Une nouvelle étude de la Banque africaine de développement, dédiée à l'Afrique du Nord, vient de paraître. Intitulée «L'investissement direct étranger améliore-t-il le bien-être des populations d'Afrique du Nord?», elle confirme, analyse et données chiffrées à l'appui, les liens étroits existant entre les flux d'investissements directs étrangers (IDE) et la qualité de vie des populations dans les six pays de la région (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte). Mais, d'un pays à l'autre, le tableau est contrasté. Selon la BAD, l'étude souligne que de façon générale, les IDE ont bien un impact sur la croissance économique en Afrique du Nord et qui génère des revenus pour les Etats et les populations de la région. Mais ceux-ci s'avèrent concentrés dans un très petit nombre de secteurs: extraction pétrolière, services et tourisme, et bâtiment. Une maigre part de ces investissements profite aux industries primaires non extractives, pourtant à forte intensité de main-d'oeuvre et favorables aux populations les plus fragiles, ainsi qu'au secteur manufacturier, dont l'effet d'entraînement au plan économique a un fort potentiel. Selon le rapport, cette absence de diversification des IDE dans les économies régionales explique en partie les différences observées, d'un pays à l'autre, quant aux liens entre IDE et bien-être des populations. Trois recommandations sont formulées dans cette étude, pour renforcer l'incidence des IDE sur le bien-être des populations nord-africaines. Première recommandation, destinée à réduire les différences d'impact d'un pays à l'autre: les politiques visant à attirer les IDE doivent s'élaborer avec soin pour faire en sorte de les orienter vers les secteurs les plus productifs de l'économie, le secteur manufacturier notamment. Deuxième recommandation, pour réduire les inégalités au sein d'un même pays: il faudrait proposer assez de mesures incitatives pour encourager les investissements étrangers dans les secteurs à forte intensité de main-d'oeuvre, qui bénéficient aux plus pauvres, comme l'agriculture, la pêche, l'éducation, la santé et le développement des infrastructures. La troisième recommandation vise à mieux redistribuer la richesse dans la région, à réduire la pauvreté et à améliorer le développement humain. Pour ce faire, elle incite les Etats d'Afrique du Nord à poursuivre les efforts entrepris pour renforcer la qualité de leurs institutions et la gouvernance. La Banque africaine de développement a déjà publié une note économique portant sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, intitulée «Volume du commerce et croissance économique dans la région MENA: biens ou services?». Dans celle-ci, la Banque africaine de développement insiste sur le fait que les barrières commerciales, relativement importantes dans la région, ont un effet négatif, non seulement sur le commerce des services mais aussi sur la compétitivité du secteur manufacturier. Ceci est d'autant plus vrai, que certains services (transports et télécommunications, ainsi que les services financiers) complètent la production et l'exportation des biens. Chiffres et graphiques à l'appui, cette note économique démontre que l'ouverture de la politique commerciale et l'augmentation des volumes des échanges ont stimulé la croissance économique dans la région. Toutefois, les divers obstacles et contraintes qui entravent les échanges de services en limitent considérablement l'impact sur la croissance.