«Les groupes djihadistes ont besoin de ce genre de salafites rigoureusement structurés, pour mener à bien le djihad.» «L'envoyé d'Al Qaîda dans la région sahélo-maghrébine, Abou Mohamed Qalouane El-Yamani affirme dans une cassette vidéo, diffusée par un des sites Internet du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, que les salafistes sont dotés d'une organisation et d'une discipline telles qu'elles leur permettent d'être très performants, en même temps qu'elles doivent servir d'exemple pour mener à bien le djihad en Arabie». Cette information rapportée par le quotidien arabophone paraissant à Londres, Al Hayat remet à jour le cas du Gspc qui semble faire des émules aussi bien dans la vaste bande du Sahel que dans les pays étant mieux préparés au djihad idéologique. Les deux sites consultés du Gspc (Djihad et Salafiya) restent, eux, étrangement muets à propos du passage de cet éminent émissaire d'Al Qaîda en Algérie, et qui devait prendre fin à Merouana, le 12 février 2002, lorsqu'une embuscade tendue par un détachement de l'armée le prit, ainsi que quatre autres membres du Gspc, entre les feux nourris des kalachnikovs. Avant de tomber, cet émissaire avait enregistré une cassette vidéo, dans la région de Mo'tâ, dépendante de la zone 9 sahraouie du Gspc. Selon Al Hayat, certains passages sont largement élogieux vis-à-vis du Gspc: «Je pensais trouver en Algérie des groupes takfiris ou manipulés par les services spéciaux, ou que les salafites ne représentaient qu'une partie dérisoire et insignifiante du Gspc confiné dans les maquis (...) mais il s'avère que ce groupe constitue une élite de salafites après avoir été débarrassé de tous les éléments suspects qui ont préféré choisir la voie de la reddition». Le quotidien londonien ajoute encore que l'émissaire yéménite affirme que les groupes djihadistes d'Arabie et d'Extrême-Orient ont besoin de ce genre de salafites rigoureusement structurés, disciplinés autour d'un chef, d'un règlement et d'un groupe uniques pour mener à bien le djihad. L'émissaire yéménite, qui n'a jamais été mentionné par les très nombreux communiqués du Gspc, ni par sa littérature interne ni par un de ses deux sites, reste en fait un personnage ténébreux au parcours méconnu. L'homme a réellement fait partie d'une cellule proche d'Al Qaîda. En 2001, il parcourt la Libye, le Tchad, le Mali et la Mauritanie. Il prend attache avec Mokhtar Belmokhtar, l'émir du Gspc pour la région sud, et se dirige vers le maquis de l'Est algérien, TébessaBatna et Jijel, où il tente d'entrer en contact avec Hassan Hattab. Des sources sécuritaires algériennes, citant des témoignages de repentis ou d'islamistes capturés, affirment que cette rencontre avait été sans cesse retardée par les tergiversations d'Amari Saïfi dit Abderrezak El Para, numéro deux du Gspc, et qui dirigeait les maquis de l'Est. Finalement, l'émissaire est tué en février 2002 et il ne sera identifié qu'en septembre de la même année, soit près de sept mois plus tard, grâce au concours des services de renseignement yéménites. Les grandes lignes du «programme» d'Imad Abdelouahed Ahmed Alouane au Sahel et au Maghreb sont restées inconnues, mystérieuses ; mais son identification avait donné lieu à plusieurs lectures qui, toutes, avaient trouvé en lui le maillon manquant entre le Gspc et Al Qaîda. Cependant, ceux qui ont argumenté avec la non-rencontre entre le Yéménite et Hattab sont demeurés largement sceptiques concernant l'exactitude et la précision du lien organique entre les deux organisations. Pour le même objectif, soit «le cas Gspc», qui fait école dans les pays du Sahel et dans plusieurs pays maghrébins et même arabes, on pouvait arriver par un autre biais, plus établi celui-là: le livre d'Abou Saâd El-Amili appelé Nusra. Dans cet opuscule largement médiatisé dans le vaste monde islamo-djihadiste, Abou Saâd El Amili, un éminent référent doctrinal et partisan farouche de la guerre sainte, au même plan qu'Abou Qatada ou Abou Bacir, soutient que «s'il y a une organisation djihadiste qui mérite les égards, les éloges et le soutien de tous, eu égard à sa rigueur dans l'exégèse des lois de la charia, c'est bien le Gspc algérien». Ce soutien appuyé de la part des référents doctrinaux de la trempe d'El Amili avait déjà placé le Gspc au premier rang des organisations djihadistes transnationales.