Les histoires de voisinage avec tout le vacarme créé ne commencent à devenir désagréables qu'au moment où elles arrivent à la barre! Il arrive souvent que l'on assiste à des échanges chauds avec des tirs nourris à la limite de l'écorchement d'une des parties présentes au procès! Il arrive aussi que des drames soient étalés suite à des plaintes graves. Cette histoire de diffamation entre deux voisines dont les répliques gonflées à bloc par le bouche-à-oreille du voisinage ont atterri à la barre où les répliques le disputaient aux répliques. Une diffamation jamais prouvée, mais enfin. La justice, c'est aussi des histoires à dormir debout. La charmante présidente de la section correctionnelle a eu beaucoup de mal à suivre trois femmes dont deux sont voilées et très bien même, ce qui poussera la juge à réclamer deux faces dévoilées, le temps du procès. Puis les débats débutent par le flot de questions de la magistrate... Les cris, les pleurs, les mots et les maux dépassent souvent la pensée. Par exemple, le fait qu'elle cuise les galettes qu'elle revend a été balancé à la barre. Même la juge a oublié cinq secondes le statut de victime pour poser deux questions pertinentes et les réponses vont édifier le trio de magistrats qui s'amuseront bien lors des échanges vifs indirects de l'avocate et de la victime. Maître Akila Teldja Drif, l'avocate de l'inculpée ne veut pas entrer dans la «Mare au diable». Elle reste dans le droit pur, et donc dans le dossier. Elle réfute au passage les accusations de la victime qui avait affirmé que l'inculpée mettait un short et un débardeur chez elle, alors qu'aujourd'hui, elle est en hidjab noir et en foulard grenat. La défense rejette en totalité les accusations de la victime qui est là, nous le soulignons, en «sainte-nitouche» qui n'a rien d'une pratiquante, mais seulement tentant une diversion avec sa manière de s'habiller. «Restons dans le dossier, et c'est tout», articule la charmante avocate qui savait que le tribunal avait saisi les mots qu'elle venait de débiter à propos du port du hidjab, même si cela relève des libertés des gens. Or, en justice, tous les coups sont permis, mais jamais à la traître... Les avocats arrivent dans une juridiction, prêts à jouer le rôle attendu par les deux bras de la «balance». Certains entrent en trombe, armés jusqu'aux dents de coups fourrés, de coups bas, au niveau du ventre et du thorax, tout en respectant l'éthique du droit à la défense. De l'autre côté, le représentant du ministère public s'attend évidemment aux «ruses» de barre et donc, est prêt à rendre coup pour coup, au cou ou à la nuque. Façon de parler ou d'écrire autour des vertes et des pas mûres que nous récoltons dans les salles d'audience. Mais Maître Akila Teldja-Drif s'était hasardée au nom des règles du jeu qui veulent qu'à la barre, tous les goûts et coups sont permis au nom du droit de la défense, juste de quoi faire avaler des couleuvres au tribunal. Le sourire en coin, l'avocate d'Alger-Centre d'ajouter: «Si je ne savais pas que les photos ne sont pas les bienvenues dans une salle d'audience, je pourrais, avec la permission du tribunal bien sûr, exhiber deux photos de la partie plaignante dans une tenue légère et au balcon SVP!» La présidente fait «non!» de la tête, des épaules et du buste. La loi est la loi! Maître Drif crache son plus beau sourire et bat des cils qui laissent entrevoir ses yeux de biche effarouchée en pleine entrée de la forêt des Ouadhias en ce début de printemps 2015. Evidemment, cette histoire de port de short dehors et du hidjab dans la salle fait partie de jeux de déstabilisation, et la magistrate du siège tout comme la représentante du ministère public n'en a cure. Elle est là. Elle a à sa droite deux justiciables voilées. Le reste relève de la vie privée... Pour en revenir aux débats, ils prendront fin avec la sage décision de mettre le verdict sous huitaine pour un examen approfondi des arguments, surtout ceux de l'avocate d'Alger qui a l'art de plaider certes, lentement, sûrement mais «lourdement» sur le plan du mental de ceux qui l'écoutent. La juge du jour d'ailleurs n'a pas pu s'empêcher de lancer un vif et sincère: «Oui, Maître» à chaque fois que Maître Drif-Teldja balançait un argument juridique de poids. Et c'est ça la défense. Elle est le garant des libertés des gens et de la protection de l'honneur des familles: tout comme les... magistrats proprement dits et les vrais, SVP, pas les exécrables, les à-plat-ventristes car, comme dirait le grand Karim Koussa, le procureur en titre du tribunal de Koléa (cour de Tipasa): «Il n'y a pas de magistrature forte sans défense forte!» Bien dit, parquetier au comportement honorable là où il exerce.