Le statu quo demeure de mise. Les élus qui se sont retrouvés hier en session extraordinaire, n'ont pas pu lever leurs divergences. Après plus de cinq heures de débat, les élus se sont quittés sans la moindre avancée sur la situation de dysfonctionnement que vit cette institution depuis le mois de décembre dernier, date du changement de la majorité au profit d'une coalition formée par le FLN, le RCD et le forum socialiste. La crise demeure donc et rien ne présage d'une évolution positive à l'avenir. Même la pression exercée par les nombreux observateurs présents dans la salle de réunion, scandant «libérez Béjaïa» n'a pas eu raison de l'entêtement des élus des deux parties protagonistes, qui se quitteront par la suite comme ils se sont rencontrés en début de séance. La session extraordinaire de l'assemblée populaire de wilaya de Béjaïa convoquée hier a débuté sur un différend lié à l'installation de la nouvelle élue Mlle Nissas, en remplacement de Mlle Idir relevée de ses fonctions pour absences répétées au cours de ce mandat. Bien qu'elle ait reçu une convocation pour assister à la session et détenant sa carte d'élue, l'opposition majoritaire a exigé une délibération pour valider son mandat. Un point d'orgue qui aura pris plus de deux heures sans qu'il soit réglé. Il sera vite d'ailleurs oublié pour laisser place à l'essentiel, à savoir le point d'achoppement relatif aux trois vice-présidences. D'un côté, le président de l'APW soutenu par le groupe FFS revendique une vice- présidence et de l'autre l'opposition majoritaire qui veut rafler les trois vice- présidences. Après d'interminables palabres, l'opposition fait une concession de taille en acceptant de céder au FFS une vice-présidence. Alors qu'on croyait à une issue heureuse, voilà que le président de l'APW met le feu aux poudres en refusant de donner les noms de ses trois adjoints, préférant le faire après concertation lors d'une prochaine session. L'opposition, forte d'une majorité de 25 élus sur les 43 que compte cette assemblée réagit alors en déclarant retirer sa concession si le président refuse de désigner les trois vice-présidents au cours de la même séance. Commencent alors de nouveau les tiraillements avant que le président ne décide de lever la séance. Le président de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) Mohamed Bettache, a, certes, convoqué une session de l'APW en application d'un accord de sortie de crise signé à la faveur de la visite de la commission du ministère de l'Intérieur, mais il s'est gardé de consacrer la nouvelle majorité, restée soudée depuis l'an dernier. Le déblocage de la situation attendu à la faveur de cette session, comme convenu lors du déplacement de la commission conduite par le directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques, Mohamed Talbi et le directeur des élus qui a réuni autour de la même table le président de l'APW, les chefs des groupes, les présidents des commissions, le wali, le secrétaire général de la wilaya, le DAL et le Drag. La fin en queue de poisson de cette session était quelque peu prévisible puisque les différentes réunions tenues par la suite entre les chefs des groupes de l'APW et le président, afin de mettre à exécution les engagements pris, se sont toutes terminées par un désaccord sur la désignation de nouveaux vice-présidents et la recomposition des commissions qui reviennent de droit aux partis de la nouvelle majorité aux dépens du FFS qui perd ainsi du terrain. La nouvelle majorité s'est constituée, pour rappel, autour du RCD, du FLN et du Front socialiste qui regroupe des dissidents du FFS. Le P/APW avait sans cesse refusé d'approuver les noms qui lui ont été proposés pour cela, en s'appuyant sur les prérogatives que lui confère le code de wilaya. Il lui a été donc accordé, désormais, de choisir les noms de ses nouveaux vice-présidents, conformément à l'accord approuvé à l'unanimité par les parties en conflit et signé après deux jours de débats et de pourparlers. Libre choix alors à l'opposition majoritaire de les accepter ou de les refuser par voie d'élection. Si le statu quo persiste et si aucun consensus ne se dégage pour le déblocage de la crise, l'APW de Béjaïa risque sa dissolution, par l'application de la loi.