Ils sont venus de Sétif, d'Oran, des Aurès, de Sidi-Aïch, de Maghnia, de Réghaïa, d'Alger et de Béjaïa. Ils étaient des dizaines juste après 8h du matin, puis des centaines à 9h. A 10h, ils étaient carrément des milliers à prendre d'assaut le siège de l'Ugta. L'esplanade de la Maison du peuple avait du mal à contenir une foule qui grossissait au fur et à mesure que les minutes s'égrenaient. A l'appel de la Fédération nationale des industries agroalimentaires, ils sont venus des quatre coins du pays pour assister au sit-in programmé pour dénoncer la situation peu reluisante du secteur public qui emploie pas moins de 90.000 travailleurs dont 70.000 sont affiliés à l'Ugta. Ils sont venus de Sétif, d'Oran, des Aurès, de Sidi-Aïch, de Maghnia, de Réghaïa, d'Alger et de Béjaïa. Ils ont fait pour la plupart des centaines de kilomètres pour assister au rassemblement devant la Centrale syndicale, pour crier comme un seul homme: «Non à la privatisation du secteur public agroalimentaire». Brandissant des banderoles où l'on pouvait lire: «Non à la paupérisation des travailleurs et de leurs familles», «Non au bradage du secteur public» ou d'autres encore qui dénoncent la «politique antisociale du FMI», les travailleurs des différentes filiales du secteur de l'agroalimentaire notamment l'Encg, l'Eriad, les laiteries etc. sont restés durant des heures debout devant l'entrée du siège de l'Ugta. «Nous détenons un patrimoine riche mais nous sommes pauvres» assénera un syndicaliste de la filiale des «Moulins d'Oran». «L'assainissement de notre filiale s'est déroulé dans une opacité totale» dira-t-il. Un autre affirmera pour sa part que «les pouvoirs publics ont créé sciemment toutes sortes de problèmes pour couler les entreprises relavant de l'agroalimentaire». Révolté, un représentant syndical de l'Eriad Sétif soulignera gravement: «Nous faisions un bénéfice net de trois milliards de centimes et du jour au lendemain nous sommes devenus déficitaires». «Nous sommes contre la vente du patrimoine public au dinar symbolique» lancera-t-il. 10 heures passé, les travailleurs à l'appel des responsables syndicaux, montent à l'étage pour assister à l'assemblée générale de la Fédération des industries agroalimentaires. Tour à tour, Kamel Benabbou secrétaire général de la Fédération agroalimentaire, Abdelkader Malki, chargé de la communication au sein de l'Ugta, ainsi que d'autres syndicalistes ont pris la parole dans une salle archicomble. Comme d'habitude c'est M. Benabbou avec sa verve habituelle de faire monter les enchères. «L'Etat a programmé depuis plus de 20 ans la destruction du tissu industriel public avec sa politique de restructuration». «Ils sont venus en finir avec le secteur public sans l'aval du partenaire social» se cabre le responsable de la Fédération agroalimentaire. Abdelkader Malki, quant à lui, comme dans toutes ses interventions précédentes a voulu être rassurant en ce qui concerne ce dossier épineux. Tout de go les reproches des travailleurs présents pleuvent. «Pourquoi Sidi-Saïd n'est pas venu nous soutenir» s'élèvent des voix dans le foule des travailleurs. Tout de même un peu gêné, M. Malki dira que le secrétaire général de l'Ugta est absent depuis trois jours. Néanmoins, le n°2 de la Centrale syndicale soutiendra tout au long de son intervention que le dossier de l'agroalimentaire est entre les mains de Sidi-Saïd qui le soumettra à la prochaine bipartite à l'instar d'autres dossiers. «Nous ne sommes pas contre le principe des réformes engagées par le gouvernement mais nous voulons des réformes dans la transparence et dans la visibilité avec l'association de l'Ugta et de la Fédération agroalimentaire», dira M.Malki à l'adresse des travailleurs qui commençaient par petits groupes à quitter la salle. Cela n'empêchera pas d'affirmer que l'Ugta est constamment en con-tact avec le gouvernement pour trouver des solutions aux problèmes soulevés par la Fédération nationale de l'agroalimentaire. «On veut un secteur public compétitif» réitère M.Abdelkader Malki. Dans une rencontre improvisée avec les journalistes, M.Kamel Benabbou menace toujours d'investir la rue. Si aucune action n'a été décidée dans ce sens, hier, lors de l'assemblée générale, le secrétaire général de la Fédération nationale des industries agroalimentaires promet d'appeler les 70.000 travailleurs de son secteur à investir les rues d'Alger, dans le cas où aucun compromis ne serait trouvé après la prochaine tripartite qui devrait avoir lieu en novembre prochain. Signalons, par ailleurs, que les députés du Parti des travailleurs était, hier, présents aux côtés des travailleurs contestataires à la Centrale syndicale. Dans une motion de soutien distribuée à la presse, le PT a tenu à appuyer la fédération dans son combat pour la préservation des emplois.