Des denrées alimentaires et des produits, provenant vraisemblablement des aides humanitaires, ont été retrouvés en vente dans les marchés de la capitale. Mais qui sont ceux qui les ont détournés ? De faux sinistrés et de faux volontaires, rien ne semble arrêter l'opportunisme, même les grands drames. Sinon, comment expliquer que des produits tels que corn-flex, huiles, fromages ainsi que des couvertures et des fourneaux à gaz atterrissent chez des commerçants indélicats au lieu des sinistrés? Sept jours sont passés et l'on remarque l'émergence de faux volontaires. Ces derniers, selon certains, sont pour la plupart des représentants d'associations, voire de responsables bien placés. Les services de police auraient déjà interpellé plusieurs d'entre eux. Des gestes de coeur qui se transforment en instinct charognard. Nous avons tenté de remonter la filière quant à l'acheminement de ces produits qui ont atterri sur des marchés. Personne ne daigne nous renseigner, même les consommateurs «receleurs» qui, souvent, le savent. Le premier point où chutent toutes les aides provenant de l'étranger, mais aussi de tout le territoire national, c'est Bab Ezzouar. A la salle omnisports, des milliers de tonnes de vivres sont entassées. C'est vers ce centre que sont orientés les camions pour être chargés. L'on a recensé plusieurs chargements qui ne sont pas parvenus à destination. Il faut noter que la multitude d'intervenants a favorisé la confusion. Cela explique pourquoi les sinistrés expriment leur ras-le-bol en déclarant n'avoir rien reçu. Dans la région de Beau-Fraisier, plusieurs vols ont été signalés. On parle d'un nombre important de bandes qui se sont spécialisées, depuis le jour du drame, dans le pillage de ces dons. Les mêmes comportements ont été constatés sur les lieux de rassemblement des sinistrés: Rachid-Kouache, Oued Koriche, et Trois-Horloges. On croit, selon des témoins, qu'il s'agit du même groupe. Lequel a pu écouler des boîtes de sardines, provenant du Maroc, au niveau du marché d'El-Harrach. Un citoyen, qui a flairé la combine, a fortement déconseillé aux clients d'acheter cette marchandise qui aurait dû parvenir aux sinistrés. Face à la démission de certains élus locaux, ainsi que le manque de contrôle dans l'acheminement des aides, certaines familles attendent toujours la nourriture ou des couvertures. Par ailleurs, il a été constaté sur les lieux que certains responsables ont délibérément retardé les opérations de contrôle pour des desseins non avoués. En effet, les listes des sinistrés n'ont été arrêtées que quelques jours après l'arrivée des vivres. Cette situation a donné naissance à l'engouement de faux sinistrés qui, non seulement ont rendu la situation des plus complexes, mais se sont même mis à revendre des vivres aux vrais sinistrés. Plus grave encore, certains faux sinistrés auraient payé des personnes influentes pour l'obtention d'un statut incertain de vrais sinistrés.