La hausse du déficit de la balance commerciale qui a atteint 1,73 milliard de dollars au premier trimestre 2015 préoccupe le gouvernement. Le ministère du Commerce a annoncé plus de mesures d'austérité pour limiter les importations. Amara Benyounès a indiqué hier à Alger que les décisions prises pour rationaliser les importations sont «irréversibles». Lors de la rencontre tenue avec les organisations patronales et la centrale syndicale au niveau du Palais des expositions autour de la campagne «Consommons algérien», prévue du 26 avril au 3 mai prochain, le ministre a réaffirmé sa détermination de réduire les importations «coûte que coûte, même si cela dérangeait certains lobbyings d'importation». Il a fait savoir que son département mènera à terme sa politique pour réduire au maximum la facture des importations. A l'adresse des importateurs, il dira : «Il faut savoir que personne ne peut nous empêcher ou nous détourner de cet objectif». Mais, nuance-t-il, les importations ne peuvent pas être totalement réduites à un degré «zéro». «Il faut admettre que nous ne pouvons pas interdire toutes les importations», a-t-il relevé, expliquant qu'un tiers des importations représente des équipements, un tiers la matière première et le dernier tiers les produits de consommation finis. Le ministre a rappelé, à l'occasion, que la conférence nationale sur le commerce extérieur a été sanctionnée par l'adoption d'une trentaine de recommandations qui ont été soumises à l'APN. A propos des licences d'importation, elles seront introduites pour les produits coûteux qui causent une saigné au Trésor public et à l'économie nationale d'une manière générale. Parmi ces produits, M. Benyounès citera l'importation des véhicules neufs et le ciment. La valeur annuelle de l'importation des véhicules est de l'ordre de 5 milliards de dollars. Ce qui est «énorme», surtout que les concessionnaires sont devenus ces derniers temps des aires de stockage de voitures invendues. C'est la raison pour laquelle le ministère du Commerce compte «imposer des licences d'importation pour les véhicules». Concernant le ciment, il a précisé que la licence sera introduite pour juste importer des quantités pour combler le déficit, évalué à 4 millions de tonnes/an. Les besoins sont estimés à 22 millions de tonnes tandis que la production est de 18 millions de tonnes, a-t-il précisé, annonçant que le dossier relatif à l'introduction des licences d'importation est soumis aux deux chambres parlementaires. Le projet de loi sur les licences d'importation et d'exportation sera présenté devant les parlementaires dans quelques jours. L'implication de tous dans cette démarche de limitation des importations est indispensable au regard de son impact positif sur la sauvegarde des emplois et la promotion de la production nationale, a-t-il souligné, ajoutant que certaines mesures ont été discutées avec les partenaires sociaux afin d'inciter et sensibiliser les citoyens à consommer national. En ce sens, l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a fait des propositions pour protéger le produit national. Le soutien de l'UGTA Le secrétaire général de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd a réaffirmé son soutien au ministère du Commerce. «Agir sur la limitation des importations des produits de consommation pour réduire la facture» est la solution idoine, estimera-t-il, citant certains produits qui doivent être supprimés de la liste des importations tels que la tomate concentrée, le couscous et l'huile d'olive, disponibles en Algérie. M. Sidi Saïd a jugé nécessaire de «discipliner les pratiques commerciales, notamment les importations, et surtout renforcer la lutte contre le commerce informel», défendant la position de l'Algérie pour protéger le produit algérien. Cette «bataille doit être collective», a-t-il estimé, prônant un développement soutenu des deux secteurs de l'agroalimentaire et du textile. «A travers la promotion de ces deux secteurs, nous pouvons créer 500 000 emplois et améliorer le pouvoir d'achat à hauteur de 15%», a-t-il estimé, annonçant que l'UGTA présentera au gouvernement des propositions axées sur les deux secteurs industriels de l'agroalimentaire et l'électroménager. Le patron de l'UGTA a annoncé, par ailleurs, la reconduction, durant le mois de Ramadhan prochain, de l'opération de vente des produits nationaux. Cette opération sera élargie aux autres régions du pays. En plus de l'espace réservé au niveau du Palais du peuple, un autre point de vente sera ouvert au niveau du Palais des expositions. Saisissant cette occasion, le ministre a informé que le crédit de consommation sera rétabli avant le mois de Ramadhan.