Après le OK de l´Ugta, le ministre de l´Energie et des Mines obtient un blanc-seing du Parlement après cinq ans d´atermoiements. Le projet de loi sur les hydrocarbures a été adopté, hier, par l´Assemblée populaire nationale (APN) à une large majorité. Le texte a été rejeté par le Parti des travailleurs (PT), alors que le Mouvement El Islah s´est abstenu. Aucun amendement n´a été apporté au projet de loi qui comporte 114 articles à l´exception de deux reformulations d´articles. Une légère modification ayant trait uniquement à la forme. A rappeler que la commission économique avait enregistré, la veille, 84 propositions d´amendements proposées en grande partie par le PT. Cette formation politique minoritaire au sein de l´APN s´est trouvée complètement esseulée lors de cette "épreuve" qu´elle a, faut-il le reconnaître, traversée avec toute l´abnégation d´un parti d´opposition qui s´est assigné la mission de défendre le secteur public et les travailleurs. Louisa Hanoune, au sortir de l´hémicycle avait les yeux embués de larmes, elle fulminait mais gardait néanmoins toute sa verve et son éloquence dont elle a habitué son auditoire. Sa voix était devenue plus caverneuse et enrouée du fait de ses multiples interventions à gorge déployée à vouloir coûte que coûte, avec l´énergie du désespoir, convaincre ses collègues de l´auguste assemblée à entériner les quelques 73 amendements introduits par son parti. Mais c´était peine perdue car tout indiquait que le texte allait passer tel que conçu par le ministre de l´Energie et des Mines. Ce dernier gardait la tête froide. Sa sérénité le confortait dans sa ténacité à batailler pour un texte qu´il juge décisif pour l´avenir de la mamelle nationale devenue à la faveur de cette nouvelle loi une entreprise commerciale sans autre statut que celui qui lui est désormais dévolu. Devant la presse, il paraissait aux anges. Il venait de triompher en dépit des retards et des atermoiements d´une Centrale syndicale rétive au départ mais qui a fini par abdiquer et une résistance des arcannes qu'on soupçonne faisant partie des rentiers. Jubilant et euphorique, il a rétorqué aux interrogations des journalistes que " ce texte est passé après cinq ans de retard. Il permettra une séparation des rôles.Elle deviendra une SPA et l´Etat aura un rôle régulateur". Pour lui, pareil dispositif législatif n´est point synonyme de privatisation. Au contraire, "cette loi renforcera Sonatrach qui pourra multiplier ses recettes". Auparavant, immédiatement après l´adoption du projet de loi, il eut ce geste machinal de lire un discours déjà prêt dans lequel il félicitait la sagesse et la maturité des députés de la première chambre: «Je vous remercie pour ce vote, a t-il dit alors que Louisa Hanoune hochait la tête par dépit», c´est un acquis non seulement pour le secteur des hydrocarbures mais également pour toute l´économie nationale". Après le OK de l´Ugta, le ministre de l´Energie et des Mines obtient un blanc-seing du Parlement après cinq ans d´atermoiements. II faut dire qu´on était loin de la cacophonie qui ressemblait presque à de la mutinerie qui avait caractérisait l´hémicycle Zighout-Youcef lors du passage de la loi de finances 2005 devant l´APN. Les parlementaires issus de l´Alliance présidentielle incarnée par les partis politiques FLN, RND et MSP se sont montrés disciplinés en suivant minutieusement les consignes qui leur ont été données au cours de la journée parlementaire organisée à la salle El Mougar par leurs chefs de file. Si la discipline a bien régné hier entre les alliés, l´opposition a fait piètre figure. Le jeu était biaisé et les dés jetés d´avance. El Islah n´a fait que s´abstenir depuis le début de la séance, du vote donnant l´image d´un parti absent non concerné par ce qui se passe dans les travées. Certains députés qui fustigeaient le texte et maudissaient son concepteur et les jours sombres à venir dans les coulisses à l´intérieur de la salle, levaient avec un automatisme déconcertant la main en signe d´approbation au texte dans sa mouture initiale sans grande conviction. Pour la porte-parole du PT : "C´est une loi américaine élaborée par le bureau d´étude Roberts et ceci est vérifiable sur Internet. Ce n´est ni plus ni moins qu´une dénationalisation de nos principales richesses. Ceci est d´une extrême gravité. C´est la souveraineté de notre pays qui est en jeu. La bataille n´est pas finie, elle fera partie de notre campagne (allusion faite aux prochaines élections anticipées). Nous saisirons le Conseil constitutionnel car la Constitution a été piétinée. Nous continuerons à nous battre".