Le ministre du Tourisme semble décidé à prendre le taureau par les cornes pour remettre le tourisme sur les rails. On dit souvent que tant qu'il y a du pétrole, le tourisme ne sera jamais la priorité des pouvoirs publics...Votre commentaire. Bien que les hydrocarbures occupent depuis toujours la place de choix, le tourisme n'y a pas été pour autant, ou du moins de façon directe, renvoyé aux calendes grecques comme certaines langues l'affirment. Dès lors, comment expliquer l'apogée et l'âge d'or des années 70 avant que ce secteur ne périclite dans les années 80 et 90 à cause des coups de boutoir de la mauvaise gestion. Je dirais plutôt qu'actuellement, et depuis notamment 1999, la volonté politique pour la réhabilitation et le redressement du tourisme a été manifestement explicitée et le programme du président de la République lui donne, à ce titre, une attention particulière. Il faut savoir qu'aucune loi depuis 1966 n'a été promulguée, excepté quelques textes édictés en 1988. Pour autant, la volonté, elle seule, ne suffit pas. Nous comptons , pour ce faire, sur les potentialités existant chez la nouvelle vague de jeunes gestionnaires qui recèlent, il faut le reconnaître, toutes les exigences de la profession pour peu qu'on leur assure un encadrement adéquat. Dans les réformes que vous vous apprêtez à mettre en oeuvre, la priorité est accordée à la privatisation de toutes les infrastructures publiques. Comment allez-vous y procéder? qui sont les bénéficiaires? et comment comptez-vous faire face à une éventuelle contestation sociale? Rappelons, d'abord, que ces réformes s'inscrivent en parfaite osmose avec le programme du président de la République. Ce qui m'amène à dire que toutes les conditions, qu'elles soient politiques, économiques ou autres, sont, actuellement, réunies pour mener à bon port cette mission. Mais pour lever toute équivoque sur cette question, il faut savoir que la privatisation des infrastructures, hôtelières notamment, ne dépend pas de notre tutelle. Regroupées en tant que SGP par le chef du gouvernement, depuis quelques années, ces entreprises sont actuellement tributaires du ministère de la Participation à qui échoit, justement, ce rôle. Constatant toutefois un sérieux retard dans l'exécution de cette opération, je profite de cette tribune pour appeler les responsables des SGP à accélérer la cadence pour permettre une rapide mutation juridique des entreprises concernées. Autrement, je demanderai à m'occuper de cette question. Le temps presse. Quant à la manière avec laquelle sera conduite la privatisation, il est souhaitable d'opter pour le partenariat, notamment avec les investisseurs étrangers. L'hôtel Mazafran en est l'illustration. C'est la seule méthode, à mon sens, qui garantira et le développement de l'entreprise, et la préservation des acquis sociaux des travailleurs dont certaines voix se sont élevées pour crier au loup en brandissant, à cet effet, les menaces qui planeraient sur les conditions socioprofessionnelles des salariés. Ces adeptes du statu quo n'ont de souci que leurs intérêts étroits. Cette situation les arrange à plus d'un titre tant les salaires faramineux qu'ils perçoivent, sans pourtant fournir un quelconque effort, sont, à ce jour, assurés. La privatisation de l'ensemble des infrastructures touristiques, permettra, a contrario de ce qui a été colporté çà et là, de donner un coup de fouet et une véritable dynamique. Les richesses, mais aussi les emplois seront créés et nul travailleur, je le répète pour la énième fois, n'est menacé dans son emploi. Ceux qui doutent de notre démarche et jettent l'opprobre sur la compétence des cadres desdites entreprises, se trompent de cible et d'appréciation. Les jeunes gestionnaires sont courtisés sans relâche par les investisseurs privés et les hôtels les plus luxueux dont Sheraton, Hilton, Sofitel... Résumons donc, la privatisation n'est pas seulement souhaitable, mais indispensable