de la tenue, mercredi dernier, de la session ordinaire du Conseil supérieur de la magistrature. Ainsi, le remplacement de 11 présidents de cour et 07 procureurs généraux près les cours, «par des magistrats exerçant des fonctions spécifiques et ayant prouvé leur capacité à occuper des postes de responsabilité» vise en premier lieu à donner une nouvelle impulsion au secteur de la justice, dont le magistrat «ne doit pas être seulement un simple technicien du droit ou un expert appliquant de manière mécanique des règles plus ou moins précises, mais surtout imprégné de nos hautes valeurs morales et du sens de l'équité en faisant preuve, en toutes circonstances, de sérénité, de patience et de sagesse...» A titre d'exemple, il est prévu en matière de règlement des conflits, la simplification des mesures en vue de limiter le recours à la justice. Les affaires mineures au niveau pénal, entre voisins par exemple, peuvent être réglées dans le cadre de la conciliation comme c'est le cas dans notre système social à travers la Djemaâ ou l'Aâazaba.