L'Etat ne donne pas l'air d'accorder beaucoup de crédit à ce secteur On prend d'autres et on recommence. Encore une fois, les pouvoirs publics montent au créneau et annoncent, à cor et à cri, leur - énième - intention de remettre le tourisme sur les rails. Encore une fois, l'on nous sert un fatras de chiffres, de statistiques, de prévisions...A chaque fois, l'on agite des slogans tout aussi creux que démagogiques destinés beaucoup plus à la consommation médiatique qu'à une réelle volonté d'impulser un secteur qu'on continue, à ce jour, à ne voir qu'à travers son aspect folklorique. Cela arrive, hélas, à l'heure où dans le monde entier, y compris chez nos voisins tunisiens et marocains, le tourisme est élevé au rang des secteurs hautement stratégiques au même titre au surplus que le pétrole et le gaz dans des pays comme le nôtre. Car justement, chez nous, tant que les sols du Sahara regorgent de ses deux matières, jamais le tourisme n'attirera l'intérêt public. La semaine précédente, le nouveau ministre du Tourisme a tenté dans une conférence au forum du quotidien El Moudjahid, de tracer les lignes de sa politique. Emballé, dit-on dans les milieux du tourisme, par ses « succès » au ministère de l'Habitat, Noureddine Moussa entend marquer de son empreinte le département qu'il a désormais à charge. Mais très vite l'homme déchante. Surtout quand il affirme vouloir faire, par exemple, du tourisme balnéaire la clé de voûte de son programme d'action. Légitime et peut-être louable démarche, elle qui bute toutefois sur une réalité tout autre. Celle qui veut que 35% de nos plages sont polluées. Celle aussi qui dit que parmi les 80.000 lits que comptent toutes les infrastructures du pays, seuls 10.000 répondent aux normes internationales. Très loin derrière la Tunisie qui comptabilise , à elle seule, quelque 200.000 lits. Comment prétendre donc mener le bateau à bon port dans une société dépourvue d'une culture touristique? L'entreprise paraît d'autant plus difficile qu'elle prend parfois des contours chimériques. Certes, la crise dans laquelle patauge ce secteur depuis plus d'une décennie n'est évidemment pas du fait du ministre. Lui s'est montré prêt à livrer le combat, mais a-t-il pour autant les coudées franches et les moyens adéquats pour atteindre les objectifs qu'il s'est assignés. Là est toute la question. En tout état de cause, l'Etat algérien ne donne pas l'air d'accorder beaucoup de crédit au tourisme. Les beaux jours ne sont pas pour demain.