L'Assemblée annuelle des Nations unies s'ouvre demain à New York. De nombreux chefs d'Etat ont commencé à arriver à New York, parmi lesquels le président algérien Abdelaziz Boouteflika qui participera à la 59e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Ainsi, plusieurs chefs d'Etats ont prévu de prendre la parole demain, -lors de l'ouverture solennelle des travaux-, devant leurs pairs venus du monde entier. L'un des discours les plus attendus est incontestablement celui que prononcera le président américain, George W. Bush, au regard de la situation chaotique dans laquelle est plongé l'Irak occupé. De fait, l'Irak, la situation au Proche-Orient et le terrorisme sont les thèmes essentiels de la cinquante-neuvième session de l'Assemblée générale de l'ONU, qui débattra également de la réforme envisagée du Conseil de sécurité. De fait, ces thèmes récurrents de l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations unies reviennent régulièrement, chaque année, devant cette auguste assemblée, sans que pour autant une solution leur soit trouvée. C'est singulièrement le cas du dossier palestinien qui reviendra pour la 57e fois devant cette instance internationale. Mais la préoccupation majeure de la communauté internationale, en ce début incertain de troisième millénaire, demeure l'offensive du terrorisme international et la situation induite en Irak par l'invasion des armées américano-britanniques le 19 mars de l'année dernière. La prise de position du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, -à quelques jours de l'ouverture de l'Assemblée générale-, sur la légalité de cette invasion et la guerre qui s'en est suivie, quoique venue un peu tard, n'en remet pas moins les pendules à l'heure et contribue à recentrer le débat sur les prérogatives de l'ONU et notamment du Conseil de sécurité dans la préservation de la sécurité dans le monde, prérogatives quelque peu phagocytées par la superpuissance mondiale américaine. Ainsi, les propos de M. Annan sont sans ambiguïté lorsqu'il affirme: «Je suis l'un de ceux qui croient qu'il aurait dû y avoir une deuxième résolution du Conseil de sécurité des Nations unies pour donner le feu vert à l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis qui a renversé le régime de Saddam Hussein» précisant: «J'ai indiqué que cela n'était pas en conformité avec la Charte des Nations unies de notre point de vue et de celui de la Charte». En termes diplomatiques le secrétaire général de l'ONU confirme ainsi que les Etats-Unis avaient agi de leur seule initiative en Irak, hors du cadre du droit international, mettant la communauté internationale devant le fait accompli. Contestant les propos du premier responsable de l'ONU, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a ainsi dit que «le secrétaire général (de l'ONU) a tort. Nous pensons que la guerre était nécessaire et était basée sur les principes de la loi internationale». Aux yeux des Américains, le monde entier a tort et seuls les Etats-Unis ont raison, fussent-ils contre tous, interprétant la loi internationale selon leurs besoins et motivations, comme s'il pouvait y avoir d'autres lectures du droit et de la loi internationaux que celles qu'en fait l'ONU et que répercute son secrétaire général. Or, les Américains semblent dire au monde que la seule interprétation de ce droit et loi qui soit conforme est celle allant dans le sens voulu par les Etats-Unis, autrement dit dans le sens des intérêts du seul Etat détenant la superpuissance et qui impose de la sorte ses visions de la paix et de la sécurité au monde entier. Mais, on doute que le débat devant l'Assemblée générale de l'ONU approfondisse cette question. Toutefois, de nombreux responsables internationaux restent sceptiques quant à la décantation de la situation en Irak marquée par une virulente recrudescence de la violence faisant craindre une guerre civile dans ce pays. Cela n'empêche pas le président Bush de dire son optimisme quant à l'avènement de la démocratie en Irak, révélant les grandes lignes de ce qu'il dira demain à New York, indiquant: «Devant les Nations unies, je vais faire de nouvelles propositions pour étendre la prospérité et accélérer la marche vers la liberté dans le monde» affirmant: «Jamais auparavant dans l'histoire des Nations unies, nous n'avons eu autant d'occasions de créer un monde plus sûr en bâtissant un monde meilleur. Pour le bien de notre sécurité commune, et pour le bien de nos valeurs communes, la communauté internationale doit se montrer à la hauteur de ce moment historique. Et les Etats-Unis sont prêts à diriger (ce mouvement)». C'est-à-dire qu'en tant qu'unique puissance mondiale, les Etats-Unis se donnent le droit de diriger le monde et se disent prêts à le façonner à leur mesure, s'ingérant ainsi de plus en plus dans les affaires d'Etats théoriquement souverains (cf, l'initiative du Grand Moyen Orient, les résolutions sur le Soudan (violences au Darfour), le Liban (mandat d'Emile Lahoud) et le nucléaire iranien, adoptées, sous la pression américaine, par le Conseil de sécurité de l'ONU et le Conseil des gouverneurs de l'Aiea, parmi les toutes récentes interventions américaines dans les affaires internes de ces pays). Aussi, le problème du terrorisme, réel en fait, demeure-t-il en filigrane, la priorité de Washington étant l'imposition au monde du nouvel ordre américain dont, le Panama hier, l'Irak et l'Afghanistan aujourd'hui en donnent l'image la plus probante. Dès lors, la question de la réforme du Conseil de sécurité, qui viendra en discussion la semaine prochaine, risque d'être de la simple poudre aux yeux.