Si Chafia Maâlem la juge d'Oran était une maîtresse d'école, elle aurait eu «l'Oscar» des coups de règle sur les phalanges! Ouh là, là... Venu très tôt dans El Bahia encore en fête avec ses rideaux métalliques baissés, Maître Toufik Boussekine, l'avocat de Maghnia n'était pas du genre à être pessimiste dans les dossiers de trafic de drogue surtout qu'en arrivant à Oran défendre Miloud Ghaza impliqué jusqu'aux genoux aux côtés des autres accusés, deux gus qui ne sauront pas se défendre malgré les efforts de leurs conseils, une jeune blonde constituée d'office de Tlemcen et Maître Akila Drif d'Alger il avait une nette idée de la «maestra» de la présidente du tribunal criminel dont le regard est exactement le revers du boulot effectué durant les quelques heures d'où sont bannis les bavardages, les répétitions, les coups dans l'eau et les incidents qui n'ont rien à voir avec les éléments du dossier, mais plutôt de l'environnement. Il faut vite préciser que dans la capitale de l'Ouest, grâce au pôle judiciaire implanté pour toute la région, les enquêteurs relevant aussi bien de la Dgsn que de la gendarmerie ont bien appris à bosser lors de leurs investigations et donc maîtrisent aussi bien les procédures que la manière de prendre avec les amateurs narcotrafiquants de tous acabits. Et c'est ainsi que les magistrats travaillent le jour «J», au moment où les accusés solidement encadrés par les mastodontes de la Dgsn comparaissent avec le secret espoir d'user de dribbles et autres coups fourrés histoire, de contredire les procès-verbaux de la police judiciaire qui demeurent aux yeux du parquet du moins, des versets coraniques, oui, comme le permet la loi, chaque juge du siège c'est-à-dire celui qui détient le pouvoir de décider du sort des justiciables, est ligoté par l'arrêt de renvoi. Un arrêt qui a «voyagé» depuis le juge d'instruction et son ordonnance de renvoi, le juge du tribunal après la chambre d'accusation et le trio de magistrats du tribunal criminel dans ce cas d'espèce. Un chemin douloureux pour tous... Miloud Ghaza et ses deux compères Abdelkrim Houari et H'mida défendus par une jeune blonde désignée d'office, l'accusé étant un démuni à faire pleurer un pachyderme ou un alligator... Les débats étaient cools même si, pour ce dossier, Chafia Maâlem la présidente avait comme aides de camp, outre la discrète Dani, le fougueux et beau représentant du parquet, Mohamed Bouazza, un magistrat qui traîne dernière lui plus d'un quart de siècle de procès toutes sections et chambres confondues. Oui, l'assesseur de gauche a été tranchant et probablement, durant les délibérations, son avis a pesé très lourd dans la balance, une balance où les deux jurés n'y ont vu que du feu, puisqu'ils sont nettement minoritaires... Pourtant, les 27 kg de came trouvés chez Houari et les 11 autres trouvés devant le home de Ghaza et nous écrirons même si le poids de la came a été donné dans le désordre, peu importe: les enquêteurs ont été efficaces!... à part les quelques ratés d'énoncés. D'ailleurs, dans sa brève mais percutante intervention, Maître Teldja Drif a axé une bonne demi-dizaine de minutes à la bizarrerie qu'elle a bien voulu étaler face au tribunal criminel: «On nous dit que les policiers, en arrivant chez H'mida, l'ont vu sauter le mur, un sachet à la main avant de s'apercevoir quelques secondes plus tard que le même sachet était tombé sur la chaussée. Ce n'est pas logique, Mme la présidente. Ce n'est pas logique que des policiers chargés de la lutte contre les trafiquants de came, assistent à la fuite du suspect sans tenter de le rattraper. Non! Franchement. Ça ne marche pas comme chute! «avait clamé l'avocate aux yeux de biche à la vue d'un fauve...en liberté du côté du Parc des loisirs. Mieux! Maître Toufik Boussekine qui a préféré plaider les circonstances atténuantes pour Ghaza son client, a eu deux minutes pour prendre la défense (partiale) de Houari, le client de Maître Akila Drif en appuyant le questionnement relatif au fameux coup de fil de Houari Abdelkrim en direction de Ghaza. «Là aussi, Mme la présidente, c'est illogique comme l'a souligné ma consoeur d'Alger. L'histoire de ce coup de fil est une pure invention des éléments de la police judiciaire qui ont «pressé» la copine de témoigner contre son fougueux amoureux. C'est tout!» a martelé la jeune avocate l'air grave. Rappelons là aussi que Maître Drif avait vivement salué la copine qui a mis à terre le témoignage présenté au juge d'instruction en lui affirmant que les policiers étaient venus la chercher pour lui dicter ce qu'elle devait déclarer au juge d'instruction: «Là aussi Mme la présidente, l'amour a été plus fort que l'interrogatoire «serré» et «non productif» de la copine.» Après que le procureur général eut réclamé une peine de réclusion criminelle de 20 ans pour Houari, H'mida et Ghaza, Maâlem sort délibérer avec Dani et Bouazza ainsi que les deux jurés et revient sereine pour lire le dispositif donnant trois condamnations fermes, de 8 ans, 5 ans et 12 ans. Aussitôt, Maître Boussekine voit le pourvoi pointer à l'horizon en n'oubliant pas qu'il avait dit au cours de sa plaidoirie: «J'espère qu'un jour, nos magistrats se déplaceront à la frontière algéro-marocaine pour voir en direct live les déplorables conditions de vie des habitants. Alors, ne nous étonnons pas si pour 50.000 ou même 30.000 DA, un jeune Algérien accepte le transport de sachets suspects ou encore des caisses fermées t contenant du poison venu de l'Ouest de... Maghnia.