Les congrès se suivent et ne se ressemblent pas Le «bulldozer» Saâdani emporte tout sur son passage. Il n'épargne personne, il veut du sur mesure, un rendez-vous organique à qui sied ce slogan: «Le congrès par moi et pour moi.» Un éléphant dans un magasin de porcelaine. Placé sur des rails et avec des oeillères, Amar Saâdani fonce droit sur son objectif: organiser le Xe congrès du parti dans 30 jours et advienne que pourra. A la surprise générale, il l'a annoncé hier, ce sera les 28, 29 et 30 mai prochain à la Coupole du stade du 5-Juillet à Alger. «Nous avons obtenu l'autorisation de la wilaya, ce mercredi (hier, Ndlr)», a confirmé M.Saâdani. Un véritable coup de force et il faut dire que l'actuel secrétaire général du FLN a sérieusement ébranlé ses adversaires. Initialement, Amar Saâdani devait attendre l'adoption de la nouvelle Constitution pour convoquer le congrès du FLN. Mais ce projet, annoncé par le président Bouteflika en avril 2011, risque de connaître d'importants retards. Saâdani a-t-il reçu des garanties que la Constitution ne sera pas révisée avant l'automne prochain? C'est en tout cas une course contre la montre que vient de livrer le SG du FLN. Affolé par Belkhadem qui venait à peine de montrer son museau, sérieusement inquiété par les 118 députés qui auraient interpellé le chef de l'Etat pour mettre de l'ordre dans le parti, le «bulldozer» Saâdani emporte tout sur son passage. Il n'épargne personne, il veut du sur mesure, un rendez vous organique à qu sied ce slogan: «Le congrès par moi et pour moi.» Le vieux parti aurait pu faire l'économie de ce spectacle bas de gamme. Car si quelquefois le cirque du FLN est amusant, souvent il fait de terribles dégâts. Etant un parti-Etat, et constituant l'armature du système, le FLN ne peut s'empêcher de contaminer la société par son ivresse. Déjà que le malaise est perceptible au plan politique où le gouvernement trouve toutes les peines du monde à colmater les brèches et les fissures qui le minent tantôt par des tiraillements entre ministres ou des attaques de l'opposition dont des islamistes de plus en plus menaçants, une économie vacillante après la chute des prix du baril et la grave situation sécuritaire aux frontières où la guerre sans merci est menée par les éléments de l'ANP contre des hordes terroristes, de criminels de tout bord, il ne manquait que Saâdani pour faire encore des siennes et fragiliser davantage le pays. Dans plusieurs de ses interventions, le chef de l'Etat a insisté sur la consolidation du front interne. Le secrétaire général du FLN a-t-il entendu ses discours? Comment est-ce possible, sensé de tenir une réunion du comité central à la veille d'un congrès du FLN? Comment faire le bilan moral, financier et organique du parti? Comment pouvoir synthétiser les rapports et rassembler la logistique nécessaire? Il faut pour cela des tours de magie. En tout cas, son intran-sigeance à organiser le congrès seul et contre tous ravivera les conflits locaux et mènera à des batailles rangées entre militants, d'autant plus que Saâdani a multiplié les mouhafadhas parallèles. Alors que l'objectif de ce congrès allait recoller les morceaux du parti et en finir avec la crise, c'est exactement le contraire qui se produira. Amar Saâdani a déjà balisé la voie en affirmant, avant même les résolutions du congrès, que le parti sera rajeuni. Un message clair à ses détracteurs qui s'activent: «Vous êtes des has been chassés par le galop de l'Histoire, la place est désormais aux jeunes.» En orde de bataille, les opposants à l'actuelle direction se préparent à la bagarre. Il faut reconnaître que Amar Saâdani a réussi le consensus...contre lui. Ensuite, dans ce curieux métier de la politique où rien n'est jamais perdu tant qu'on a la vie, la partie est loin d'être gagnée. Au vieux parti, ce n'est jamais fini car on ne perd jamais l'appétit du travail des coulisses. Le bras de fer est d'ores et déjà engagé. Une action en justice qui serait entamée et des sit-in seront organisés, dans plusieurs wilayas du pays en signe de protestation à ce hold-up que vient d'effectuer Saâdani. Il faut croire que l'été sera chaud en rebondissements.