La fin du miracle Les prix du pétrole qui ont continué à reculer, hier, après la décision de l'Opep, risquent de plonger sous une probable reprise de la production iranienne. L'Opep doit-elle faire son deuil d'un baril à 100 dollars? Vraisemblablement oui. Pour cette année en tous les cas, c'est perdu. Il relèverait en effet du miracle que le baril puisse prendre 40 dollars d'ici la fin 2015. De mauvais présages pour l'Algérie qui a besoin d'un prix du pétrole de ce niveau pour équilibrer ses finances et assurer une paix sociale qui en dépend. A scruter la cotation des cours de l'or noir cette perspective se confirme. Hier, en milieu de matinée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 63,07 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Ce qui se traduit par une baisse de 24 cents par rapport à la clôture du 5 juin. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance perdait 35 cents tout en se négociant à 58,78 dollars. Le calvaire n'est apparemment pas fini. Le marché pétrolier qui a vécu la semaine passée au rythme des échos qui lui parvenaient de Vienne, en Autriche, où l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a tenu, le 5 juin, son dernier sommet de l'année tend maintenant une oreille aux négociations entre la République islamique d'Iran et les grandes puissances au sujet de son très controversé programme nucléaire. Les conclusions d'un accord doivent tomber en principe au plus tard le 30 juin. Téhéran affiche d'ores et déjà un certain optimisme quant à une levée des drastiques sanctions internationales qui étouffent son économie. Quelles conséquences aura-t-elle sur le marché pétrolier? «Si les sanctions internationales contre l'Iran étaient levées, le pays pourrait produire un million de barils de pétrole par jour supplémentaires dans les six à sept mois qui suivent», avait indiqué le ministre iranien du Pétrole, lors du séminaire de l'Opep qui a eu lieu la semaine dernière. Les prix du pétrole qui ont continué donc à reculer, hier, après la décision de l'Opep, dictée par Riyadh, de maintenir son plafond de production risquent cette fois-ci de plonger sous une probable reprise de la production iranienne alors que les prix sont déjà plombés par une offre jugée surabondante. Une situation kafkaïenne pour le régime iranien qui milite pour un prix du baril élevé et une préoccupation supplémentaire pour les pays producteurs de l'organisation dont les économies dépendent essentiellement de leurs exportations d'hydrocarbures et des revenus qu'elles en tirent. «La plupart des membres de l'Opep pensent qu'un prix du baril à 75 dollars est équitable», a déclaré Bijan Namdar Zangeneh, ministre du Pétrole iranien à l'issue de la réunion du cartel qui s'est tenue il y a quatre jours dans la capitale autrichienne. Un objectif qui sera difficile à atteindre si l'Iran venait à mettre 1 million de barils par jour sur le marché. Ce qui ne dérangerait pas son ennemi héréditaire, l'Arabie saoudite, qui tire les ficelles mais qui verrait par contre d'un mauvais oeil une levée des sanctions contre Téhéran. N'a-t-elle pas déjà annoncé qu'elle pourrait se satisfaire d'un baril à bas prix? Le chef de file de l'Opep avait juré sur tous les saints qu'il ne baisserait pas son offre, quitte à ce que le baril atteigne les 20 dollars. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou à 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait déclaré le 22 décembre 2014 le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, au Middle East Economic Survey (Mees), une revue spécialisée qui fait autorité dans le monde sur les questions du gaz et du pétrole. Une situation qui pousse le baril à la déprime tout en tentant d'échapper au coup de grâce.