La salle El Mougar reflétait hier une image très fidèle des positions des uns et des autres au sein du parti. La journée parlementaire organisée hier par le FLN à la salle El-Mougar à Alger a confirmé encore une fois que la crise qui secoue l'ex-parti unique est loin de connaître son épilogue. Le discours de Belkhadem, qui s'est posé en véritable réunificateur, n'a pas eu l'effet escompté. La mission du chef de la diplomatie algérienne est plus compliquée que jamais à quelques semaines de la tenue du 8e congrès du parti. L'assistance présente hier à la salle El Mougar reflétait une image très fidèle des positions des uns et des autres au sein du parti. Premier incident: le ministre du Tourisme Mohamed Seghir Kara quitte la salle, Amar Tou, venu en retard, donne l'air de s'intéresser très peu à la rencontre, préférant rester au fond de la salle avec la presse, idem pour Abderrachid Boukerzaza, ministre délégué chargé de la Ville. Ces derniers n'ont pas digéré la présence d'Abdelkrim Abada au niveau de la tribune officielle, mais surtout le fait qu'on le présente comme «coordinateur national chargé de la gestion des affaires du parti». «Pour nous, sa mission se limite à expédier les affaires courantes du parti en attendant le congrès», précise Amar Tou, en marge de la rencontre. Abada stigmatise cette position et l'a mise sur le dos des cercles voulant «déstabiliser» le parti. «Ce sont d'ailleurs ces mêmes parties qui bloquent le travail des bureaux des sous-commissions préparatoires du 8e congrès». Les luttes intestines entre les militants du FLN ont resurgi donc à la faveur de cette rencontre, au moment même où le président de la commission nationale Commission préparatoire du 8e congrès tenait son discours. «Le FLN passe une période difficile. Il est dans une position très inconfortable. Vous êtes appelés à relever le défi», précise-t-il. Et à Belkhadem de citer les cinq instructions adressées aux militants du parti, après les séries d'évènements qui se sont succédé ces derniers mois. Le discoureur commence tout d'abord par dénoncer les «règlements de compte», au sein du parti. Le message est dirigé spécialement pour «les assemblées élues». «Vous devez oeuvrer pour l'intérêt du parti, loin des vengeances et des arrières-pensées conjurées par la crise». Le FLN est un parti uni, défend-il. «Il n'y a plus d'aile pro-Benflis ou une autre pro- Bouteflika, le parti appartient à tous les Algériens sans exception». En abordant «les retraits de confiance», Belkhadem semble plus s'adresser aux redresseurs qui n'ont pas manqué de réclamer le «butin de guerre» au lendemain de la présidentielle. Ces mêmes redresseurs qui plaident pour l'exclusion des militants proches de Benflis, comme c'est le cas des «redresseurs libres». Belkhadem aborde également la relation entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, en appelant à une meilleure coordination entre les deux instances. Il tient à souligner que «le FLN adopte le programme du président». Et d'ajouter: «Les députés doivent soutenir le gouvernement pour qu'il n'y ait pas de divergences, dans la mesure où nous sommes majoritaires, aussi à l'Exécutif». Bref, le FLN doit s'entendre sur ses positions, semble expliquer Belkhadem. Pour faire comprendre cette mise en garde, l'orateur se montre plus prolixe dans sa troisième instruction, en mettant en garde les militants contre les campagnes de manipulation: «Le parti est visé. Pour cela, je vous demande de faire attention en prenant le soin de vérifier tout ce qui se dit et s'écrit autour du FLN». Et Belkhadem de préciser: «Nous vous tiendrons au courant de toutes les décisions que le parti sera appelé à prendre, soit en coordination avec l'alliance stratégique, soit à titre individuel et ce sera votre seule référence». Une allusion claire au débat sur le code de la famille. En effet, des partis politiques tels que le MSP et le MRN ont évoqué l'appui du FLN dans leur campagne contre les amendements apportés à ce texte. Le FLN qui ne s'est pas prononcé officiellement sur cette question, a néanmoins donné le ton sur ce que va être sa position, une fois le dossier mis sur la table de la chambre basse. Belkhadem a traité du 8e congrès du FLN. N'évoquant aucune date, il a néanmoins tenu à préciser que «l'ensemble des sous-commissions rendront leur rapport final avant la fin du mois», et d'ajouter que «les deux derniers documents seront remis au plus tard mardi». De plus, Belkadem a annoncé que les comités de wilaya de préparation dudit congrès seront installées début octobre prochain. Le ministre des Affaires étrangères a rassuré les militants sur le fait que ce rendez-vous consacrera la réunification du parti «sans exclusion aucune». Une manière aussi de discréditer la démarche «des redresseurs libres», lesquels se sont adressés récemment au président de la République. «Le 8e congrès sera une occasion pour enterrer les divergences et oeuvrer pour un parti fort et uni», a-t-il précisé. Il a ajouté plus loin qu' «il n'y a pas de crise institutionnelle. Le pays ne s'est jamais porté aussi bien dans tous les domaines». Belkhdem quitte la salle sur ces notes d'espoir pour présider une rencontre avec ses ministres, en invitant les députés à continuer les débats. Chose qui ne s'est pas produite. La salle s'est vidée aussitôt après que le président de la Commission nationale préparatoire du 8e congrès eut terminé son discours. Apparemment les députés du FLN n'avaient rien à se dire.