Techniciens du Gspc et des services spéciaux se livrent à une guerre sourde sur la Toile. Techniciens du groupe salafiste et des services spéciaux se font une guerre sourde sur la toile. Le Gspc jubile. Avec ceci à la clé: le rétablissement de ses deux sites internet qui ont connu une période de suspension d'émission qui a duré plusieurs semaines. Sur le premier site, l'explication est vite donnée: il ne s'agit pas d'une «attaque contre le site, comme il avait été colporté, mais d'un problème qui est survenu au niveau de la société hôte» qui hébergeait le site. Ladite «attaque» n'est pas mieux expliquée sur le second site: «Le Gspc est heureux de rouvrir le site de l'organisation, lequel avait été suspendu suite à une interruption d'émission de la part de la société qui l'hébergeait, le site n'ayant été l'objet d'aucune attaque ou «frappe» de quelque nature que ce soit». Si pour cette fois-ci, le Groupe salafiste se remet à émettre, le site peut cesser dès demain de diffuser sa littérature djihadiste. A plusieurs reprises, des «virus» ont saccagé ou perturbé le site et l'ont amené à cesser ses diffusions jusqu'à «capture de l'intrus». Des opérations de piratage ont été lancées simultanément et souvent la réussite avait alterné avec l'échec. Providers mis à contribution, filtrage des exécutions électroniques demandées et «reconnaissance» dans les cybercafé où les entrées dans les sites djihadistes sont courantes, tout a été fait pour mettre un terme à la diffusion de littérature, vidéo et autres cours affiliés au terrorisme. Pour les services de sécurité (gendarmerie, police judiciaire et services spéciaux s'intéressent et traquent le phénomène), il s'agit de combattre les réseaux qui font l'apologie du terrorisme ou qui diffusent la littérature, subversive, non de faire de la rétention de l'information ou de procéder à un quelconque tour de vis sur la liberté des journaux et autres diffusions électroniques. A Boumerdès, Alger, Tizi Ouzou, Oran et Constantine, des CD-Rom contenant ce genre de littérature séditieuse, pro-GIA ou pro-Gspc, avaient été saisis et leurs propriétaires déférés en justice. Les disquettes contenant des textes et de la littérature djihadiste avaient été confisquées et leurs propriétaires mis à l'oeil un peu partout en Algérie, et à ce jour, aucune mesure coercitive n'a pu venir à bout de ce «phénomène terroriste de moindre coût», qui permet aux islamistes radicaux de rester «accrochés» à l'objectif du djihad sans, toutefois, les contraindre à faire des efforts ou à se fourvoyer dans des situations dangereuses. La littérature diffusée à cet effet, par le Gspc est colossale en comparaison à la très squelettique production écrite, audio et vidéo du GIA. Résultat: le Gspc a une meilleure écoute au plan extérieur et une meilleure maîtrise de ses troupes, au plan interne. Exemple: ce n'est que quatre mois plus tard qu'il reconnaît officiellement la mort au combat de son émir Abou Ibrahim Mustapha, tué vers la fin de l'été dernier sur les hauteurs de Béjaïa. Ce laps de temps permet de jauger l'état d'esprit des troupes et de procéder aux corrections nécessaires à la survie du groupe. La déclaration a été faite «sur le Net», le 2 décembre 2004 par le responsable des relations extérieures et de l'information Abdelbar Abdelwadoud à la revue El Feth. Les techniques du numérique, les autoroutes de l'information et l'usage de l'Internet ont été autant de moyens, dont ont bénéficié les groupes djihadistes «à très grande échelle» mieux, beaucoup mieux que l'usage qu'en fait n'importe quelle grande entreprise sérieuse. L'usage de la cassette vidéo a été porté par exemple, à ses extrêmes limites, à un niveau jamais atteint par El Qaîda et par ses groupes connexes, Ansar Essuna, Tawhid wal djihad, les Etendards noirs ou l'Armée islamique en Irak. Les diplomates occidentaux et asiatiques ont dû négocier dur et parfois supplier pour avoir la vie sauve de leurs ressortissants. En fait, l'usage de l'internet par les groupes armés a mené à une incapacité de les suivre sur cet univers aussi vaste qu'invisible. Toutefois, heureusement que la différence se fait sur le terrain des opérations. Maigre consolation contre un ennemi invisible et des codes illisibles.