Les maquis de Merdj Ouamane, dans la commune d'Amizour, n'ont pas encore livré tous leurs secrets après une semaine d'intenses bombardements et de manœuvres de pénétration effectués par les soldats de l'ANP, appuyés en l'occurrence par les groupes de patriotes, les éléments de la gendarmerie et la BMPJ. L'opération, qui mobilise quelques milliers d'hommes et des moyens de combat importants, est conduite de manière à mailler étroitement le périmètre, constitué de piémonts densément boisés et de harceler continuellement les terroristes terrés dans les lieux par le moyen d'un pilonnage incessant pour les pousser à se découvrir. Le bilan des opérations, recoupé à la base d'informations glanées de plusieurs sources, s'élève à une dizaine de terroristes abattus durant les bombardements et les quelques séquences d'accrochages frontaux avec les éléments du groupe retranchés dans la touffeur du maquis. Hier encore, des sources ont fait état d'un nouveau terroriste abattu alors qu'un militaire aurait été mortellement blessé par l'explosion d'une bombe. Un communiqué du ministère de l'Intérieur, diffusé dans la soirée de mercredi dernier, la seule information officielle transmise sur l'offensive depuis son début, annonce la mise hors d'état de nuire de trois « criminels » et la récupération de trois armes, des pistolets mitrailleurs automatiques. Une information également reconnue par un communiqué non authentifié du GSPC — désormais de l'organisation d'El Qaïda pour le Maghreb islamique — qui identifie parmi les trois un certain Soheïb Abou Abderahmane, originaire de Boumerdès. Le communiqué a cru bon démentir les informations qui ont circulé et donnant comme encerclés des membres de la direction du groupe terroriste. L'importance, sans précédent localement, des moyens mis en place par l'ANP milite pour créditer la thèse d'une cible jugée comme importante, soit en nombre ou en qualité ou les deux à la fois. Les hélicoptères de combat, des mitrailleuses au sol et des engins de génie militaire se relayent dans une noria qui installe les lieux, situés presque à cheval entre les communes de Tala Hamza, Amizour et El Kseur, dans une véritable atmosphère de guerre. Au demeurant, beaucoup de familles habitant la périphérie ont préféré se réfugier ailleurs pour échapper à la frayeur induite par les bruits incessants des détonations. Le dispositif mis en place a nécessité le bouclage d'une route nationale, la RN 75 en l'occurrence, puisque l'on a jugé qu'il ne suffisait pas de filtrer la circulation, d'ordinaire importante sur l'axe, pour éviter les brèches et concentrer toute les forces sur l'offensive. Une source sécuritaire laisse entendre qu'il n'est pas aisé de situer la consistance du groupe retranché sur les hauteurs des lieux, défendues par un minage dense des accès. Des militaires ont été ainsi blessés durant la progression vers les positions intérieures dans les maquis par l'explosion des mines. L'idée aujourd'hui est que le retranchement renferme une série de caches et de casemates bien encastrées dans le massif et servant d'unités d'appoint pour les actions terroristes. Une thèse que rend au moins plausible la découverte, en septembre 2006, sur la base d'informations fournies par un terroriste arrêté à Béjaïa, de casemates renfermant du matériel informatique et une installation de télécommunication, non loin des lieux ciblés actuellement. Hormis l'offensive terroriste, enregistrée durant les premiers mois de l'automne dernier, avec notamment un attentat contre des policiers dans la ville voisine d'El Kseur, puis une embuscade meurtrière qui a ciblé une patrouille de la BMPJ sur les hauteurs de la même ville, la région qui n'a pas connu de cas de ralliements à la cause djihadiste, est restée épargnée de longues années, au moment où des bruits continuaient à courir sur ,la présence suspecte d'individus étrangers à la région dans le périmètre de Merdj Ouamane et d'Amizour. La vaste opération menée depuis une semaine serait sur le point de démanteler une véritable toile de cellules de commandement. Si les jours qui viennent venaient à le confirmer par le bilan final de l'offensive, un coup sévère aura été porté à l'organisation terroriste qui semble avoir jeté son dévolu sur la Kabylie.