Les énergies renouvelables ne sont pas la priorité de Sonelgaz Le P-DG de Sonelgaz a demandé la révision des tarifs de l'électricité et a affirmé que les énergies renouvelables n'étaient pas sa priorité. Deux déclarations qui vont à contresens du discours officiel... Nourdine Bouterfa navigue-t-il à contre sens du gouvernement? Sinon comment expliquer sa sortie inattendue et non moins surprenante, hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, où il a demandé la révision des tarifs de l'électricité et a affirmé que les énergies renouvelables n'étaient pas la priorité de son entreprise. Deux sujets sensibles sur lesquels l'Etat s'est prononcé, mais pas de la même façon que Bouterfa. En effet, le premier responsable de la Sonelgaz a lancé un appel au pied levé pour les autorités pour une révision des tarifs de l'électricité. «Je demande une augmentation des tarifs», a-t-il réclamé avant de nuancer ses propos en réclamant en premier la révision des tarifs pour les gros consommateurs, à savoir les industriels qui consomment près de 20% de la production nationale. «Peut-être que dans une première phase, on peut ne pas toucher les ménages ou les toucher très légèrement. Mais les tarifs doivent être révisés pour les grands consommateurs», lance-t-il comme ce qui résonne comme une sonnette d'alarme. «La clientèle haute tension achète son énergie à 2 dinars et 20 centimes hors taxes alors que le coût de production revient à 3 dinars», révèle-t-il. Le P-DG de Sonelgaz continue son argumentaire en rappelant la situation financière très difficile dans laquelle se trouve l'entreprise qu'il dirige. En dehors des créances habituelles qui s'élèvent à plus de 45 milliards de DA, «lé déficit de trésorerie de la Sonelgaz est de 80 milliards de DA qui a été comblé par des emprunts», a révélé l'invité de la Chaîne III. «Cette situation ne doit pas durer, soit l'Etat donne une subvention d'exploitation, soit il augmente les tarifs», a-t-il revendiqué. Bouterfa réclame ainsi «l'avancement d'un rendez-vous», pour faire payer le prix de l'électricité à son tarif réel, qui arrivera tôt ou tard. Une réalité qui s'impose surtout en ces temps de crise mais dont les autorités ne veulent pas en entendre parler! D'ailleurs, le ministre de l'Energie avait envisagé cette possibilité il y a un an presque jour pour jour avant qu'il ne se rétracte quelques jours plus tard, après avoir été sermonné en haut lieu. Comme pour l'eau et les autres subventions en tout genre, la question de la révision à la hausse des tarifs de l'énergie est un sacro-saint auquel on ne doit pas toucher! Néanmoins, selon Bouterfa, sans cette révision, pas d'investissement dans les énergies renouvelables. Il rappelle que l'investissement dans les énergies renouvelables demande de gros financements. «Aujourd'hui, nous sommes sous contraintes financières... si nous devons mener le programme des énergies renouvelables nous aurons besoin de 100 milliards de DA par an», a soutenu M. Bouterfa qui insiste sur le fait que le développement de cette énergie alternative dépend de la disponibilité financière. «Il faut augmenter les prix, desserrer la tarification actuelle pour lever à la fois la contrainte sur Sonelgaz mais également desserrer la contrainte sur les banques pour pouvoir engager les projets d'énergies renouvelables», a-t-il soutenu. Ces projets «imposeront de recourir à la disponibilité bancaire ou alors de développer l'économie de façon à lui permettre d'absorber ces investissements, d'où la nécessité de libérer les prix» a-t-il fait valoir. «L'équation est simple, soulignera-t-il. Si Sonelgaz mobilise 1000 mds de DA sur le système financier, il s'agit en réalité de soustraire ce montant de la possibilité d'investissement aux autres secteurs. L'arbitrage doit être fait de façon à libérer les prix dans le secteur de l'énergie pour permettre de rendre possible les investissements dans d'autres secteurs industriels», a t-il développé. Très cartésien, il rétorque que ce type d'énergie n'était donc pas sa priorité. «Pour moi, les énergies renouvelables ne sont pas une priorité. La priorité, aujourd'hui, est de satisfaire le consommateur, car l'Algérien a besoin d'avoir son électricité, qu'importe l'origine», a-t-il dit en toute logique, mais qui ne risque pas de plaire en haut lieu, puisque le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s'était récemment engagé à développer un vaste programme pour les énergies renouvelables. Il a même annoncé la relance prochaine du fameux «Désertec» dans une nouvelle version avec de nouveaux partenaires. Mais il semblerait que Nourdine Bouterfa ne l'entend pas de la même oreille en décidant de réfléchir en gestionnaire et non en politique... Mais quelle mouche l'a-t-elle piqué?