Un accord sur le nucléaire iranien ne peut être conclu que si les pays occidentaux cessent de faire pression sur Téhéran, a averti le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. Les politiques de pression et la négociation ne peuvent être additionnées. Si les pays occidentaux veulent négocier avec la République islamique d'Iran, ils doivent prendre une décision politique, qui peut être difficile pour certains, et renoncer à vouloir faire pression sur l'Iran dans les discussions, a déclaré M. Zarif à la télévision d'Etat iranienne. Peu auparavant, l'un des principaux négociateurs de Téhéran, le vice-ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi, avait déclaré qu'un accord sur le nucléaire était possible si les Etats-Unis faisaient preuve de bonne volonté. Nous allons continuer les négociations bilatérales avec les Etats-Unis et avec les responsables russes, avait dit en début de journée M. Araghchi, cité par l'agence de presse iranienne Fars. Nous gardons espoir et je pense que si l'autre partie a la bonne volonté et la détermination nécessaires, il est possible de parvenir à un accord, a dit M. Araghchi. MM. Zarif et Araghchi s'exprimaient au troisième jour de négociations avec de hauts responsables américains à Genève afin de préparer le terrain à la reprise officielle des pourparlers hier entre Téhéran et le groupe P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine, France, Allemagne et Russie). Après un accord intérimaire en novembre 2013, les délais fixés pour un accord définitif ont déjà été dépassés par deux fois. La nouvelle date-butoir est fixée au 1er juillet. Selon une source occidentale proche de ces négociations, se montrant nettement moins optimiste que M. Araghchi, la difficulté est que les Iraniens n'ont pas encore fait tous les gestes pour qu'on ait un bon accord qui permette de réduire de manière substantielle leur capacité résiduelle d'enrichissement, pour qu'on soit collectivement assurés qu'ils n'ont pas la capacité technique d'aller rapidement vers une bombe nucléaire. Téhéran assure pour sa part n'être intéressé que par l'énergie nucléaire civile. Dans l'espoir de débloquer la situation, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a eu une rencontre-marathon de six heures avec M. Zarif à Genève mercredi, puis un nouvel entretien avec lui vendredi à Paris. Le ministre iranien des Affaires étrangères s'est aussi rendu cette semaine à Berlin pour rencontrer son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. Ce dernier a souligné que les négociations étaient entrées dans une phase décisive, et il a exhorté toutes les parties à ne rien laisser de côté pour parvenir à une solution qui nous a échappé ces dernières années. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a pour sa part dit à M. Zarif à Paris qu'il restait des points importants à régler, selon son ministère.
D'importantes questions restent à résoudre, selon Paris D'importantes questions restent à résoudre en vue d'un accord sur le programme nucléaire iranien, a déclaré le ministère français des Affaires étrangères, après une rencontre vendredi à Paris entre le chef de la diplomatie Laurent Fabius et son homologue iranien Mohammad Zarif. Laurent Fabius a abordé avec M. Zarif les importantes questions qui restent à résoudre et l'entretien a permis de rappeler la détermination de la France à rechercher un accord garantissant la finalité exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien, a indiqué le ministère français dans un communiqué. M. Zarif a également rencontré vendredi à Paris le secrétaire d'Etat américain John Kerry, durant un peu moins d'une heure, selon un responsable américain. MM. Zarif et Kerry avaient déjà eu un dialogue de six heures, mercredi à Genève, sur ce dossier du nucléaire iranien. Tout le monde souhaiterait obtenir un accord mais on est encore assez loin d'y arriver, a-t-on estimé de source occidentale proche des négociations. Les Iraniens n'ont pas encore fait les gestes pour avoir un bon accord, (...) les choses n'ont pas radicalement évolué, a-t-on ajouté de même source. Ces échanges dans la capitale française se sont tenus alors que les négociateurs engagés dans le dossier nucléaire iranien sont réunis de leur côté à Genève. Il s'agit de sceller un accord sur le programme nucléaire iranien d'ici le 1er juillet. Américains et Iraniens sont sous la pression de leurs faucons respectifs pour obtenir un accord dans les délais fixés. Le président américain Barack Obama a demandé vendredi au Congrès américain d'être patient et a affirmé qu'il opposerait son veto contre l'éventuelle adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran. M. Obama et le Premier ministre britannique David Cameron, en visite à Washington, ont tous les deux déclarés ne pas être favorables à l'adoption de nouvelles sanctions à ce stade, lors d'une conférence de presse commune. L'Iran demande une levée des sanctions économiques qui le frappent, et les grandes puissances veulent s'assurer que Téhéran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, sous couvert d'un programme civil.