pour redorer le blason du tourisme. Parmi les 36.000 lits que comptent tous les établissements hôteliers publics, seuls 6000 lits répondent aux normes internationales. Un détail qui témoigne, à vrai dire, de la vétusté de nos hôtels. Vous savez qu'en Algérie, certains hôtels qui existent depuis 1971 travaillent avec les mêmes équipements. C'est inadmissible ! il faut demander des comptes aux gestionnaires véreux qui continuent à écumer le secteur public. Il y a aussi la violation massive des zones d'extension touristique qui réfrène l'intérêt des investisseurs. Comment allez-vous y faire face? Etabli en 1988, le premier recensement a fait état de 174 Zet destinées à l'investissement. Durant la même année une loi régissant et protégeant le foncier touristique fut promulguée. Mais rien n'y fait. La violation «légale» des terres par les pseudo investisseurs a été telle que dans certaines localités, ce sont des espaces entiers qui furent «pillés» et détournés de leur principale vocation, comme ce fut le cas dans la commune de Bordj El Bahri où 185 hectares de Zet ont été cédés aux commerçants de l'immobilier. Même certaines «entreprises» telles «l'Opgi» et «l'Eplf» se sont mises de la partie. Bien sûr, cette basse oeuvre ne s'est pas faite sans la complicité des responsables locaux, achetés à coups de liasses. L'ampleur des violations des Zet a été telle que ce sont les investisseurs ayant des projets ambitieux qui en ont été à leurs frais. A mon arrivée au gouvernement, j'ai constaté qu'aucune suite n'avait été donnée à de nombreux dossiers d'investisseurs très importants, alors que certaines personnes qui n'ont d'investisseur que l'appellation ont, en revanche, acquis des Zet sans et très souvent pour faire du commerce de l'immobilier. Pour pallier cette situation nous avons décidé, dans un premier lieu, de durcir les conditions d'octroi des terrains. Seuls les opérateurs professionnels ayant des cahiers de charges bien ficelés seront à même d'en bénéficier. Ceux qui ne répondent pas aux normes exigées par la loi, seront automatiquement exclus. J'appliquerai la loi dans toute sa vigueur. D'ailleurs, j'ai décidé, pour le 11octobre dans le cadre de journées d'étude, de convoquer l'ensemble des inspecteurs afin de faire le point, dans le moindre détail, sur la situation nationale des Zet. On établira aussi la liste des investisseurs pour l'octroi des terrains et ceux aussi qui continuent à violer les Zet, pour mettre à jour les dossiers de l'investissement. Des responsables des chaînes hôtelières Marriot et Sheraton s'intéressent plus qu'avant au marché national. Ils entendent ainsi, investir dans ce créneau qui reste, à ce jour, vierge. Des responsables de ces deux entreprises sont venus me voir pour s'enquérir des conditions de l'investissement. Je leur ai assuré ma disponibilité de les aider à mettre en pratique leurs projets, générateurs de richesses et d'emplois. Une batterie de textes juridiques visant la réorganisation globale du secteur a été promulguée. Pensez-vous que la crise est due non à la loi mais plutôt à son application? Tout à fait. C'est le problème majeur qui continue à freiner l'élan des réformes que nous voulons initier. Depuis 1999, une série de lois et autres décrets régissant les différents secteurs du tourisme, ont été mis à exécution par les pouvoirs publics. J'entreprends, depuis mon installation à la tête du ministère, de renforcer le dispositif juridique en y incluant d'autres textes dont certains ont été présentés et adoptés. On parle de la construction, à travers le pays, de villes touristiques. Expliquez-nous cette initiative? C'est une idée à laquelle il faut donner corps et beaucoup de crédit. Nous avons tous les moyens: terrain, lois, pour permettre aux investisseurs de créer, justement, des villes touristiques. Nous sommes actuellement en négociation avec des opérateurs nationaux pour de vastes projets à l'est et à l'ouest de la capitale.