Sidi Saïd au secours du ministre du commerce Le ministre du Commerce, Amara Benyounès, ne veut pas rendre les armes face aux islamistes qui sont montés au créneau après sa décision sur la vente de l'alcool. Il a indiqué, hier lors d'une rencontre avec l'Ugta, qu'il ne cédera pas face aux pressions des lobbys de l'importation, accusant une certaine presse d'avoir mené une campagne idéologique contre lui. Il a assuré que sa mission est de protéger la production nationale. Dans une note adressée au Centre national du registre du commerce (Cnrc), datée du 19 février dernier, le ministère du Commerce a instruit de mettre fin à la demande d'autorisation préalable pour la vente en gros de boissons alcoolisées. Cette instruction a affolé certains milieux islamistes qui n'ignorent certainement pas que l'Algérie n'est pas un pays plus musulman que les autres et que dans les autres pays musulmans, l'alcool se vend librement même dans les magasins d'alimentation générale. Mais malheureusement, le gouvernement a cédé devant ces pressions en décidant de geler l'instruction du département du commerce pour «apporter de l'apaisement». Pourtant, selon Amara Benyounès, il n'a fait qu'annuler une décision illégale et la replacer par une autre légale. Par ailleurs, le ministre a affirmé que les licences d'importation, dont une loi sera soumise prochainement à l'APN, ne concerneront que les produits qui alourdissent fortement la facture des importations. «La quasi-totalité (des produits importés) ne sera pas touchée par les licences d'importation, mais tous les grands postes, sans exception, seront concernés», a fait savoir M.Benyounès lors d'une réunion, qui l'a regroupé avec le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), Abdelmadjid Sidi Saïd, et des représentants du patronat, consacrée à la promotion des produits nationaux. «Ces licences ne toucheront que les produits qui nous coûtent cher et extrêmement cher sur la balance commerciale», a-t-il insisté, citant l'exemple du ciment et des véhicules. Il a également indiqué que cette mesure concernerait les biens de consommation finaux qui coûtent le tiers de la facture des importations, tout en assurant que le principe de la «liberté du commerce» sera toujours garanti. «Nous connaissons tous la structure de nos importations: un tiers représente les biens d'équipement, un tiers les matières premières et un tiers les biens de consommation», a expliqué M.Benyounès ajoutant que c'est sur cette troisième catégorie que le gouvernement va intervenir pour «maîtriser» les importations. «Il faut que les choses soient extrêmement claires: la liberté du commerce est garantie (...) mais nous ne pouvons pas continuer à permettre d'importer des produits à tout-va et sans limitation», a-t-il prévenu. L'objectif du gouvernement dans cette démarche, selon M.Benyounès, est de réduire la facture des importations qui avait atteint près de 60 milliards de dollars en 2014, et de céder la place à la production nationale lorsqu'elle est disponible. Le ministre a cité l'exemple du ciment expliquant que les nouvelles licences vont permettre de «limiter» ses importations selon les besoins nationaux afin d'éviter d'éventuels excédents dans l'importation de ce produit, qui portent préjudice à la production nationale. «Nous allons protéger, coûte que coûte, la production nationale», a répété le ministre précisant que les recommandations, issues de la Conférence nationale sur le commerce extérieur et visant notamment à rationaliser les importations, étaient en cours d'étude au niveau du gouvernement.