Les cours du pétrole étaient mitigés mardi en Asie avant l'annonce attendue d'une nouvelle hausse des réserves de brut américaines à des niveaux record. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril perdait huit cents, à 43,80 dollars vers 04H00 GMT, à son plus bas niveau depuis mars 2009. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont c'était le premier jour de cotation à cette échéance, s'appréciait de 27 cents, à 54,21 dollars. Malgré un fort rebond en février (+20%), les cours, qui ont chuté de près de 60% entre juin et janvier, restent plombés par les mêmes facteurs baissiers: une demande morose et un excès d'offre estimé à 1-1,5 million de barils par jour. Le refus des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de réduire leur production pour soutenir les prix se conjugue à la hausse continue de la production américaine. Les stocks d'or noir aux Etats-Unis, à leur plus haut depuis plus de trois décennies, devraient encore avoir gonflé de 3,3 millions de barils, à 452,2 millions, la semaine dernière, selon une enquête de l'agence Bloomberg avant la publication mercredi des chiffres hebdomadaires par le département américain de l'Energie (DoE). Et le marché pourrait voir affluer le brut iranien, à hauteur d'un million de barils par jour, si les sanctions économiques le visant étaient levées, selon le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh. Cinquième producteur de l'Opep, l'Iran négocie avec les grandes puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France, et Allemagne) pour sceller un règlement qui garantirait que le pays ne possèdera jamais la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions. L'Opep, qui extrait 40% de la production mondiale, a pompé en février 30,022 millions de barils par jour, soit 138.000 bpj de moins qu'en janvier, en raison d'une météo défavorable. Une correction marginale qui n'est pas de nature à peser sur les cours dont certains analystes craignent qu'ils ne tombent sous les 40 USD s'ils échouaient à se stabiliser prochainement. Lundi, le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril a perdu 96 cents à 43,88 dollars en clôture sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), son niveau le plus bas en six ans. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, dont c'était le dernier jour de cotation, a pour sa part fini à 53,44 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,23 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Le Brent est tombé durant les échanges asiatiques à son plus bas niveau depuis début février, à 53,33 dollars le baril. En journée, les cours de la référence américaine du brut sont tombés quant à eux en séance à un nouveau plus bas en six ans à 42,85 dollars le baril. En l'absence de remise en route rapide des raffineries après les opérations de maintenance saisonnière, "les stocks de brut s'accumulent", et les cours souffrent, a expliqué Carl Larry, chez Frost & Sullivan. Du coup, les investisseurs ont effacé les gains engrangés en février, comme les y a d'ailleurs invités l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Les prix ont augmenté de quelque 20% en février alors même que le marché reste marqué par un excédent d'offre approchant un million de barils par jour (mbj), a rappelé le cartel dans son rapport mensuel publié lundi - c'est un mouvement qui "défie les fondamentaux", a-t-il mis en garde. Sous le coup de cet avertissement, le marché n'a pas pu se rasséréner avec le recul du dollar - dû il est vrai à des indicateurs médiocres qui ont suscité de nouveaux doutes sur la vigueur de la reprise américaine. Pour de nombreux analystes, le marché demeure plombé par les mêmes facteurs baissiers qui ont fait dégringoler les cours du pétrole de 60% entre juin 2014 et janvier: une demande morose et une offre surabondante. Vendredi l'Agence internationale de l'énergie (AIE) avait évoqué la production croissante des Etats-Unis, permise par une exploitation au-delà de toutes les attentes des puits en activité, dont le nombre continue pourtant à baisser. "Les prix pourraient encore baisser", tant que les raffineries ne seront pas remises en service, a prévenu M. Larry, et malheureusement le processus s'éternise, a-t-il déploré. En outre, les pourparlers sur le nucléaire iranien continuent d'être suivis de près par le marché: "la perception qu'un allègement des sanctions pourrait mettre plus de pétrole sur le marché pourrait faciliter une nouvelle baisse des prix", relevaient les analystes de Barclays. Pour autant ils appelaient à la prudence car, même en cas d'accord, "les sanctions ne seront pas levées d'un coup" - sans compter que l'issue des pourparlers est incertaine. Face à l'importance des facteurs de baisse, l'affaiblissement du dollar lundi n'a pas convaincu les acheteurs munis d'autres devises d'acheter de l'or noir. Le billet vert reste tout de même élevé à 1,0585 dollar pour un euro, et il est tributaire d'incertitudes avant la réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale mardi et mercredi. Farida B.