Les négociations avec l'Iran dans une phase décisive, selon Berlin Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a jugé jeudi que les négociations avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien étaient dans une phase décisive, lors d'une rencontre avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif. Nous sommes vraisemblablement tous deux d'avis que les négociations sont maintenant dans une phase décisive, a souligné le chef de la diplomatie lors d'un bref point de presse avant son entretien avec le ministre iranien des Affaires étrangères. Nous devons effectivement utiliser maintenant ce nouvel intervalle de temps (jusqu'à juillet). Nous devons tout mettre en œuvre pour trouver une solution à laquelle nous ne sommes pas parvenus ces dernières années, a-t-il ajouté. L'Iran demande une levée des sanctions économiques qui le frappent, et les grandes puissances veulent s'assurer que Téhéran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, sous couvert d'un programme civil. De son côté, le ministre iranien a souligné que 11 ans avaient été perdus. Les conditions ne sont pas devenues meilleures, selon lui. C'est pourquoi nous devons saisir l'opportunité de justice, de paix, de sécurité, a-t-il ajouté, selon une traduction en allemand. M. Zarif a ensuite rencontré à Bruxelles la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Les négociations doivent être conclues dans le délai convenu, a-t-elle affirmé à l'issue de cet entretien. Elle a aussi encouragé l'Iran à user de son influence considérable pour aider à créer un Irak plus stable (...) et contribuer à une solution politique à la crise syrienne, a indiqué un communiqué de ses services. La relation entre l'Iran et d'autres pays de la région est cruciale pour la stabilité régionale et la lutte contre le groupe Etat islamique, a ajouté Mme Mogherini.
Le Congrès commencera à débattre de l'Iran d'ici février Le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, Bob Corker, a prédit que le débat parlementaire sur le nucléaire iranien démarrerait dans les prochaines semaines au Sénat, de nombreux élus cherchant à adopter de nouvelles sanctions contre Téhéran. Je pense que d'ici la fin du mois de janvier, ou le début de février, on commencera à en débattre au Sénat, a dit le républicain Bob Corker à des journalistes à Hershey, une ville de Pennsylvanie à deux heures de Washington où les républicains du Congrès sont réunis en séminaire annuel. Deux voies distinctes, voire concurrentes, sont envisagées pour que le Congrès fasse pression sur l'exécutif américain afin d'influencer le contenu de tout accord final sur le nucléaire iranien entre les pays du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume -Uni, France et Allemagne) et l'Iran, avant la date-butoir du 1er juillet. L'une, initiée par Bob Corker, vise à adopter une loi obligeant le président Barack Obama à soumettre tout accord sur le nucléaire à un vote du Congrès. Pour moi, c'est la meilleure façon de faire en sorte que l'administration négocie en position de force afin d'obtenir un accord qui passe l'épreuve du temps et assure la sécurité des Américains, a expliqué M. Corker. L'autre, proposée par le démocrate Robert Menendez et le républicain Mark Kirk, deux sénateurs à l'origine de précédents trains de sanctions, prend la forme d'une loi qui déclencherait graduellement de nouvelles sanctions automatiquement à partir de juillet, au cas où aucun accord final n'était signé, ou si Téhéran ne respectait pas ses engagements. Le président aurait la possibilité, comme c'est l'usage, de déclarer une exception de sécurité nationale. Cette approche, comparée à une police d'assurance diplomatique par une source parlementaire proche du dossier, est celle qui rassemble à ce stade de nombreux républicains et un certain nombre de démocrates, mais elle est refusée par l'exécutif, qui entend garder les mains libres et éviter un court-circuitage des négociations par le Congrès. A ce jour, c'est la seule proposition sur l'Iran qui soit soutenue réellement et officiellement par des membres des deux partis au Sénat, explique cette source parlementaire. La proposition de loi de M. Corker sera examinée par la commission des Affaires étrangères, celle de Menendez-Kirk par la commission bancaire. Ensuite, les sénateurs pourront les amender et éventuellement les fusionner lors du débat général au Sénat. Bob Corker, personnage clé du dossier, a clairement indiqué sa méfiance par rapport au projet Menendez-Kirk, qui va selon lui plus loin que la tradition. Beaucoup de sénateurs ne vont pas se précipiter dessus, a-t-il dit dans un euphémisme. Mais il n'a pas dit si des démocrates étaient prêts à soutenir son approche, ce qui s'avèrera crucial pour assurer une adoption finale, les démocrates détenant une minorité de blocage au Sénat.