Ce serait déjà formidable si on arrivait à atteindre la moitié de l'objectif, selon ces derniers. Le secteur de l'habitat est en très mauvaise santé, une situation qui nécessite une réforme urgente interpellant tous les acteurs, au premier rang les politiques. La sonnette d'alarme a été tirée, hier, par les participants à la journée d'étude sur «les métiers de la construction et l'emploi», organisée par le collège national des experts architectes au palais du Dey à Alger. Selon M.Hafnaoui, architecte, cette réforme doit passer inéluctablement par la «décentralisation de l'acte de bâtir». «Nous sommes parmi les rares pays au monde qui persistent à préserver la mainmise des politiques sur le bâtiment». L'enjeu étant de «libérer le secteur afin de réaliser son essor». Les inombrables catastrophes naturelles qui ont frappé le pays, notamment les inondations de Bab El-Oued, les tremblements de terre de Boumerdès, de Aïn Témouchent, pour ne citer que ces exemples «ont eu le mérite de dévoiler la vulnérabilité de la politique et des choix adoptés dans le secteur depuis l'indépendance», précisent les participants. Mais a-t-on appris la leçon? s'interrogent les participants. M.Djender, expert, estime qu'il est encore trop tôt pour mesurer le degré de conscience de nos gouvernants. «La volonté de relancer le secteur s'ébrèche face à des responsables pour qui la décentralisation constitue une véritable menace». «Ces derniers doivent comprendre que l'heure de la tchipa est révolue, la situation est d'autant plus dangereuse qu'il est impératif d'établir un plan d'urgence pour sauvegarder la paix sociale», partant du principe, dit-il que «lorsque l'habitat se porte bien tout va bien». Le président du Collège national des experts architectes, Ahmed Boudaoud, rebondit sur le projet de 1 million de logements inscrit dans le cadre du programme électoral du président Bouteflika pour émettre certaines observations. L'orateur commence par préciser qu'«il est impossible de réaliser un quota aussi extraordinaire en l'espace de cinq ans». «Ce serait déjà formidable si on arrivait à atteindre la moitié de l'objectif.» Faute de moyens matériels et d'une main-d'oeuvre qualifiée, le programme semble être sérieusement compromis. Les intervenants ont mis en garde: «Le projet constituerait un véritable suicide pour l'Algérie.» Ces derniers ont stigmatisé leur mise à l'écart par les politiques: «L'on ignore qui est le concepteur de cette formule, mais il est clair que l'Algérie n'est pas en mesure de le concrétiser, sauf dans le cas où on décide de continuer dans la politique du bricolage qui a de tout temps marqué le secteur», ajoute-t-il. La représentante du ministère déléguée chargée de la ville, Mme Mehadi, adhère à cette réflexion en mettant à l'évidence le manque de moyens, même chez les grandes entreprises de construction, lesquelles font appel dans la majorité des cas à la sous-traitance pour «pallier leur déficit en matière de qualification de la main-d'oeuvre». Rebondissant sur la politique d'urbanisme, cette dernière nous a affirmé, en marge de la rencontre, que l'avant-projet de loi sur la ville est fin prêt, et qu'il sera remis à la chefferie du gouvernement avant le 15 octobre.