Les Maghrébins sont plus que jamais interpellés à débarrasser le Maghreb de la «tumeur» Gspc, désormais sous les ordres d'Al Qaîda. Retour aux sales besognes. Deux ans après l'attaque du Gspc contre une caserne de l'armée mauritanienne à Lemgheity, située au nord-est du pays, près des frontières algérienne et malienne, le Gspc, désormais «branche d'Al Qaîda au Maghreb islamique» a tué, de nouveau, quatre Français à Aleg, au sud-est de Nouakchott. Il n'y a donc plus de doute, même si l'organisation criminelle à l'origine de cette lâche tuerie n'a pas encore revendiqué l'attentat. Quoi qu'il en soit, parmi les trois auteurs de l'attaque d'Aleg, survenue dans la journée du 24 décembre, figurent deux Mauritaniens qui sont soupçonnés d'appartenance à des «groupes extrémistes salafistes» et qu'ils avaient été arrêtés en 2006 pour appartenance présumée au Gspc (Groupe salafiste pour la prédication et le combat). L'un d'eux, en référence à une note publiée, hier, par le parquet de Nouakchott, aurait même fréquenté des camps d'entraînement d'Al Qaîda. Le 27 avril 2005, la police mauritanienne avait démantelé un groupe qui, selon elle, «devait commettre des actions terroristes» sur le sol mauritanien. Nouakchott avait déjà accusé les membres de ce groupe d'être en relation avec le Gspc. Quelques semaines plus tard, le 4 juin 2005, à la veille d'un exercice militaire conjoint (Flintlock 2005) qui devait se dérouler du 6 au 26 juin dans la région sahélo-saharienne, un groupe du Gspc, composé de cent à cent cinquante hommes lourdement armés, attaque la caserne de Lemgheity et tue dix-huit soldats mauritaniens. Le lendemain, soit le 5 juin, le Gspc revendique l'attaque dans un communiqué publié sur son site Web, avançant que l'opération constitue une «riposte au projet Flintlock». C'est le fameux Mokhtar Benmokhtar, ex-émir de la «zone 9» du Gspc (Sahara) qui aurait conduit l'opération. Ce qu'il confirmera dans une interview publiée dans le n°7 de la revue du Gspc Al-Jamaâ, où il donne sa version du déroulement de l'attaque. Dans cette interview, Mokhtar Benmokhtar, qu'on dit en rupture aujourd'hui avec les armes et qui se serait réfugié au nord du Mali, confirme d'abord avoir mené l'attaque de Lemgheity. Il explique, ensuite, que la présence des Américains dans la région s'est accrue depuis les tentatives de prises de contact avec les combattants d'Al Qaîda, après la mort de Abou Mohammed Al Yamani. Selon lui, il y aurait des bases à Gao au Mali, à Agadez au Niger et d'autres en création à Naâma, en Mauritanie et à Tamanrasset (Algérie). «Après la visite du ministre des Affaires étrangères israélien, le 2 mai 2005, en Mauritanie, et la préparation de grandes manoeuvres militaires auxquelles devaient participer les armées des pays cités», ils auraient décidé d'attaquer Lemgheity. Et c'était au tour d'Al Qaîda d'approuver, par la suite, l'opération terroriste et ce, dans un autre communiqué diffusé sur Internet. Il est donc presque certain que le regain de la violence en Mauritanie ne doit être attribué qu'au Gspc qui s'est élargi pour devenir «Al Qaîda aux pays du Maghreb Islamique». Nouredine Al Youbi, un redoutable terroriste marocain réfugié au Mali, en relation avec Abdelmalek Droukdel, l'émir du Gspc, sévissait aussi, depuis quelque temps, dans la région de l'est de la Mauritanie, sur l'axe Nouakchott-nord du Mali. A la tête d'un important groupe de trafic d'armes, Nouredine Al Youbi, selon un récent rapport de la DST marocaine, est chargé de recruter des Maghrébins pour faire transiter les armes au Royaume du Maroc ainsi que pour les renforcer des effectifs aux centres d'entraînement situés au Mali et en Mauritanie. Il serait aussi impliqué dans l'attentat d'Aleg (250km au sud-est de Nouakchott), exécutant une menace proférée récemment par le n°2 d'Al Qaîda, Ayman Al-Zawahiri. En 2005, l'organisation criminelle de Ben Laden avait qualifié la France d'«ennemi n°1». Et, en septembre dernier, le bras droit de Ben Laden avait appelé, dans un enregistrement vidéo, les «djihadistes» à «débarrasser le Maghreb des fils de Français et d'Espagnols». N'est-il pas temps que les pouvoirs maghrébins accordent leurs violons pour débarrasser le Maghreb de la «tumeur» Al Qaîda? C'est là un défi de taille, devenu incontournable.