Les pertes de l'entreprise représentent 17% du chiffre d'affaires. Plus d'un million de foyers consomment de l'énergie électrique de manière illicite. Les pertes sont estimées à plus de 17% du chiffre d'affaires réalisé par la Société nationale de l'électricité et du gaz (Sonelgaz). Ce qui représente une proportion importante. Les raisons sont multiples. L'on peut citer les bidonvilles et autres cités non contrôlés par l'Etat ainsi que les piquages sur les poteaux. Il a été découvert, en outre, des réseaux clandestins dont la création a été favorisée par les opérateurs de la sous-traitance. C'est le constat, on ne peut plus amer, établi par le P-DG de la Sonelgaz, Nourdine Bouterfa. Quand on sous-traite, arguera-t-il, on développe un certain savoir-faire. “Et c'est ce savoir-faire qui a été perverti”, déplorera-t-il. Catégorique, M. Bouterfa a précisé que la décision de la sous-traitance de l'une des activités de l'entreprise nationale, à savoir le relevé du compteur, est un pur “échec”. “L'erreur première était d'abandonner le compteur”, a-t-il renchéri. Pour lui, il faut de prime abord un contrôle pour cette sous-traitance. “La sous-traitance pour la relève était un échec” Le sous-traitant, regrettera M. Bouterfa, a intérêt à ce qu'il y ait plus d'accidents. Car, plus le nombre d'accidents se multiplie, plus son chiffre d'affaires augmente. La contrainte la plus délicate à laquelle fait face également l'entreprise a trait, affirmera le P-DG, à la distribution. “La distribution est malade à cause des réseaux inefficaces et des activités commerciales insuffisantes”, avouera-t-il. D'où la décision de délaisser progressivement la sous-traitance et de reprendre enfin la relève. Abordant la lancinante question de l'augmentation des prix de l'électricité, le premier responsable de la Sonelgaz réitère sa position quant à la légitimité de leur revendication tout en soulignant que la décision revient au gouvernement. Il s'appuie pour cela sur l'appréciation de la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg) qui a reconnu la légitimité de la demande de hausse, introduite par le staff de l'entreprise aux autorités compétentes. “La Sonelgaz n'a jamais pu se comporter comme une entreprise du point de vue de ses revenus. Aujourd'hui, l'entreprise ne donne rien à l'Etat. Elle n'est pas profitable pour l'Etat”, relèvera-t-il. Par conséquent, et pour qu'elle ne soit pas un fardeau pour le budget de l'Etat, l'entreprise doit, avouera M. Bouterfa, se rémunérer par elle-même et devenir fiable et viable. Sinon, elle sera soumise aux aléas du budget de l'Etat. Le problème, selon lui, ne réside pas dans les capacités évaluées à 8 000 mégawatts (MW), et il est enregistré actuellement une production de 5 700 MW. Le problème se situe dans les coupures d'électricité. Ça se complique encore plus dans les régions du Sud, notamment à Biskra. M. Bouterfa citera même l'exemple de Chlef où le taux de pertes d'électricité est de l'ordre de 40%. Cela est essentiellement dû à la configuration rurale du réseau et une volonté délibérée de ne pas payer la consommation de l'électricité. Le P-DG a souligné, par ailleurs, que les intempéries et les fortes rafales de vent qui ont secoué la capitale, il y a quelques jours, ont endommagé quelque 32 lignes de moyenne tension qui sont tombées par terre et réparées, selon lui, en moins de 24 heures. Quant aux difficultés financières auxquelles Sonelgaz continue de faire face, M. Bouterfa, invité hier à une émission de la radio Chaîne III, répondra : “Il y a une volonté des pouvoirs publics d'assurer un confort et un équilibre aux citoyens. Et cela, ils ne peuvent l'obtenir entre autres qu'à travers l'énergie finalement.” Un chiffre d'affaires de 115 milliards de DA pour un investissement de 97 milliards de DA ! L'Algérie est dotée de richesses énergétiques mais le problème est, selon lui, lié au prix de conversion de cette énergie. Il existe une loi qui libéralise le secteur mais un article fondamental de ce texte stipule, précisera le P-DG, que l'Etat reste responsable du service public. L'Etat finance l'électrification rurale et les quartiers dits sociaux à 75% et la Sonelgaz prend en charge les 25% restants. Or, les tarifs devraient, d'après lui, suivre les coûts. “L'enveloppe, il faudrait bien la trouver quelque part pour réaliser cet investissement. Si on n'augmente pas les tarifs, d'où allons-nous les procurer ?” constatera M. Bouterfa. Il fera rappeler que le chiffre d'affaires de la Sonelgaz était de 115 milliards de DA en 2006, alors que les projets d'investissement sont de l'ordre de 97 milliards de DA. “Nous investissons ce que nous gagnons”, fera-t-il remarquer. Concernant le phénomène des délestages que subissent par intermittence les citoyens, M. Bouterfa reconnaît qu'aucune entreprise au monde ne peut garantir que ses installations ne peuvent être défaillantes et que ces coupures n'interviennent jamais. “Le délestage est un mode de fonctionnement électrique”, expliquera-t-il. Recrutement de 9 000 agents d'ici à 2009 Pour améliorer sa distribution, le groupe, composé de 28 filiales, va recruter quelque 9 000 agents d'ici à 2009. Car, en 1990, un agent de Sonelgaz gérait, d'après M. Bouterfa, 350 clients et aujourd'hui, il fait face à 1 500. Plus de 3 000 personnes ont été d'ores et déjà recrutées. Elles s'ajouteront aux effectifs estimés à 50 000 agents, dont 13 000 activent dans la distribution. Ce qui représente une masse salariale évaluée à 12% du chiffre d'affaires de la société. “Il faut, de nos jours, investir, recruter et former”, a déclaré le premier responsable. L'une des mesures prises récemment dans le cadre de la réorganisation de l'entreprise : placer au moins un universitaire à la tête de chaque agence. Ensuite, le groupe a décidé d'améliorer le système de gestion. Interrogé sur la récente décision de rabais des tarifs de l'électricité au profit des citoyens du Sud, le P-DG de la Sonelgaz tient à préciser qu'il n'y a pas de diminution des prix. C'est en fait, expliquera-t-il, une aide directe de l'Etat pour les populations du Sud prélevée sur le fonds spécial Sud. Ainsi, le citoyen du Sud aura la même facture que celle du citoyen du Nord avec un soutien quantifié de l'Etat. Une partie est donc versée par les pouvoirs publics à Sonelgaz et une autre est payée par le citoyen. “Les tarifs ne sont de ce fait pas touchés, et ce n'est aucunement une modification de la tarification”, indiquera M. Bouterfa qui a annoncé la révision du système de rémunération de l'entreprise pour le rendre plus attractif. Badreddine KHRIS