La réussite de ces trois clubs que l'Algérie a engagés dans cette compétition est qualifiée de «paradoxe», alors que des techniciens voient en cet «exploit» une réhabilitation du joueur local. Très critiquée pour son modeste niveau où beaucoup d'équipes sont concernées aussi bien par la course au titre que par la relégation à quatre journées de la fin de la fin du championnat, la Ligue 1 Mobilis sera néanmoins représentée par trois clubs en phase des poules de la Ligue des champions d'Afrique 2015, une première dans les annales du football national. L'ES Sétif, détentrice du trophée de la prestigieuse épreuve continentale des clubs, l'USM Alger et le MC El Eulma, ont tous les trois validé leurs billets pour la prochaine étape de la compétition à l'issue des huitièmes de finale clôturés hier. La réussite de ces trois clubs que l'Algérie a engagé dans cette compétition est qualifiée de «paradoxe», alors que des techniciens voient en cet «exploit» une réhabilitation du joueur local qui n'arrive pas à s'exprimer pleinement sur le plan national pour des raisons «extra-sportives». «Il y a beaucoup de paramètres qui empêchent les joueurs algériens d'évoluer sur leur véritable valeur quand il s'agit de se produire sur le plan local. Parmi ces paramètres, je peux citer la pression à laquelle ils sont soumis quotidiennement», a déclaré Farid Zemiti, l'ex-entraîneur du NA Hussein Dey et de la JS Kabylie. «Les matchs de championnat sont devenus terribles pour les joueurs à cause de la grosse pression qui pèse sur leurs épaules, une pression exercée par les supporters notamment. Nous n'avons plus cette culture d'accepter la défaite», a-t-il ajouté. Pour l'ancien défenseur international: «Tant que cette mentalité est dominante, le joueur local ne sera jamais en mesure d'évoluer sur sa véritable valeur», appelant les dirigeants des clubs à «ne pas se soumettre aux recommandations de la rue». Il a en outre conseillé aux joueurs locaux de «croire en leurs capacités», maintenant que les équipes algériennes engagées en Ligue des champions sont allées chercher leurs qualifications dans des conditions «extrêmement difficiles». L'Entente sétifienne montre la voie Un avis partagé par Mohamed Henkouche, l'actuel entraîneur de la JS Saoura, qui, tout en reconnaissant que le niveau du championnat national est «modeste», a estimé que cette compétition ne reflète toutefois pas la véritable valeur du joueur algérien. «Même si notre championnat est très modeste, je reste convaincu qu'il ne traduit pas le véritable visage du footballeur algérien qui réussit souvent à se surpasser lorsqu'il est appelé à évoluer dans une compétition internationale», a-t-il dit. Et pour étayer ses dires, l'ancien sélectionneur national a cité comme exemple le MCEE, qui lutte pour son maintien parmi l'élite (11e au classement), mais qui a réussi jusque-là un parcours de premier ordre en Ligue des champions, et ce, pour sa première participation dans une compétition internationale. «Si le MCEE est parvenu à éliminer des équipes de renom telles l'Asante Kotoko (Ghana) ou le CS Sfax (Tunisie), c'est parce que ses joueurs se produisent libérés de toute pression en Ligue des champions, contrairement à ce qui se passe en championnat où ils ont toujours ce sentiment de mal faire», a-t-il expliqué. Pour sa part, Omar Belatoui, l'ancien défenseur international et ex-entraîneur du MC Oran et d'autres clubs, a estimé que la consécration de l'ES Sétif lors de la précédente édition de la Ligue des champions a montré la voie aux clubs algériens. «Le fait que l'ESS ait remporté la Ligue des champions, de surcroît avec un effectif modeste, a mis en confiance les autres clubs algériens dont les joueurs croient désormais de plus en plus en leurs capacités», a-t-il commenté. «Il est vrai que notre football est malade, mais je reste persuadé que la pâte existe toujours. Nos clubs parviennent d'ailleurs à s'illustrer souvent sur le plan international. Les Sétifiens et les Eulmis ont quand même éliminé deux grandes équipes au tour précédent, respectivement le CS Sfax et le Raja Casablanca», s'est-il félicité.