La ville de Constantine a été particulièrement agitée ce week-end. Plusieurs dizaines de citoyens de Chaâbet R'sasse et Sisaoui, situés à l'est de la ville, ont occupé la route menant à El Khroub durant toute l'après-midi de jeudi dernier. Ils ont investi la route pour protester contre l'insécurité routière qui semble prendre une proportion effarante. A les voir, les contestataires étaient plus que décidés à faire beaucoup de «bruit», menaçant de commettre «l'irréparable». C'est suite à un grave accident de la circulation qui a coûté la vie à une adolescente de 15 ans et a occasionné de graves blessures à une autre, alors qu'elles attendaient le bus, que les protestataires ont bloqué la circulation, juste après l'enterrement de la victime. La manifestation a provoqué une paralysie totale de la circulation durant plusieurs heures. Les citoyens en colère n'ont pas tardé à placer des troncs d'arbres, des pierres et à enflammer plusieurs pneus. La tension avait atteint son paroxysme et l'émeute a été évitée de justesse. Prenant conscience de la gravité de la situation, susceptible de déraper à la moindre étincelle, les services antiémeute de la Gendarmerie nationale sont intervenus d'une manière «diplomatique» pour calmer les esprits et éviter le pire. Les troubles considérables et le désordre occasionné par les contestataires ont contraint même les services de la gendarmerie à dépêcher un hélicoptère pour survoler la région pendant les manifestations. La foule n'a pu être dispersée qu'après avoir reçu la promesse par ce même service, d'installer des ralentisseurs, d'alimenter la région en eau et en gaz et d'assurer l'éclairage public. Le cycle infernal des contestations de rue a tendance à installer dans la durée. Les nombreuses manifestations sont devenues un réel phénomène de société. C'est, en fait, un moyen pour la population d'exprimer son ras-le-bol. De pareilles scènes font désormais partie du quotidien à Constantine.