La crise se corse davantage au FLN. La décision de tenir le Xe congrès les 28 et 29 mai prochain est loin d'apaiser les tensions au sein de l'ex- parti unique. Bien au contraire, la nouvelle a enflammé la base et les militants. Le Xe congrès risque d'être sérieusement celui qui consacrera la fracturation du parti. Le secrétaire général du parti Amar Saâdani va payer cher l'exclusion des membres du comité central de la préparation du Xe congrès. Ses opposants sont de plus en plus nombreux sur le front. Après la lettre adressée par 118 députés au président de la République, les jours de Saâdani sont sérieusement comptés à la tête du parti. L'annonce unilatérale de la date du congrès sans la réunion du comité central vient encore rajouter une autre couche. Ses adversaires menacent de renverser la base contre lui en rejetant un congrès cousu sur mesure. Quelles que soient leurs divergences, ils sont tous unanimes à dire que seul le comité central, instance suprême du parti, est habilité à préparer et à fixer la date du congrès. Abdelaziz Ziari, ancien président de l'APN et membre du comité central «On va mener une action en justice» «C'est le coup de force qui se poursuit. Les statuts du parti sont violés en permanence. S'il y avait un peu de bon sens et de sagesse, ce congrès serait une occasion pour nous réunir, redonner de la vigueur au parti et une direction incontestable et incontestée. C'est mon souhait et bien évidemment le souhait des militants du parti. Seulement voilà, M.Saâdani mobilise le parti pour ses propres intérêts et sa propre personne. Ils nous appartient à nous les militants de nous concerter, de réagir et de mon point de vue de mener une action en justice. En tout cas nous ferons ce qu'il convient de faire dans la stricte légalité et nous attendons en plus la réaction de nos militants de base. Dans un Etat de droit, il ne peut pas organiser le congrès car tout ce qui est fait est en dehors des statuts du parti. Les conditions légales ne sont pas respectées. Si congrès il y aura ce sera un congrès préfabriqué. La crise du FLN, sa déstabilisation se répercutera nécessairement sur la société et l'Etat dans la mesure où le FLN est l'assise même de l'Etat. M.Saâdani doit se retirer pour ne pas mettre le parti en danger. A ce titre, il faut rendre hommage à Ahmed Ouyahia, secrétariat général du RND, qui voyant un mouvement de contestation au sein de son parti a eu l'élégance de se retirer sans mettre en danger le RND.» Abdelkrim Abada «C'est un congrès illégal» «C'est une violation flagrante des statuts particuliers du partir. C'est le comité central qui est habilité à préparer le congrès et à fixer la date et non pas Saâdani», a martelé le chef de file du mouvement de redressement et de l'authenticité, Abdelkrim Abada. Contacté par nos soins, cet opposant de Saâdani rejette carrément cette démarche. «Nous n'allons pas marcher dans ce sens», a-t-il clamé en précisant que «c'est un congrès cousu sur mesure». M.Abada menace de mobiliser la base pour mettre fin au piétinement des statuts. «Nous allons nous réunir et faire bouger la base pour dénoncer la gestion unilatérale du parti par une bande», a-t-il averti en promettant de multiplier ses actions de contestation sur le terrain. Salah Goudjil «C'est une conférence et non pas un congrès» «Lorsqu'on dépasse la mesure, il n'y a plus de limite», a déclaré Salah Goudjil en préambule pour résumer clairement la situation. Joint par téléphone, ce sénateur et ancien membre influent du parti, estime qu'on ne peut pas organiser un congrès du jour au lendemain. «Le congrès a ses règles suivant les statuts intérieurs du parti et la loi organique sur les partis et si ce n'est pas un congrès il peut être une conférence», a soutenu notre interlocuteur en précisant que «le plus important est que la date du congrès ne peut être fixée que par le comité central». Sans l'aval du comité central, Goudjil avance que le parti va vers un congrès constitutif. «Nous allons rentrer dans un autre tunnel», a-t-il averti. M.Goudjil qui a mené une bataille contre Belkhadem promet de sortir de son mutisme pour dénoncer la situation de crise et la politique de fuite en avant adoptée par la direction de Saâdani. Abderahmane Belayat «Des comités de crise seront installés» «Je ne veux pas réagir sur des rumeurs», a tenu à préciser Abderahmane Belayat qui dit qu'il s'agit d'une intox. «Il n'est pas du ressort de qui que ce soit de fixer la date du congrès car le comité central ne s'est pas réuni depuis le 24 juin 2014», a affirmé l'ancien coordinateur national du bureau politique. «Lorsque le comité central se réunira le 27 mai prochain il fixera une date du congrès», a-t-il dit. M.Belayat menace de passer directement à l'action. «Je vais installer des comités de crise au sein des mouhafadhas du FLN dès demain sous l'appellation de comité de vigilance, de résistance et de refus», a-t-il fait savoir. Kassa Aïssi «Pour nous, tout est illégal depuis le 29 août 2013» «Tout ce qui est fondé sur une chose illégale entérine de l'illégalité», a estimé Kassa Aïssi, ancien porte-parole du parti. Dans une déclaration faite à notre quotidien, ce militant soutient que la décision de la tenue du congrès n'est pas encore officielle. «D'après mes informations, la demande de la tenue du congrès n'a pas été retenue», a-t-il affirmé avant d'ajouter; «Nous demandons la réunion du comité central pour mettre fin à la situation d'illégalité.»