L'Afrique a reçu 57 milliards de dollars d'Investissements directs étrangers (IDE) en 2013, soit moins de 4% des flux mondiaux (Cnuced). En outre, si le continent draine d'importants flux dans le secteur manufacturier et les services, ce sont toujours les industries extractives qui ont été le moteur des investissements durant la décennie. S'il recèle d'importantes ressources naturelles, mais aussi agricoles (un quart des terres agricoles mondiales), le continent noir reste toujours associé au sous-développement, à la pauvreté, au moment où les puissances mondiales s'y disputent les parts de marché. Face à la crise qui secoue l'économie mondiale, beaucoup de pays voient en l'Afrique «le prochain relais de croissance et de rentabilité» (déclaration de Agnes Lo Jacomo, présidente du Medef Île-de-France). Le Fonds monétaire international considère par exemple l'Afrique subsaharienne comme «l'une des régions les plus dynamiques» en devenir. Et pour cause. Le taux moyen de croissance de l'Afrique depuis le début des années 2000 (6,1% entre 2000 et 2010) a été supérieur à la moyenne de la croissance mondiale. Si la crise financière et économique mondiale de 2008 a freiné cette croissance, le taux moyen sur la période 2008-2012 a tout de même été supérieur de 2% à celui de l'économie mondiale, selon le rapport sur le développement économique en Afrique 2014 de la Cnuced. Une performance imputée à des facteurs internes (meilleure gestion macroéconomique, forte demande intérieure, climat politique relativement plus stable), mais aussi externe (prix élevé des matières premières, renforcement de la coopération économique avec les pays émergents, l'augmentation de l'aide publique au développement et des IDE emmenés surtout par l'Afrique de l'Est et l'Afrique australe). L'Afrique a du potentiel et surtout des atouts. Dans un autre rapport sur l'investissement dans le monde (2014), l'organisation onusienne relevait que «la perspective d'une croissance soutenue de la classe moyenne émergente a attiré les investissements dans les secteurs de la consommation, notamment de l'alimentation, de l'informatique, du tourisme, de la finance et du commerce de détail». Le continent compte plus d'un milliard d'habitants et sa classe moyenne compte beaucoup dans son dynamisme. Une étude de la Banque africaine de développement (BAD) révélait l'année dernière que la classe moyenne africaine était en augmentation. Un Africain sur trois y appartient aujourd'hui, soit quelque 370 millions de personnes qui drainent autant de besoins en consommation, en production, en importation, en investissement et en équipement. Atouts En 20 ans, la consommation des ménages africains a doublé avec un taux moyen de croissance de 5% et une part de 62% du PIB. Elle a été «la principale contribution à l'accroissement de la production pour la période 2000-2011», selon la Cnuced. Mais une grande partie de ses besoins a été comblée par les importations dont la croissance moyenne a presque doublé entre 1990 et 2011, représentant plus de 32% du PIB. Pour réduire la pauvreté, on estime que l'Afrique aura besoin à moyen et long termes d'un taux moyen de croissance de 7% et plus, qui nécessitera des taux d'investissement d'au moins 25% du (PIB), ce qui n'a pas été le cas ces deux dernières décennies (18% du PIB). A titre d'exemple, l'Afrique subsaharienne accuse un déficit d'investissements de 50 milliards de dollars par an dans le domaine des infrastructures. Or, l'organisation onusienne estime que «la productivité des entreprises est réduite de 40% et la croissance du revenu par habitant de 2%, du fait du manque d'infrastructures.» La part considérable des ressources naturelles dans la croissance africaine met le continent devant l'enjeu de devoir transformer son économie en orientant ses investissements dans des secteurs plus productifs, l'agro-industrie, le secteur manufacturier, outre les infrastructures. Intégration Et le salut de l'Afrique pourrait bien venir de l'intérieur. Le rapport de la Cnuced sur les investissements dans le monde laisse apparaître une progression des investissements intra‐africains (essentiellement dans le secteur manufacturier et des services). «Entre 2009 à 2013, 18% des annonces d'investissements étrangers de création de capacités provenaient de pays africains, contre moins de 10% pendant la période précédente. Pour de nombreux petits pays africains, souvent sans littoral ou n'exportant pas de pétrole, l'IDE intra-régional est une source importante de capitaux étrangers», lit-on dans le document. Si la contribution du continent noir «aux chaînes de valeur mondiales se limite encore souvent à l'incorporation en aval de matières premières dans les exportations de pays développés», on estime que l'investissement intrarégional pourrait quant à lui contribuer au développement de chaînes de valeur régionales.