Le bilan préliminaire fait état de deux terroristes du Gspc tués, alors que deux autres, encerclés, auraient été faits prisonniers. Décidément, le pire a été évité pour Alger à quelques jours à peine du mois de Ramadan. Nul doute que le groupe qui a été mis hors d'état de nuire s'apprêtait à commettre force attentats, y compris à la bombe, en ce mois de piété et, hélas, de psychose. Tout a commencé aux environs de 13h 30. Les commerçants d'El-Akiba, quartier populaire et populeux du centre d'Alger, vendaient et achetaient dans leur morne monotonie en attendant la soirée, heure propice des «bonnes affaires». Les policiers, tolérant l'existence d'El-Akiba pour d'évidentes raisons sociales, étaient en train de procéder à un contrôle d'identité routinier au niveau de la ruelle Boualem Allaouchiche. C'est à ce moment qu'un jeune, visiblement accompagné, habillé d'une tenue sport dernier cri, sort une arme à feu et tire sur l'un des policiers. Les agents de l'ordre public, qui étaient secondés par de nombreux policiers en civil, ont vite fait de riposter, prenant en chasse le groupe, disposant manifestement de repères et de points de chute au niveau de ces quartiers sinueux, sinistrés et très difficiles d'accès. Ce sont des commerçants, croit-on savoir, qui ont indiqué l'endroit où le groupe terroriste a trouvé refuge. Il s'agit, en fait, d'un magasin situé au niveau de la rue parallèle à l'avenue Mohamed Belouizdad, non loin d'une mosquée, en plein milieu de ce marché de fortune. L'assaut, mené en parallèle de l'encerclement de tout le quartier, s'est fait alors que le policier victime de l'attentat était évacué. Un intense échange de tirs s'en est suivi. Celui-ci, qui a duré jusqu'à 14 heures passées, s'est soldé par la mort de deux policiers, alors que six autres ont été blessés. Un citoyen, qui passait par là a également été touché. Les policiers, soutenus par d'importants renforts de la Bmpj, ont carrément pris d'assaut ce repère à l'aide d'un véhicule blindé. Le bilan provisoire, qui nous a été fourni sur place, a fait état de deux terroristes abattus. Pendant ce temps, tout le périmètre a été bouclé, alors que la police scientifique et les agents de la Protection civile, présents en très grand nombre, procédaient à l'évacuation des blessés et des corps. Il n'a pas été possible de connaître l'identité des terroristes, même si nous croyons savoir qu'il s'agirait du fameux groupe dont nous avions fait état en exclusivité dans une précédente édition. Celui-ci, composé de pas moins de treize éléments, tous natifs de Belcourt, sont conduits par Bouti Abdelhamid. Ces derniers, qui sentaient l'étau se resserrer sur eux, avaient quitté Alger pour chercher refuge à Boumerdès, d'où les nombreux attentats qui avaient eu lieu dans cette wilaya durant les quelques semaines passées. Il semble donc que le groupe, en prévision du mois de Ramadan, ait tenté une nouvelle incursion. Toujours est-il que les deux derniers terroristes, tandis qu'il nous a été possible de voir deux suspects interpellés et emmenés, têtes cachées sous leurs vêtements, ont réussi à trouver refuge au niveau du sous-sol de ce magasin. Les policiers présents aux premières lignes revenaient les vêtements «crasseux» de terre et de sang, puisque celui-ci a énormément coulé au niveau de ce quartier qui, pourtant, commençait à renouer avec une vie normale. Le GIS (Groupe d'intervention spéciale), arrive vers 16h. Entre armements nouveaux, fruits du retour en force de notre pays sur le devant de la scène internationale, les chiens renifleurs d'explosifs, les projecteurs supposant que cela va durer jusqu'à la nuit, ces éléments de choc prennent possession des lieux. De temps à autre, on entend quelques coups de feu sporadiques. La tension est à son comble. La rumeur fait état de deux terroristes retranchés dans ce magasin, dont l'un serait une importante tête du Gspc, d'où l'importance des moyens déployés. Les forces spéciales, nous a-t-on dit, ont préféré agir en douceur, prendre tout leur temps, à cause de l'école située à proximité du lieu de l'accrochage alors que les enfants s'y trouvaient encore, mais aussi du fait que les terroristes étaient retranchés dans un immeuble habité. Le risque que ces derniers disposent d'explosifs, et ne s'en servent était donc non négligeable. D'où le recours aux chiens renifleurs. La première déclaration officielle, venant du chef de la sûreté de wilaya, M.Sebbouh, présent sur les lieux du début à la fin, fait état de deux terroristes abattus, dont l'identification n'a pas encore été faite. Nul doute qu'une conférence de presse sera animée incessamment dans le but de livrer à l'opinion les détails de cette opération, mais aussi de rassurer les citoyens à l'aube de ce Ramadan que le Gspc cherche coûte que coûte à rendre pareil à ceux, cauchemardesques, que nous avons vécus vers le milieu et la fin des années 90. Ce n'est qu'aux environs de 19h que la fin des opérations est décrétée. Les forces de l'ordre quittent le lieu bruyamment. La route principale de Belcourt est de nouveau ouverte à la circulation. Les jeunes, moins jeunes et vieux, commentent avec animation ces évènements jamais vécus depuis de nombreuses années déjà. La question qui se pose, à présent, est de savoir si le groupe de Belcourt a été intégralement neutralisé, ou si d'autres éléments continuent de circuler librement, et de mettre en place de nouvelles cellules au niveau d'autres quartiers de la capitale. Les suspects interpellés auront sans doute beaucoup de choses à dire, de même que les identités des deux terroristes abattus. En attendant, la vigilance doit demeurer de mise plus que jamais...