Faudra-t-il attendre encore longtemps, jusqu'au décès des témoins et acteurs de ce drame, avant de daigner en finir avec un dossier clair comme l'eau de roche? Il est pour le moins regrettable qu'une affaire, désormais tirée au clair, traitée comme il se doit par la justice, continue de traîner en longueur pour la simple raison que des groupes d'intérêts en ont décidé ainsi. Comme le souligne à juste titre l'éminent juriste Ben Mehenni, maître de conférences à l'université d'Alger, le témoignage accablant de l'ancien commandant de la Gendarmerie nationale, paru sur nos colonnes, aurait dû être le pavé dans la mare, pour reprendre l'intitulé de notre titre, destiné à mettre un terme définitif à ce déni de droit, et même à ouvrir des instructions judiciaires à l'encontre de ceux qui se sont rendu coupables de faux et usage de faux, impliquant dans leurs sombres affaires ce corps d'élite, devenu une «vulgaire épicerie» par la grâce de dizaines de documents falsifiés. Un homme de loi, connaissant parfaitement les rouages de la justice algérienne, mais aussi les chemins de traverse qu'il lui arrive d'emprunter de temps à autre, ne peut que s'étonner qu'un pareil témoignage, pour le moins accablant, laissât de glace une justice qui, pourtant, fait l'objet de soins attentionnés de la part du premier magistrat du pays, et connaissant de nombreux changements et décisions dans le cadre d'une réforme qui tarde encore à montrer ses fruits. Aussi, est-il rappelé, non sans raisons, que la décision, exécutoire et définitive, rendue en 1997 par la Chambre administrative, aurait dû suffire à elle seule à mettre un terme à cette cabale qui n'a que trop duré. Ould El-Hocine, ancien officier de la glorieuse Aln, a été une des trop nombreuses victimes expiatoires de la décennie noire des années 80. Accusé d'atteinte à la sûreté de l'Etat, condamné par un tribunal militaire et spolié de ses biens sur la base de décisions iniques dont il a été question maintes fois dans ce journal, il a fini par être totalement blanchi par cette même justice. L'on se demande, alors, pour quelle raison cachée on refuse toujours de lui restituer l'entreprise qu'il a mis tant d'années à édifier, sans jamais accepter la moindre aide étatique alors que tel était son bon droit... La polémique, depuis le témoignage du colonel Ahmed Bencherif, aurait dû cesser définitivement, afin que soit rendu à Ould El-Hocine ce qui appartient à Ould El-Hocine, et que les coupables soient châtiés comme il se doit. L'injustice et le déni de droit n'ont que trop duré!