Le président de la Chambre nationale de l'agriculture a affirmé que la Badr maintient toujours les poursuites judiciaires et continue le harcèlement des agriculteurs. L'effacement de la dette des agriculteurs n'est pas pour aujourd'hui. Cinq mois après la décision prise par le chef de l'Etat, la procédure traîne sur le terrain. «Au niveau de la gestion des dossiers, nous sommes très en retard par rapport à la décision prise par le président de la République», a déploré le président de la Chambre nationale des agriculteurs, M.Ould El Hocine. Invité hier sur les ondes de la Chaîne III, ce responsable a établi un constat négatif et même critique sur l'opération d'effacement des dettes. Pourquoi ce retard? Sans ambages, il impute directement la responsabilité à la Badr. «La Badr tergiverse dans le traitement de ces dossiers», a-t-il clairement lancé avec un air convaincu. «Seule, la Caisse nationale de la mutuelle agricole (Cnma), a répondu immédiatement a la décision du président en suspendant toutes les décisions de poursuites judiciaires», a-t-il affirmé en précisant que près de 49 000 dossiers ont été examinés. Contrairement à la Cnma, la Badr traîne le pas en excluant certaines activités de cette décision. «Je me souviens bien que le président de la République avait déclaré que l'ensemble des dettes des agriculteurs et des éleveurs sera effacé», a-t-il précisé. Or, la Badr exclut les activités comme les huileries, les chambres froides et l'abattage de cette procédure. Preuve en est, justifie-t-il, elle continue les poursuites judiciaires et le harcèlement des agriculteurs. Adoptant un langage très ferme, M.Ould El Hocine estime que la gestion des dossiers se déroule dans l'opacité totale au niveau de la Badr. Ni le nombre des agriculteurs ni les filières concernées n'ont été identifiés. Le président de la Chambre d'agriculture regrette que l'Union nationale des agriculteurs et son organisme ne soient pas associés dans le traitement des dossiers. Etant partenaires importants, M.Ould El Hocine estime que la Chambre et l'Union doivent être sollicitées pour identifier les bénéficiaires et accélérer l'opération. Loin d'interférer dans la gestion de la Badr, l'invité de la Radio demande qu'ils soient associés dans cette opération. Interrogé sur le nombre des dossiers recensés et les dettes purifiées depuis cinq mois, il n'a avancé aucun chiffre. «Je défie quiconque d'avancer le nombre des agriculteurs concernés», a-t-il clamé en prenant les auditeurs pour témoins. Alors que certains parlent de 180.000 agriculteurs concernés, l'opération risque de prendre beaucoup de temps pour parvenir à sa fin. Il y a lieu de rappeler que l'Etat a décidé d'effacer toutes les dettes contractées par les agriculteurs et les éleveurs, soit 41 milliards de dinars (410 millions d'euros). L'annoncé a été faite le 28 février dernier par le Président lors d'une conférence nationale sur l'agriculture qu'il a présidée à Biskra. «Les banques devront suspendre toute opération de recouvrement de ces dettes», a-t-il plaidé. Cette décision a pour objectif d'encourager le monde agricole à fournir un effort intense pour moderniser l'activité et augmenter ses diverses productions, avait-t-il ajouté au cours d'une conférence nationale consacrée au «renouveau de l'économie agricole et au renouveau rural» à laquelle participaient des représentants de tous les acteurs de cette filière. A la question de savoir comment faut-il promouvoir le secteur, le Président a d'abord mis l'accent sur le financement. Le secteur de l'agriculture a besoin de beaucoup d'argent et l'implication de l'ensemble des établissements financiers. Comme il a insisté sur la formation des cadres et l'encouragement de jeunes à s'impliquer dans ce secteur. «431.000 agriculteurs ont plus de 50 ans», a-t-il révélé en ajoutant que le secteur a besoin des jeunes. Toujours sur ce sujet, le Président estime qu'il faut développer le système d'irrigation pour ne pas dépendre uniquement de la pluviométrie.