Le président iranien Hassan Rohani a minimisé hier la menace d'une action du Congrès américain contre un accord nucléaire avec les grandes puissances, affirmant que l'Iran ne négociait pas avec le Congrès mais avec le groupe 5+1. La commission des Affaires étrangères du Sénat américain a adopté mardi une proposition de loi qui donnerait un droit de regard au Congrès en cas d'accord final sur le nucléaire iranien, confortant son rôle dans les négociations internationales. La loi, dite Corker-Menendez, ne se prononce pas sur le fond de l'accord-cadre nucléaire conclu le 2 avril en Suisse entre Téhéran et les 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-uni, Russie et Allemagne) mais elle imposerait une période d'attente au président Barack Obama entre la signature d'un accord final et la levée des sanctions américaines adoptées par le Congrès contre l'Iran. Ce pays exige que les sanctions soient levées le jour de l'entrée en vigueur d'un accord. «Nous ne négocions pas avec le Sénat américain, nous ne négocions pas avec la Chambre des représentants américains. Nous négocions avec un groupe qui s'appelle le 5+1», a affirmé M. Rohani dans un discours à Rasht (nord) retransmis en direct à la télévision d'Etat. «Ce que dit le Sénat américain, ce que veut la Chambre, ce que recherchent les radicaux aux Etats-Unis, ce que les mercenaires de l'Amérique disent dans la région ne concerne ni notre nation ni notre gouvernement», a-t-il ajouté. Il a demandé aux grandes puissances d'accepter un accord nucléaire «digne», qui «respecte la nation iranienne», assurant que Téhéran était «flexible». Après l'accord-cadre de Lausanne, les discussions sur la rédaction des détails techniques d'un accord global, qui doit être conclu d'ici la fin juin, reprendront le 21 avril au niveau des experts et des vice-ministres selon Téhéran. «Le principal point» des discussions sera celui de la levée des sanctions internationales imposées à l'Iran depuis 2006, a assuré M. Rohani. Les Occidentaux souhaitent la levée graduelle des sanctions à mesure que les engagements de Téhéran sont vérifiés. «Tout le monde doit savoir qu'il n'y aura pas d'accord sans levée des sanctions», a lancé le président iranien, alors qu'un accord global «profitera au monde entier». M.Rohani a en outre assuré que l'Iran ne cherchait pas à dominer la région alors que ses voisins, notamment les monarchies sunnites du Golfe, s'inquiètent de son influence grandissante.