«Le congrès va être reporté jusqu'à ce que le Conseil d'Etat tranche définitivement cette question», a soutenu Yefra, membre de la cellule de crise. Peine perdue pour la direction de Saâdani. Le Xe congrès prévu les 28,29 et 30 du mois en cours sera, probablement, reporté d'office. «Même si la justice va trancher au profit de la direction actuelle, nous allons introduire immédiatement un recours, ce qui signifie que le congrès ne pourra pas avoir lieu tant qu'il n'y a pas eu de jugement définitif», a affirmé Yerfah Mohamed, ancien député et membre de la cellule de crise installée dimanche dernier par le trio Goudjil, Abada et Belayat. Rencontré au niveau de l'APN, ce membre du comité central explique qu'on ne peut pas tenir un congrès tant que la procédure est toujours en cours au niveau de la justice. «Le congrès va être reporté jusqu'à ce que le Conseil d'Etat tranche définitivement la question», a -t-il soutenu en se référant à la loi. Se basant sur cet élément de taille, les opposants sont presque assurés du report du congrès. De son côté, la direction du parti fait comme si de rien n'était. M.Saâdani et ses partisans accélèrent les préparatifs du congrès sans le moindre souci. Des convocations et des invitations ont été adressées aux militants et aux sympathisants du parti. Les sous-commissions sont à pied d'oeuvre pour faire les recommandations du congrès. Le secrétaire général veut à tout prix tenir son congrès dans les délais, quitte à faire un forcing pour contrecarrer ses adversaires. Saâdani peut-il tenir parole? Ce n'est pas évident. La situation peut se retourner contre lui surtout après que le camp des opposants se soit renforcé. Si le secrétaire général a tenu tête à M.Belayat durant plus de deux ans, il ne pourra pas résister devant les ténors du parti, à savoir Salah Goudjil, Abdelkrim Abada, Yahyaoui et Mohamed Salh Boualem Benhamouda. Ces derniers ont décidé d'accorder leurs violons pour mettre un terme à la mainmise de Amar Saâdani sur les affaires du parti. Les opposants à la ligne Saâdani se sont réunis samedi dernier avec l'ensemble des membres du comité central qui contestent le secrétaire général pour dégager leur feuille de route. Le lendemain, les trois hommes politiques Goudjil, Abada et Belayat se sont réunis à El-Biar pour annoncer publiquement la naissance de leur mouvement. De fait, le congrès du FLN est confronté à deux scénarios probables. Les opposants multiplient leurs actions pour torpiller le plan de Saâdani, et ce dernier redouble de cadence pour tenir ces assises dans les délais. Le secrétaire général a pressé ses cadres d'étudier les rapports des structures de base pour en sortir avec les dispositions et les recommandations. Or, la précipitation dans la préparation du congrès fait des mécontents. «Préparer un congrès en moins d'un mois c'est du jamais-vu», déplore une députée d'Alger, membre d'une sous-commission. «Les rapports ont été rédigés à la dernière minute, c'est du copier- coller», regrette notre interlocutrice qui ne cache pas ses craintes sur le devenir du parti. Le Xe congrès a renforcé la division au sein de l'ex-parti unique en installant un climat d'inquiétude. Les députés ne savent plus sur quel pied danser. Certains ont eu le courage d'afficher directement leur opposition à la direction et d'autres se confinent dans le silence.