Raids aériens et combats meurtriers se sont poursuivis hier au lendemain de l'appel de l'ex-président Ali Abdallah Saleh à ses alliés rebelles chiites de se retirer des zones conquises pour permettre la reprise d'un dialogue. L'influent M. Saleh a demandé aux rebelles Houthis d' «accepter et appliquer» la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant leur retrait, afin que cessent les frappes qu'une coalition arabe mène contre eux depuis un mois. Mais les Houthis avaient fait de l'arrêt des raids de la coalition dirigée par Riyadh un préalable à leur retrait. Les Etats-Unis, par la voix de leur secrétaire d'Etat John Kerry, ont également souhaité l'organisation de pourparlers. «Nous avons besoin que les Houthis et ceux qui ont de l'influence sur eux soient prêts à rejoindre la table des négociations», a déclaré M. Kerry. «J'espère que dans les jours à venir il y aura une désescalade et que nous pourrons nous retrouver dans un endroit où des négociations pourront se tenir», a souhaité le chef de la diplomatie américaine, alors qu'un nouveau médiateur onusien pour le Yémen vient d'être désigné, le précédent ayant démissionné. Dans le sud du Yémen, au moins 38 personnes sont mortes hier dans des combats entre rebelles et partisans du président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, tandis que des raids de la coalition arabe ont ciblé des positions rebelles à Aden, la deuxième ville du pays, et dans la province voisine de Lahej. Riyadh avait annoncé mardi l'arrêt des bombardements intensifs, mais les Saoudiens s'étaient réservé le droit d'intervenir de nouveau si des mouvements rebelles se faisaient menaçants. Au moins sept combattants pro-Hadi et 22 rebelles ont été tués lors d'affrontements à l'aube à Dhaleh, au nord de la grande cité portuaire d'Aden, selon un responsable. Plus à l'est, dans la ville de Loder, des combattants fidèles au président Hadi ont tué neuf rebelles dans une attaque au lance-roquettes RPG, selon un autre responsable local. Des combats ont également eu lieu à Aden, où des positions rebelles ont été la cible à l'aube de raids aériens de la coalition, selon des militaires loyalistes. Le palais présidentiel, où le président Hadi avait trouvé refuge après avoir fui la capitale Sanaa en février et avant de s'exiler en Arabie saoudite en mars, a notamment été visé. Ce bâtiment est aujourd'hui aux mains de la rébellion. Juste au nord d'Aden, dans la province de Lahej, les avions de la coalition menée par Riyadh ont frappé la base militaire d'Al-Anad, qui abritait des troupes américaines avant leur évacuation à cause du conflit et qui est désormais tenue par les rebelles chiites. Tard la veille, de violents combats avaient eu lieu dans la province de Marib (est), selon des officiers et des témoins, sans qu'aucun bilan ne soit pour l'heure disponible. Plus de 1000 personnes, dont une moitié de civils, ont été tuées et 4352 blessées au Yémen entre le 19 mars et le 20 avril, selon un bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). D'après l'ONU, au moins 115 enfants sont morts dans les hostilités. Amnesty International a demandé l'ouverture d'une enquête sur les morts de civils dans des raids aériens. Les précautions nécessaires n'ont pas toujours été prises pour minimiser les souffrances des civils», a affirmé le vice-directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord de l'ONG, Saïd Boumedouha. «Il est crucial que des enquêtes impartiales et indépendantes soient menées pour savoir si la loi humanitaire internationale a été violée», a-t-il ajouté. La situation humanitaire au Yémen est catastrophique, ont mis en garde de nombreuses reprises les organisations internationales, et la population de ce pays pauvre de la péninsule arabique manque de tout.